Avez-vous déjà attendu un vol d’avion lors d’une tempête de neige ? C’est. Le. Foutoir. Est-ce qu’on va partir ? À quelle heure ? De quelle porte ? Et ma correspondance, monsieur, avez-vous pensé à ma correspondance ?

Tant de questions, si peu de réponses.

Ça résume l’ambiance autour du lancement de la nouvelle ligue féminine de hockey, la PWHL. Joueuses, journalistes, amateurs, tout le monde veut connaître les détails. On connaît les destinations finales – Montréal, Ottawa, Toronto, Boston, le Minnesota et la région de New York. Mais pour le reste, on est encore dans le brouillard.

Les noms des équipes ? On ne sait pas.

Leurs arénas ? On ne sait pas.

La date du match d’ouverture ? On ne sait pas.

Qui diffusera les parties ? On ne sait pas.

La ligue a un nom, mais pas de logo. Son site web, sur lequel une grosse rondelle tourne sur elle-même, semble figé en 1997. Et à trois jours du marché des joueuses autonomes, les directeurs généraux ne sont toujours pas nommés. « On espère pouvoir le faire [d’ici vendredi] », a indiqué la vice-présidente des opérations hockey de la ligue, Jayna Hefford.

PHOTO NATHAN DENETTE, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Jayna Hefford

Et pourtant, vous savez quoi ?

Malgré ces turbulences « difficiles » et « qui prennent du temps », dixit l’administrateur Stan Kasten, j’ai confiance en ce projet. Car la PWHL regroupe les bonnes personnes, au meilleur moment possible.

La famille propriétaire des six clubs est riche. Très riche. Mark Walter est déjà copropriétaire des Dodgers de Los Angeles, du club de soccer anglais Chelsea et de l’équipe féminine de basketball de Los Angeles. Il est aussi président et chef de la direction du fonds d’investissement Guggenheim, qui gère des actifs de 300 milliards US. Prendre des risques, c’est son quotidien.

Les frais d’exploitation seront raisonnables. Ici, pas d’équipe en Chine, comme dans la défunte Ligue canadienne. Ni même dans l’Ouest canadien ou en Californie. Tous les clubs sont à moins de sept heures de route de Montréal, sauf celui du Minnesota. La première saison, les clubs disputeront seulement 24 parties. Donc chaque équipe vendra un maximum de 12 parties dans son marché. Maximum, car dans les faits, il pourrait y en avoir un peu moins. La ligue souhaite présenter quelques parties dans d’autres villes.

C’est aussi un bon moment pour investir dans le hockey féminin. Nous ne sommes plus en 1990. Ni en 2010. Le sport féminin est un secteur en pleine croissance.

Prenez le soccer. La dernière Coupe du monde fut un succès d’audience dans plusieurs grands pays. Le match de premier tour entre les Néerlandaises et les Américaines fut l’émission la plus regardée cette semaine-là aux États-Unis. Pas juste dans le sport. Dans tout.

En Europe, les grands clubs masculins investissent massivement dans leur programme féminin. Les joueuses de la Premier League gagnent en moyenne 80 000 $ CAN. Certaines, près d’un demi-million. Aux États-Unis, le plafond salarial de chaque club est rendu à 1,37 million. Bien sûr, ce sont des miettes à côté des salaires des hommes. Sauf qu’au moins, plus d’athlètes gagnent maintenant leur vie grâce à leur sport.

D’autres exemples ?

Au basketball, les revenus de la WNBA viennent de doubler en seulement quatre ans, pour atteindre près de 200 millions US. Et au cricket, cinq clubs féminins viennent d’être vendus en Inde pour un total de 570 millions US !

« Nous sommes conscients de la croissance actuelle du sport féminin et de la valeur des propriétés sportives », a expliqué Stan Kasten, qui est aussi président des Dodgers des Los Angeles. « C’est pourquoi nous avons pensé que le moment était particulièrement bien choisi pour nous impliquer dans une industrie très ouverte. Nous avons pu embaucher les meilleures joueuses au monde, et les convaincre de signer une convention collective qui assurera une stabilité pour les deux parties, dans un environnement – le sport féminin – qui monte en flèche. Nous jugeons que c’est un investissement intelligent pour nous. »

Il restera ensuite à convaincre les amateurs.

Ces dernières heures, j’ai lu des dizaines de commentaires d’hommes qui promettent fièrement de ne pas regarder la PWHL. Parce qu’il n’y aura pas de mises en échec. Parce qu’il n’y aura pas de bagarres. Parce que les joueuses se feraient battre par des gars de 17 ans.

Comment vous dire ?

C’est vrai, les femmes n’ont pas la même morphologie que les hommes. C’est pourquoi les hockeyeuses n’évoluent pas dans les mêmes ligues que les hockeyeurs. Après, le hockey n’est pas le seul sport dans lequel les athlètes sont séparés en raison de leurs caractéristiques physiques.

Pensez à la boxe. Non, les poids légers ne se battent pas contre les poids lourds. Pour une bonne raison : ils en mangeraient toute une. Ça n’a jamais empêché les amateurs de boxe d’avoir en haute estime Floyd Mayweather ou Manny Pacquiao. Au tennis, en simple, les femmes jouent entre elles, plutôt que contre les hommes. Pensez-vous que les Américains boudaient Serena Williams pour ça ? Son dernier match aux Internationaux des États-Unis, l’été dernier, a atteint une pointe de 6,9 millions de téléspectateurs. C’est un record absolu pour un match de tennis aux États-Unis.

La PWHL regroupera les meilleures joueuses au monde. Des femmes que j’ai eu la chance de voir souvent, autant aux Jeux olympiques qu’ici. Croyez-moi, le problème avec le hockey féminin, ce n’est pas le calibre.

Ce sont les préjugés.

Les dates importantes

  • 1er septembre : ouverture du marché des joueuses autonomes (3 par équipe)
  • 18 septembre : repêchage (15 choix par équipe)
  • Octobre : dévoilement du calendrier
  • Semaine du 13 novembre : ouverture des camps d’entraînement
  • Janvier : début de la saison