(San Antonio) Au cœur d’une saison collective morose, Victor Wembanyama monte en puissance ces dernières semaines et permet aux Spurs de San Antonio de retrouver des couleurs, avant de penser au succès à long terme.

Il y a bien longtemps que les supporters des Spurs ont remisé au placard leurs rêves de séries éliminatoires pour 2024, nés avec le repêchage en juin 2023 de Victor Wembanyama, le géant français (2,24 m) appelé à révolutionner le basketball et à dominer la NBA.

Toujours derniers de l’association de l’Ouest (10 victoires – 36 défaites) peu après la mi-saison, la jeune équipe texane a régulièrement proposé une bouillie de basketball, seulement rehaussée par les coups d’éclat de sa nouvelle vedette, entre dunks sauvages, contres aériens et dribles improbables.

En janvier, leur collectif a toutefois retrouvé des couleurs avec cinq victoires, dont deux consécutives contre Portland puis Minnesota – candidat au titre - vendredi et samedi.

Une embellie qui correspond à la montée en puissance de Wembanyama : bien que toujours limité en temps de jeu après une alerte à une cheville en fin d’année, le Français tourne en janvier à 24,4 points de moyenne, un rythme de cador.

PHOTO SCOTT WACHTER, ARCHIVES USA TODAY SPORTS

Victor Wembanyama

« On a ciblé certaines marges de progression, on est sur la bonne voie. On voit vraiment un peu plus de maturité je trouve, par rapport au début de saison, et on se trouve aussi mieux aussi collectivement. Donc le jeu est de meilleure qualité », estime « Wemby », qui souligne son travail « continu », notamment en salle de musculation.

« Moins d’erreurs »

Au Frost Bank Center, il est le chouchou d’admirateurs bruyants avec qui il loue une « symbiose », comme lors de son duel face au pivot de Minnesota Rudy Gobert samedi, disputé dans une salle bouillante.

« C’est toujours fun de jouer contre Victor, il a l’air de plus en plus à l’aise, à tous les niveaux, le jeu “ralentit” de plus en plus pour lui, il fait moins d’erreurs », a souligné Gobert après la rencontre auprès de quelques médias français.

Wembanyama peut même rêver du match des Étoiles (à Indianapolis, le 18 février), dont la sélection complète sera annoncée jeudi.

« Les entraîneurs récompensent souvent les équipes qui gagnent, les équipes en bas de tableau ont rarement des vedettes », prévient Gobert. « Mais je sais que Victor y sera énormément de fois dans sa carrière, je n’en ai aucun doute ».

Pour les titres, la franchise aux cinq bagues de championne (1999, 2003, 2005, 2007 et 2014) devra encore patienter, avec une vision à long terme assumée.

« On a été une équipe de séries éliminatoires pendant trois décennies, là on repart de zéro. Il nous faut avoir de la patience et prendre les bonnes décisions lors des repêchages », explique l’historique entraîneur Gregg Popovich, en place depuis 1996.

« Complémentaires »

Deux fois déjà les Spurs avaient pu compter sur un joueur N.1 du repêchage, David Robinson en 1987 puis Tim Duncan en 1997, mais tentent d’emprunter avec leur nouvelle vedette une voie inédite vers le sommet.

« Ils avaient immédiatement entouré Robinson de joueurs d’expérience, dont certaines vedettes, pour gagner très vite », rappelle à l’AFP Tom Orsborn, reporter historique du San Antonio Express-News. « Duncan était lui arrivé dans une équipe expérimentée et talentueuse. Avec “Wemby”, ils ont pris la décision, bonne ou mauvaise, de s’en tenir à l’effectif actuel, et de voir lesquels de ces jeunes joueurs sont complémentaires avec “Wemby”. Nous verrons peut-être des transferts la saison prochaine ».  

La montée en puissance de Victor Wembanyama, et ses vacances précoces prévues le 14 avril, faute de qualification en séries éliminatoires, sont aussi une promesse pour l’équipe de France et sa compétition d’une vie cet été aux Jeux olympiques de Paris (26 juillet – 11 août).

Le jeune Tricolore aux quatre sélections chez les A s’est entretenu jeudi dernier après l’entraînement avec le sélectionneur Vincent Collet, Boris Diaw et Ruddy Nelhomme. Les patrons des Bleus sont en tournée américaine jusqu’au 6 février (San Antonio, Charlotte, Detroit puis Philadelphie) pour garder le contact avec certains des 14 Français de la ligue nord-américaine, et préparer un été qu’ils espèrent terminer sur un podium.