(Manille) « Méchant » pointé du doigt la saison écoulée en NBA, Dillon Brooks, défenseur hargneux et fort en gueule, renaît de ses cendres au Mondial de basketball avec le Canada, dont il est l’un des joueurs-clés.

Mercredi, le trapu et tressé ailier a attendu gants de boxe aux poings ses équipiers dans les couloirs de la Mall of Asia Arena après la victoire contre la Slovénie (100-89), synonyme pour le Canada de première demi-finale de Coupe du monde de son histoire (vendredi face à la Serbie à Manille).

Parce qu’il avait été exclu au milieu du troisième quart-temps après une deuxième faute technique, et aussi probablement parce que l’ancien joueur des Memphis Grizzlies aime cultiver son image de « bad boy ».

Il l’avait dénoncée au printemps, après avoir écopé, lors du match N.3 du premier tour des séries éliminatoires contre les Lakers, de sa troisième exclusion de la saison, pour avoir frappé « King » James à l’aine.

« Les médias ont fait de moi un méchant, les fans ont fait de moi un méchant et cela a créé une tout autre image de moi », avait-il jugé, démentant avoir eu « l’intention de frapper LeBron James dans les c… ».

« Je joue au basket. Je suis un joueur de basket », avait-il clamé.

Brooks (1,98 m, 27 ans) avait également, avant le match N.2, raillé l’âge de LeBron James (38 ans) le qualifiant de « vieux » qui n’avait plus le « même niveau » qu’avant.

L’une de ses dernières prises de paroles avec le maillot de Memphis, qui lui a ensuite indiqué la sortie-direction Houston.

Le « respect » de Doncic

Adepte du « trashtalk », Brooks n’a cessé de mordre les mollets et susurrer des mots doux à Luka Doncic jeudi en quarts, nourrissant la frustration de la vedette de la NBA et de la Slovénie, au final exclue quelques minutes après lui, également pour une deuxième faute technique.

« Beaucoup de personnes n’aiment pas Dillon Brooks, mais je le respecte pour ce qu’il fait. Et il le fait très bien », a ensuite affirmé Doncic.

Hué par le public philippin dès la présentation des équipes, Brooks lui a en retour adressé des baisers ironiques à au moins deux reprises, après des tirs primés réussis.

Après ce match, son sélectionneur, Jordi Fernandez, a loué la qualité de sa « défense clinique, poitrine et mains en avant en pressant tout-terrain ».

« Si vous n’êtes pas de cet avis, vous n’aimez pas le basket », a ajouté l’Espagnol, regrettant cependant son exclusion : « Il doit faire mieux. Nous avons besoin de lui sur le parquet. Il n’a pas le droit de se faire exclure. Nous devons, collectivement, faire preuve de davantage de sang-froid. »

Le Canada ne peut pas en effet se priver de Brooks, bien plus qu’un défenseur en sélection : il marque depuis le début du Mondial en moyenne 11 points par rencontre, avec 55 % de réussite de loin (plus 2,7 rebonds et 2,5 passes décisives).

Et il a été décisif (22 points dont 3/3 à 3 points, 5 rebonds) lors du match à quitte ou double face à l’Espagne (88-85).

Après cette qualification en quarts, il s’était livré sur sa renaissance sous le maillot du Canada, après son « année compliquée avec (son) ancienne équipe » de Memphis : « C’est génial de pouvoir se ressourcer avec le sang canadien. Des gars qui croient en moi, qui me font confiance. »

Il tentera avec eux, vendredi, de rallier la finale du Mondial.