(Mexico) Ferrari, McLaren ou encore Mercedes ont fustigé les sanctions jugées trop faibles de la fédération internationale de l’automobile (FIA) contre Red Bull, seule écurie de Formule 1 à avoir dépassé le plafond budgétaire en 2021.

Pour avoir dépassé de 1,6 % le plafond, entré en vigueur en 2021 et fixé alors à 145 millions de dollars, Red Bull s’en est tiré avec une amende de sept millions de dollars et une réduction de 10 % du temps de développement de sa monoplace en soufflerie pendant un an… Trop peu pour ses adversaires.

Après avoir évoqué une « tricherie » il y a quelques jours, le PDG de McLaren, l’Américain Zak Brown, a réagi après l’annonce de la sanction vendredi : « si l’on veut que la FIA soit la plus efficace possible et que ses sanctions servent de leçon lorsque les règles sont enfreintes, les sanctions doivent être beaucoup plus fortes à l’avenir. »

Si le patron de l’équipe Red Bull, Christian Horner, a qualifié l’amende d’« énorme » et la pénalité sportive de « draconienne », estimant que cela représente une perte de « 0,25 à 0,5 seconde de temps au tour », c’est un tout autre son de cloche qui tinte partout ailleurs dans le paddock réuni à Mexico, pour le grand prix du Mexique qui aura lieu dimanche.

Ferrari « pas satisfait »

Andreas Seidl, directeur de l’équipe McLaren, a préféré ne pas écouter les justifications d’Horner, « probablement une nouvelle fable ».

« Du côté positif, c’est bien de voir que la FIA a fait du bon travail d’audit », a-t-il déclaré au micro de Sky Sports. « Neuf équipes ont bien fait les choses et il était clair qu’une équipe était en infraction, donc (avoir une sanction est) positif ».  

« Mais côté négatif, il est également clair que la pénalité ne correspond pas à l’infraction », a déclaré le dirigeant allemand, qui « espère simplement qu’à l’avenir, il y aura des sanctions plus strictes ».

Chez Ferrari non plus, on n’est « pas satisfait » de la pénalité, a expliqué samedi Laurent Mekies, directeur sportif de la Scuderia.

« La pénalité est ce qu’elle est, mais nous pensons qu’elle est faible », a continué le Français, estimant que cela « ne compense pas les dépenses excessives » de Red Bull.  

Red Bull devra compter pendant douze mois sur un temps réduit de soufflerie, crucial pour le développement des monoplaces. Ce temps étant d’ailleurs inversement proportionnel au classement des écuries, Red Bull, championne du monde 2022, devait déjà bénéficier du temps le plus réduit.

Ainsi Red Bull n’aura droit qu’à 63 % du temps référence, alors que, si le classement reste celui d’aujourd’hui, Ferrari, 2e du championnat, pourra compter sur 75 % et Mercedes, 3e, 80 %.

Est-ce une sanction suffisante ? « Certains diront oui, d’autres non », a éludé auprès de l’AFP le PDG de la F1 Stefano Domenicali, selon qui « la décision est de la responsabilité de la FIA ».

Pour l’Italien, l’introduction du « cost cap » (plafond budgétaire) a été « une étape très importante pour la crédibilité » de la F1 et « on doit désormais regarder ce qui peut être fait pour améliorer le système ».  

Image écornée

Pour améliorer les sanctions, Laurent Mekies pointe en tout cas un autre aspect : « il n’y aura pas de réduction du plafond budgétaire (pour Red Bull) ».

Le dirigeant de Ferrari estime qu’avec l’argent économisé par Red Bull en raison du temps réduit en soufflerie, l’écurie « sera libre de dépenser l’argent ailleurs, comme sur les suspensions, etc. ».

D’un point de vue technique, le directeur de l’ingénierie de Mercedes, Andrew Shovlin, a réfuté samedi la perte estimée par Horner : « J’aurais plutôt dit un dixième, voire deux dixièmes au maximum, pour être réaliste ».  

Vendredi, son patron Toto Wolff avait également commenté la sanction : « comme pour toute pénalité, selon nous c’est trop faible, et selon eux c’est trop fort ».

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Le directeur de l’écurie Mercedes, Toto Wolff

« Je pense qu’au final les sanctions sont dissuasives — la sanction sportive, et dans une moindre mesure, l’amende. Mais l’atteinte actuelle à leur réputation est probablement le plus important », a soulevé l’Autrichien.

Pour le Français Frédéric Vasseur, directeur d’Alfa Roméo, le plus préjudiciable pour Red Bull est également la perte de crédibilité en termes d’image.  

En acceptant l’accord de résolution proposé par la FIA, Red Bull « a avoué avoir dépassé le budget, ce qui n’est pas bon en termes d’image, pour les sponsors ».