Coiffé de sa casquette à visière plate et vêtu de son polo Red Bull, sac à dos sur les épaules, Max Verstappen entre dans un paddock comme un écolier arrive en classe. Tout en sobriété, le double champion du monde n’a qu’une chose en tête : gagner. C’est ce qu’il fait encore aisément cette année.

À pareille date l’année dernière, on parlait d’un début de saison signé Verstappen. Environ 365 jours plus tard, le portrait est le même. Le pilote néerlandais arrivera à Montréal avec, dans son sac à dos, cinq triomphes en sept Grands Prix.

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Le podium du Grand Prix d’Espagne, le 4 juin dernier : Max Verstappen (1), au centre, Lewis Hamilton (2), à gauche, et George Russell (3), à droite

Il y a deux semaines encore, en Espagne, l’athlète de 25 ans réussissait un Grand Chelem pour décrocher sa 40e victoire en carrière et poursuivre sa domination quasi totale et absolue. Pour tout dire, à ses 26 dernières courses, Verstappen n’a terminé que quatre fois plus loin que la deuxième place. Son talent, jumelé à la puissance de la RB19, fait de lui le meilleur pilote sur la grille.

On pourrait passer des heures à parler des faits d’armes du pilote Red Bull, mais penchons-nous également sur sa personnalité singulière, qui contraste avec celle de Lewis Hamilton, lequel régnait sur la grille il n’y a pas si longtemps.

Comme c’est souvent le cas en F1 et dans le sport en général, les opinions sont partagées au sujet de Verstappen, qui a signé son premier contrat à 16 ans et qui a fait son arrivée sur le circuit à 17 ans. Au fil des années, les amateurs ont appris à découvrir un athlète confiant, méticuleux, parfois impulsif, souvent sévère, tant avec lui-même qu’avec son équipe.

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Au fil des années, les amateurs ont appris à découvrir en Max Verstappen un athlète confiant, méticuleux, parfois impulsif, souvent sévère, tant avec lui-même qu’avec son équipe.

En rappel, une phrase prononcée par un Verstappen de 17 ans, dans une entrevue commune avec l’ex-patron de la Formule 1 Bernie Ecclestone, publiée sur le site internet de la F1 en 2015 :

« Je dis à mes ingénieurs qu’ils ne doivent pas me surcharger d’informations. Nous obtenons beaucoup trop d’informations dans le cockpit. Parfois, j’éteins l’affichage de ma voiture ! Je veux me fier à mon instinct. N’est-ce pas ce qui a créé de grands pilotes de course ? »

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Max Verstappen

« Professionnel »

Sandrine Garneau, directrice des communications et du marketing du Grand Prix du Canada depuis 2014, est une des rares personnes au Québec à croiser les équipes et leurs pilotes et à échanger avec eux dans le cadre de son travail. Au bout du fil, elle nous raconte sa première rencontre avec Max Verstappen, en 2015.

Deux semaines plus tôt, à Monaco, celui qui était alors le plus jeune pilote de l’histoire de la F1 avait eu un accident en piste. « Je me souviens qu’on le regardait parce que c’était la nouvelle coqueluche. Il s’en venait à Montréal pour la première fois. […] On avait un peu retenu notre souffle. »

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Max Verstappen lors du défilé des pilotes à sa première présence à Montréal en 2015.

Heureusement, Verstappen s’est présenté au Canada prêt pour la course. Mme Garneau se souvient d’un jeune homme déjà sérieux, « là pour faire son travail ».

« Il était super poli, super gentil, mais je n’étais pas son amie, raconte-t-elle. Il était quand même très professionnel dans son approche. C’est le mot que j’utiliserais. »

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Max Verstappen et Christian Horner sur le tapis rouge de l’évènement Le Grand Soir en 2018

La relationniste se remémore une anecdote de 2018, lors de l’évènement Le Grand Soir, organisé au Quai Alexandra. Max Verstappen s’y est présenté avec le patron de Red Bull, Christian Horner.

« C’était un [virage à] 180 [degrés] complet. Il était drôle. Il est arrivé en t-shirt et en shorts. Il était là pour avoir du plaisir. Il faisait des blagues. C’était un petit gars ! Il était là pour avoir du fun. Après ça, il est arrivé sur le tapis rouge et il était super professionnel. »

Si Verstappen a toujours été sérieux et concentré sur son travail, il a acquis au fil des années une maturité certaine. Il s’est adouci, même s’il demeure hautement critique. Il est aussi plus à l’aise devant les caméras et les médias.

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Max Verstappen

« Je pense qu’il a acquis de la maturité médiatique, dit Sandrine Garneau. Avant, il se collait aux lignes de presse, à ce qui était dicté. Là, il est rendu champion du monde, il a acquis de l’expérience et de la maturité. Il dit : “voici qui je suis.” »

« Je l’aime bien, Max. […] Avec lui, what you see is what you get [ce que tu vois, c’est ce que tu obtiens]. »