La plus belle histoire du week-end n’aura duré que quelques heures.

Détenteur d’une deuxième position inattendue au terme des qualifications, l’Allemand Nico Hülkenberg, de Haas, s’est vu imposer une pénalité de trois places sur la grille de départ, dont il s’élancera finalement cinquième.

Grand favori, Max Verstappen, chez Red Bull, avait décroché la première place en vue du Grand Prix du Canada qui aura lieu ce dimanche. Celui qui était auparavant troisième, Fernando Alonso, d’Aston Martin, grimpe d’un échelon, et Lewis Hamilton, de Mercedes, rejoint le top 3.

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Nico Hülkenberg au volant de sa Haas lors de la séance de qualifications du Grand Prix du Canada

Hülkenberg, 35 ans, avait causé la surprise en rendant le deuxième temps de l’ultime séance de qualifications. L’Allemand, dont ce sera la 192e course en carrière, n’est encore jamais monté sur un podium. Depuis toujours, il a évolué pour des écuries de deuxième catégorie. Le récit s’écrivait tout seul.

Avant que l’on prenne connaissance de la nature de la sanction qu’il a reçue, il avait célébré sobrement son exploit, saluant la communication avec son équipe qui, croyait-il, lui avait permis de rester maître de la situation. « On a fait de bons tours et on est récompensés avec un bon résultat », avait-il résumé.

Sachant trop bien que sa Haas n’avait pas ce qu’il faut pour garder longtemps cette deuxième place ce dimanche contre les équipes de pointe, il s’était fixé comme objectif de terminer « quelque part entre P1 et P10 ».

Cette réalisation est encore possible, mais elle sera plus ardue. En soirée, plus de trois heures après que les voitures eurent fini de tourner sur le circuit Gilles-Villeneuve, les commissaires de course ont publié une décision dans laquelle on apprenait que Hülkenberg avait commis une infraction alors qu’un drapeau rouge était levé.

Il a en fait été reconnu coupable d’avoir roulé trop vite. Dans sa décision, la FIA précise que la pénalité habituelle pour ne pas avoir ralenti sous un drapeau rouge est de 10 places, mais qu’en raison de circonstances atténuantes, la peine était réduite à 3 places. Un point de classement lui a aussi été retiré.

Dans un communiqué, le pilote a avoué sa déception de perdre sa place en première rangée de la grille. « Nous devons faire face aux conséquences, a-t-il écrit. Je pense toutefois que ça ne changera pas grand-chose à la course. Notre approche sera la même et il n’y aura pas d’impact sur le dénouement ou le résultat. Nous allons nous préparer comme à l’habitude. »

Extrême

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Nico Hülkenberg, Max Verstappen et Fernando Alonso, qui partiront respectivement en cinquième, première et deuxième position lors de la course du Grand Prix du Canada dimanche

Max Verstappen a dompté le mauvais temps pour décrocher le meilleur chrono de la journée. Il s’élancera donc du premier rang, et ce, pour la deuxième année de suite à Montréal.

Sur une piste trempée, il a su conserver la maîtrise de son bolide et s’est forgé une avance de plus d’une seconde sur Hülkenberg.

Avec les averses qui cessaient et recommençaient, parfois puissamment, les écuries ont peiné à optimiser leur choix de pneus. L’ultime séance a finalement été écourtée lorsque tout le monde est rentré aux puits pour y rester plutôt que d’installer les pneus de pluie.

Verstappen, meneur du classement des pilotes cette saison, s’est dit satisfait du comportement de sa monoplace. Lui aussi a vanté la communication avec son équipe, essentielle dans ces conditions.

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Max Verstappen, pilote de l’écurie Red Bull, a obtenu la position de tête au terme de la séance de qualifications.

Il n’y a pas de recette miracle pour du succès sous la pluie, a-t-il noté, sinon de « garder confiance » et de faire appel à son « instinct » pour prendre les bonnes décisions. « C’est quelque chose qu’on apprend très jeune, a-t-il raconté. En go-kart, mon père m’indiquait les lignes à emprunter lorsqu’il pleuvait. Ça s’apprend, ça se comprend. »

Fernando Alonso, 41 ans, n’en était pas à sa première ondée, et se disait satisfait de sa troisième place… dans les circonstances, avant de remonter d’un rang sur la grille.

