La période de rodage laissait présager le pire. Huit défaites consécutives en matchs préparatoires allaient forcément démoraliser les troupes et gâcher la première partie officielle, non ?

Eh bien, non. Contre toute attente, le Canadien a réussi sa rentrée en battant les Maple Leafs de Toronto 4-3, grâce à une performance inspirée. Ce résultat était d’autant plus inattendu que le Tricolore alignait cinq recrues, dont quatre défenseurs, contre une des puissances offensives de la LNH. Retour sur cette victoire spectaculaire, en sept constats.

1. Cole Caufield est prêt

Le petit attaquant a des mains de chirurgien – et il opère. Meilleur compteur de l’équipe dans le calendrier présaison, Caufield a poursuivi sur sa lancée, mercredi, avec deux buts et cinq tirs. Toute la soirée, il a réussi à semer sa couverture. Il n’est pas resté campé dans sa maisonnette préférée, près du cercle des mises en jeu. Il s’est promené allègrement dans la zone adverse, et a été menaçant de partout. C’est très encourageant. La foule a souligné ses efforts en le couvrant d’amour lors de la remise des étoiles. Caufield a pris quelques secondes pour savourer le moment, avant de répondre « merci » en français. Un bon moment de communion.

2. Sean Monahan, chouchou du coach

Le premier match est l’occasion d’en apprendre un peu plus sur les préférences de l’entraîneur. Qui joue en supériorité numérique ? En infériorité numérique ? Qui prend les mises en jeu importantes ? Sean Monahan a obtenu toutes ces missions, face aux Leafs. Il a bien fait paraître Martin St-Louis. D’abord annoncé à l’aile, l’ancien des Flames a été délégué pour 15 mises en jeu, un sommet chez le Canadien. Attendez-vous à ce qu’il devienne le couteau suisse de St-Louis.

3. Kirby Dach au centre ? Pas certain

À l’opposé, Martin St-Louis a très peu employé Kirby Dach sur les mises en jeu. Seulement deux fois dans toute la rencontre. Il faut dire que le taux de réussite de Dach en carrière (34 %) n’inspire pas la confiance. Mercredi, le nouvel attaquant du Canadien a réalisé deux très beaux jeux : une bataille gagnée le long de la bande, qui a mené au but de Monahan, ainsi qu’un tourniquet qui a failli tromper Matt Murray. Sur d’autres présences, par contre, il était beaucoup moins impliqué. C’est un joueur énigmatique, qui représentera un défi intéressant pour Martin St-Louis.

4. Surprise en infériorité numérique !

Le Canadien en a arraché pendant le camp en infériorité numérique. On voyait bien que Martin St-Louis manquait de figures dans son jeu. L’entraîneur-chef du Canadien y est allé d’une combinaison surprenante, mercredi, en confiant des missions au joueur auquel on s’attendait le moins : Evgenii Dadonov. Pas particulièrement réputé pour ses replis défensifs, le Russe a disputé près de trois minutes en infériorité numérique. Soit quarante petites secondes de moins que dans ses 413 matchs précédents – réunis ! Le contre-emploi a été convaincant. Dadonov s’en est plutôt bien tiré. Ce fut plus difficile à forces égales, en fin de match, lorsqu’une de ses bourdes en territoire adverse a mené au troisième but des Maple Leafs.

5. Un rétroviseur pour Arber Xhekaj

La recrue du Tricolore démontre de belles aptitudes à lire le jeu devant lui, ce qui lui a permis de créer de l’attaque. Le problème ? Ce qui se passait derrière lui. Deux fois, un attaquant des Maple Leafs s’est faufilé derrière lui, pour partir en échappée. Aussi, lors d’un deux contre deux, Xhekaj s’est dirigé vers le joueur libre, déjà surveillé par un coéquipier, plutôt que vers Auston Matthews, qui s’amenait avec la rondelle, et qui a obtenu une belle occasion de marquer. C’est le métier qui rentre, tout simplement.

6. Kaiden Guhle résiste avec brio

Kaiden Guhle a généré peu d’attaque. Voire pas du tout. Le jeune défenseur a même passé presque toute la partie dans son territoire. Sauf que son jeu calme et assuré a permis au Canadien de s’extirper de situations difficiles, après de longues possessions de rondelle des Maple Leafs. En connaissez-vous beaucoup des joueurs qui mènent leur équipe pour le temps de jeu (22 minutes) à leur toute première rencontre dans la LNH ? Moi non plus.

7. Patience avec Juraj Slafkovsky

Un petit mot en terminant sur Juraj Slafkovsky qui, comme Xhekaj et Guhle, disputait lui aussi son premier match en carrière. Le Slovaque a peu joué. À peine 10 minutes. C’était moins un désaveu qu’un concours de circonstances. Martin St-Louis nous avait déjà prévenus, plus tôt cette semaine, que Slafkovsky allait jouer en supériorité numérique cette saison. Juste pas maintenant. Évidemment, il est exclu, pour le moment, de l’envoyer à court d’un homme. Or, comme il y a eu plusieurs pénalités mineures de chaque côté, l’espoir de 18 ans a dû se contenter de réchauffer le banc pendant de longs moments. Les rares fois où il a eu la rondelle, on l’a remarqué. Il a notamment soutiré une pénalité aux Leafs lors d’une montée. Un petit gain pour lui, dans une victoire d’équipe bien méritée.