(Manille) Plus tôt durant le tournoi, Dillon Brooks a été la cible de huées. Dimanche, ces sons dérisoires s’étaient transformés en chants réclamant sa sélection à titre de joueur le plus utile. Et il a remercié ses dénigreurs après une étincelante prestation.

Mené par une spectaculaire performance de Brooks, le Canada a défait les États-Unis 127-118 en prolongation lors du match pour la médaille de bronze à la Coupe du monde de basket-ball, dimanche à Manille.

C’est la première fois que la formation masculine du Canada récolte une médaille à cette compétition. Il s’agit aussi d’une première médaille en basket-ball masculin pour le Canada en Coupe du monde ou aux Jeux olympiques depuis 1936 lorsque le pays avait mérité l’argent aux Jeux de Berlin.

Le Canada a réalisé l’exploit grâce au rendement de Brooks et de Shai Gilgeous-Alexander, qui ont amassé 39 et 31 points, respectivement. Brooks a notamment converti sept tirs de la zone de trois points, en huit tentatives.

PHOTO TED ALJIBE, AGENCE FRANCE-PRESSE

Les joueurs du Canada célèbrent après leur victoire face aux États-Unis.

Les 39 points de Brooks représentent un record pour le plus grand nombre de points par un Canadien lors d’un match de la Coupe du monde. Carl Ridd détenait l’ancienne marque de 37 points depuis 1954.

« Je suis juste heureux de porter ce maillot », a déclaré Brooks, un joueur originaire de Mississauga, lorsque questionné au sujet de sa performance et de la partie.

« J’ai manqué des matchs de qualification et des fenêtres, et je suis simplement content d’être ici avec mes coéquipiers […] et de représenter mon pays, pour les Canadiens là-bas. »

Jordi Fernandez, l’entraîneur-chef du Canada, n’a pas perdu de temps à chanter les louanges de de Brooks.

« Vraiment fier de Dillon. C’est ce à quoi ça ressemble lorsqu’ils laissent Dillon Brooks jouer. Et ce n’est pas uniquement en zone défensive. Avec Lu [le Montréalais Luguentz Dort], il est le meilleur joueur défensif en périphérie à la Coupe du monde », a affirmé Fernandez.

Brooks, un avant avec les Rockets de Houston dans la NBA, a d’ailleurs été élu joueur défensif par excellence du tournoi.

Quant à Gilgeous-Alexander, un garde avec le Thunder d’Oklahoma City, il a été nommé au sein de l’équipe d’étoiles grâce, entre autres, à des moyennes de 24,5 points, 6,4 rebonds et 6,4 aides par partie.

Les Canadiens ont réussi leur tour de force malgré une fin de quatrième quart qui aurait pu les dégonfler.

PHOTO MICHAEL CONROY, ASSOCIATED PRESS

Shai Gilgeous-Alexander (à gauche) et Dillon Brooks

Il restait 4,2 secondes à écouler à la période et le Canada menait 111-107 lorsque Mikal Bridges s’est vu offrir deux lancers francs pour les États-Unis.

Après avoir réussi le premier, il a raté volontairement le deuxième, dans l’espoir de provoquer un rebond offensif.

La stratégie a fonctionné. Bridges a lui-même récupéré le ballon libre, s’est dirigé vers le coin du court et a réussi son tir de trois points avec 0,6 seconde à écouler, portant la marque à 111-111.

Malgré le peu de temps qu’il restait au cadran, le Canada est venu tout près de l’emporter en temps réglementaire sur une tentative de trois points de Kelly Olynyk qui a frappé l’arrière du cerceau.

Toutefois, Gilgeous-Alexander a pris les choses en main lors de la prolongation. En moins de deux minutes de jeu, il a aidé le Canada à se bâtir une avance de 118-112 en marquant les sept points des siens durant cette séquence.

Les Canadiens, qui avaient laissé filer deux bonnes avances plus tôt dans le match, ont su protéger celle-ci.

Ce triomphe vient couronner un tournoi de qualité pour le Canada, qui n’avait jamais atteint le carré d’as à la Coupe du monde masculine.

La troupe de Jordi Fernandez a notamment vaincu l’Espagne, numéro un au monde, lors de la deuxième ronde. Ce triomphe assurait au Canada une place aux Jeux olympiques de 2024, à Paris.

« Cette médaille a beaucoup d’importance pour les gars, le programme, le conseil d’administration, le pays, tout le monde, les entraîneurs », a déclaré Fernandez, un entraîneur-adjoint avec les Kings de Sacramento.

« Je pense qu’une réalisation comme celle-là, vous ne savez pas ce que c’est jusqu’à ce que vous l’accomplissiez. »

Anthony Edwards a récolté 24 points, un de plus que Austin Reaves pour la formation américaine, qui était privée de Jaren Jackson fils et des réservistes Brandon Ingram et Paolo Banchero pour cause de maladie.

Plus tard dimanche, l’Allemagne a récolté la première médaille d’or de son histoire en Coupe du monde grâce à une victoire de 83-77 sur la Serbie.

Vendredi, les Serbes avaient battu le Canada en demi-finale.

Début de match incisif

Contrairement à son duel de demi-finale, le Canada a amorcé le match avec aplomb et il lui a fallu moins de 25 secondes, gracieuseté de Brooks, pour inscrire les deux premiers points du match.

Moins d’une minute plus tard, Brooks et Dort ont ajouté des paniers de trois points et le Canada menait déjà par huit points.

Dort a conclu le match avec 11 points, dont huit lors de ce premier quart.

Le Canada a même détenu une priorité de 13 points avec un peu moins de deux minutes à jouer au premier quart.

Mais à partir de ce moment, les Américains ont commencé à gruger dans cette avance. Ils ont pris les devants pour la première fois, 38-36, quand Cameron Johnson a réussi un tir de la zone des trois points avec 7 : 46 à jouer à la deuxième période.

PHOTO JAM STA ROSA, AGENCE FRANCE-PRESSE

Walker Kessler et Shai Gilgeous-Alexander

Dès lors, les deux clubs se sont échangé l’avance cinq fois, mais le Canada a pu retraiter au vestiaire à la mi-temps avec une avance de 58-56, aidé par deux réussites consécutives de Brooks de la zone des trois points.

À la reprise, Brooks a repris là où il avait laissé.

Il a d’abord marqué les deux premiers points du troisième quart, avant de provoquer un revirement qui a contribué à un panier de deux points de Gilgeous-Alexander, tout ça à l’intérieur de la première minute de jeu de la période.

Gilgeous-Alexander s’est d’ailleurs avéré le leader du Canada lors d’un troisième quart productif à l’issue duquel la délégation canadienne menait 91-82.

Le Canada a haussé son avance à 94-84 tôt au quatrième quart lorsque Olynyk a complété une séquence de jeu de trois points à l’aide d’un lancer franc. Toutefois, deux minutes plus tard, les États-Unis ont égalé le score grâce à une poussée de 10 points sans riposte.

Tout était désormais prêt pour une fin de quatrième quart qui allait être fertile en rebondissements.