En première et en troisième séance, des drapeaux rouges ont interrompu de très bons tours pour lui alors qu’il était tout près de la ligne d’arrivée. Cette troisième position lui laissait donc « un goût différent », mais il voyait une « chance énorme » pour Aston Martin de marquer des points précieux.

L’Espagnol est actuellement troisième du championnat des conducteurs, derrière Sergio Pérez, de Red Bull, qui partira 12e, ce dimanche. Il a admis que sa voiture n’était sans doute « pas au niveau » de la voiture de Verstappen, mais sur une surface sèche, il espère « être plus proche que 20 ou 30 secondes derrière lui », référence aux marges surréelles des dernières victoires du jeune prodige.

Mauvaise journée pour Lance Stroll

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Lance Stroll

Lance Stroll, qui a connu de mauvaises qualifications, partira 16e sur la grille pour son Grand Prix à la maison. Il devait partir de la 13position, mais une pénalité de trois places lui a été décernée pour avoir bloqué le chemin à l’Alpine d’Esteban Ocon lors de la deuxième phase de qualifications.

Rien n’allait pour le pilote Aston Martin, samedi. Après qu’il eut accédé de justesse à la deuxième séance, on l’a vu perdre la maîtrise de sa voiture lors de son premier tour lancé. Par « chance », seul son aileron avant est entré en contact avec le muret. « J’ai touché un peu la ligne blanche à l’intérieur, a-t-il expliqué. J’ai mis les freins. […] J’ai été chanceux de juste toucher le mur avec l’aileron avant. Ce n’était pas idéal comme séance pour nous. »

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Lance Stroll dans sa voiture Aston Martin samedi

Le Québécois est passé aux puits pour changer ledit aileron et en est ressorti avec des pneus intermédiaires plutôt qu’avec des tendres au moment où la piste était sèche. Le changement est venu plus tard, mais c’était trop peu, trop tard ; il n’a pas été en mesure d’accéder à la troisième phase. « Je voulais sortir sur les tendres, mais il y avait un peu de pluie qui s’en venait. Il y avait un point de croisement pour deux ou trois tours, on a juste manqué cette opportunité. »

Au moment de rencontrer les médias, Stroll n’avait pas encore reçu sa pénalité. Il croyait alors « réaliste » pour lui de marquer de bons points dimanche. « Ici, on peut vraiment dépasser, on peut faire quelque chose, disait-il. On va voir. »

« Je suis frustré »

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Charles Leclerc (16) sur la piste samedi

Encore une fois, Charles Leclerc est apparu découragé devant les médias, après avoir été éliminé en deuxième phase de qualifications. Le pilote Ferrari a vécu sensiblement le même problème que Lance Stroll. Au début de la deuxième séance, il a demandé à son équipe de changer les pneus intermédiaires pour des tendres, mais celle-ci ne l’a visiblement pas écouté. Le Monégasque est donc demeuré en intermédiaires pour un tour de plus avant de procéder au changement.

« Je pense qu’on se rend juste la vie beaucoup trop difficile dans ces situations, a-t-il laissé tomber. J’avais une opinion claire et nous avons décidé de faire autre chose. Je suis frustré. […] Je vais parler avec l’équipe à l’interne et essayer de comprendre ce qu’on peut faire parce que ce n’est évidemment pas la première fois qu’on se retrouve dans cette situation. »

Leclerc devait partir 11e sur la grille, mais une pénalité décernée à son équipier Carlos Sainz fils l’a fait grimper d’une place.

Pierre Gasly « dégoûté »

Pierre Gasly était fumant devant les médias après son élimination en Q1. Le pilote d’Alpine a été dérangé par la Ferrari de Carlos Sainz fils dans la dernière chicane, alors qu’il achevait son dernier tour rapide. L’Espagnol, au ralenti, lui bloquait dangereusement la route, ce qui a forcé Gasly à freiner. Il devra ainsi partir en fond de grille, au 15rang.

« Je pense juste que c’est complètement inacceptable de conduire comme l’a fait Carlos, a laissé entendre le Français. C’est aussi simple que ça. J’arrive à 300 km/h, il est à 30 km/h dans la dernière chicane, en train de se concentrer sur son propre tour. Mais tu n’es pas seul sur la piste. […] Je suis absolument dégoûté. »

Selon Gasly, il était en voie de se placer dans le top 6.

Katherine Harvey-Pinard, La Presse

Le Grand Prix du Canada 2023 se mettra en branle ce dimanche à 14 h.