« J’ai une grande voix dans la communauté en ce moment. J’ai l’impression que les jeunes m’écoutent. »

Du haut de ses 20 ans, Bennedict Mathurin est bien au fait de l’impact qu’il a déjà sur les jeunes athlètes. Et il entend bien utiliser sa voix, son influence et sa tribune à bon escient.

« J’ai toujours voulu être [un modèle] en grandissant. Mes amis riaient de moi parce que je les appelais toujours mes petits frères. J’étais leur grand frère. […] J’ai toujours voulu montrer un bon exemple aux gens qui sont autour de moi et ç’a vraiment créé la personne que je suis devenue aujourd’hui. »

Mathurin a prononcé ces paroles lundi après-midi, alors qu’il rencontrait les médias virtuellement dans le cadre de la campagne contre la cigarette électronique – aussi appelée vapoteuse – menée de concert par le Réseau du sport étudiant du Québec (RSEQ) et le Conseil québécois sur le tabac et la santé (CQTS).

Le basketteur des Pacers de l’Indiana, jeune étoile montante de la NBA, a accepté sans hésitation de prêter son visage et sa voix au projet, qui s’adresse aux jeunes élèves-athlètes de la province.

« C’était un no-brainer pour moi de faire ça, a-t-il lancé. J’étais partant dès le début. »

Intitulée Vapoter, c’est pas ta game, la campagne vise à sensibiliser les jeunes aux risques et méfaits du vapotage, un fléau au Québec. « Certains jeunes athlètes voient le vapotage comme une solution pour gérer leur anxiété et se retrouvent rapidement aux prises avec la dépendance », explique Annie Papageorgiou, directrice générale du CQTS.

Mathurin, lui-même un ancien élève-athlète du RSEQ, a vu en cette campagne l’occasion de montrer aux jeunes « à quel point c’est important de rester concentré sur les choses importantes ».

« Pour être franc, j’ai certains amis qui utilisent la vape, malheureusement, a-t-il admis. Je veux vraiment les influencer à arrêter. C’est quelque chose que je n’ai jamais fait dans ma vie. »

Même quand les choses ne vont pas très bien dans ma vie, je trouve autre chose à faire. Je fais de la méditation, j’écoute de la musique. J’essaie de trouver d’autres aspects qui peuvent les influencer à arrêter le vapotage.

Bennedict Mathurin

Le Montréalais achève sa première saison dans la meilleure ligue au monde. Il reçoit chaque semaine des centaines de messages sur Instagram ; des messages de jeunes, oui, mais aussi de parents qui lui font part de son influence sur leurs enfants.

« [Ils] me disent que leurs enfants sont motivés d’aller à l’école le matin et à faire du sport. Ce sont des choses que j’aime bien entendre. C’est quelque chose qui me motive aussi, d’être une motivation pour les jeunes au Québec, d’influencer la communauté. »

Faire passer le message « différemment »

Lors des deux premières éditions de la campagne Vapoter, c’est pas ta game, des athlètes comme Nick Suzuki, Félix Auger-Aliassime, Samuel Piette et Kim Clavel ont fait partie des porte-paroles. Cette année, le RSEQ et le CQTS ont opté pour l’un des sportifs québécois les plus en vue sur la scène internationale.

Selon les dires de Stéphane Boudreau, directeur général adjoint du RSEQ, le message « passe très différemment » quand il vient d’athlètes comme Mathurin.

« C’est très difficile de dire à un jeune de 13, 14, 15 ans que [le vapotage] aura des conséquences sur sa santé quand il sera plus vieux. Mais quand ça vient d’un athlète de la trempe de Bennedict, ils sont beaucoup plus réceptifs. »

Le message passe mieux. Il parle le même langage qu’eux.

Stéphane Boudreau, directeur général adjoint du RSEQ

« C’est un modèle, ajoute Annie Papageorgiou. C’est un jeune qui est passé à travers les programmes du RSEQ au Québec. C’est un champion et il a une vie saine. Il sait l’impact de la qualité de sa vie saine sur son sport. Il dit qu’il a des amis qui vapotent, il comprend ce que ça veut dire pour eux, cette dépendance. On ne pouvait pas choisir un meilleur porte-parole. »

La proportion de jeunes qui vapotent est passée de 4 % en 2013 à 21 % en 2019, rapporte le CQTS. Selon l’Enquête québécoise sur le tabac et les produits de vapotage menée entre juillet et novembre 2020, 18 % des jeunes de 15 à 17 ans vapotent, et 72 % de ceux-ci se font donner leurs produits par leurs amis.

Mathurin doit rendre visite aux jeunes d’une école secondaire au début du mois de juin afin d’échanger avec eux sur le sujet. « Je veux motiver les jeunes à rester loin du tabac et du vapotage, a dit Mathurin. […] C’est vraiment une chose que je veux faire dans le futur. »

Une saison « exceptionnelle »

Il ne reste que trois matchs à la première saison en carrière de Bennedict Mathurin dans la NBA. « C’est fou comme les 82 matchs ont passé vite », a lancé le principal intéressé, lundi. En 75 rencontres – il en a raté quelques-uns en raison d’une blessure –, le Québécois a maintenu une moyenne de 16,6 points, 4 rebonds et 1,4 passe décisive par match. Il est rapidement devenu un des principaux ingrédients de l’offensive des Pacers de l’Indiana, une jeune équipe. « On n’a pas vraiment eu les résultats qu’on voulait, mais ç’a été une saison exceptionnelle. On a eu beaucoup de hauts et de bas en tant qu’équipe, mais aussi moi personnellement. Je crois vraiment qu’on a fait beaucoup de progrès. […] Ce sera un gros été pour moi. J’ai goûté à la NBA, mais je vais pouvoir m’améliorer aussi. »

Katherine Harvey-Pinard, La Presse