(Montréal) Le pilote québécois Patrick Woods-Toth laisse rapidement une forte impression sur la piste.

Quelques mois seulement après avoir fait le saut du karting à la course automobile, le jeune homme de 19 ans originaire de Saint-Lazare mène le championnat de Formule 4 américaine. Il possède une avance de 36,5 points avec six courses à faire.

Il a également attiré le membre du Temple de la renommée du sport automobile canadien Ron Fellows comme mentor.

« De ce que je peux voir, il est le jeune avec le plus de talent que je n’ai jamais vu », a d’ailleurs lancé Fellows, qui détient le record pour le plus de victoires par un pilote né à l’extérieur des États-Unis dans les trois principales séries de NASCAR.

Et d’autres légendes canadiennes l’ont également remarqué.

En décembre, Woods-Toth a reçu une bourse pour le programme « Karts for Cars » à l’école de course Radford, en Arizona. Il n’a eu besoin que de quelques jours pour impressionner Scott Goodyear, directeur de course de la F4 américaine et également membre du panthéon canadien.

« À la fin de la deuxième journée, mon commentaire pour [Fellows] a été : “Houston, vous avez un problème”, a lancé Goodyear. Parce qu’il a un jeune homme super talentueux et vraiment aucun appui financier digne de mention. »

Goodyear a été impressionné par le calme de Woods-Toth et par sa capacité à prendre de bonnes décisions à grande vitesse dans la voiture. Fellows a ajouté que son protégé était capable de traiter les informations à un niveau d’élite et qu’il était en mesure de regarder les données et les vidéos et de s’en servir pour s’améliorer.

PHOTO GAVIN BAKER, LA PRESSE CANADIENNE

Patrick Woods-Toth

Toutefois, les éloges en course automobile ne mènent pas plus loin que l’ampleur des appuis financiers. Les deux seuls Canadiens à avoir couru en Formule 1 lors des 15 dernières années, Lance Stroll et Nicholas Latifi, avaient des parents milliardaires.

L’histoire de Woods-Toth est différente. Il a perdu son père dans un accident et sa mère d’une maladie avant d’avoir 5 ans. Ce sont ses grands-parents qui l’ont élevé.

« On pourrait dire que le reste de la famille m’a adopté, a expliqué Woods-Toth. J’ai vécu avec mes grands-parents pour un moment, et ensuite, ma tante et mes cousins m’ont tous soutenu. »

Woods-Toth a passé la majorité de son temps avec sa grand-mère à Saint-Lazare, mais passait ses fins de semaine avec son grand-père à Saint-Sauveur. C’est là que son amour de la course a vu le jour.

Son grand-père, décédé en 2021, a lui-même fait de la course. Il était un grand amateur de course, ne ratant jamais une épreuve de F1 ou d’IndyCar. Ensemble, ils s’amusaient en véhicule tout-terrain ou en motoneige, jusqu’à ce que le karting prenne toute la place dans la vie du petit-fils.

La famille de Woods-Toth a financé son parcours en karting. Quand il était âgé de 14 ans, le propriétaire de Prime Powerteam, Trevor Wickens, a sorti son chéquier. Woods-Toth en a profité pour remporter trois titres de suite dans le championnat de karting de Fellows, en Ontario, puis le Championnat canadien l’année dernière.

Maintenant appuyé par Fellows et les Fidani – qui possèdent une société immobilière de Toronto –, Woods-Toth a surpassé les attentes en F4 dès le premier évènement, avec une deuxième place et deux troisièmes positions lors des trois courses. Il est bien placé pour être couronné.

Woods-Toth a quelques options devant lui pour la suite : la Formule 3 régionale aux États-Unis, ou alors la F3 en Europe.

« Le vrai objectif est d’aller en Europe, où je pourrai vraiment me développer, a lancé Woods-Toth. Il n’y a pas de bourse pour ça, on va devoir payer. C’est le prochain gros obstacle. »

Le saut en F3 sur le Vieux Continent pourrait coûter entre 1,25 et 1,5 million de dollars. Fellows tente de trouver des commanditaires, mais rien de concret ne se profile pour l’année prochaine.

« Dans un monde parfait au point de vue du financement, vous voudriez voir un gars de son talent avoir sa chance en F1, a dit Fellows. Le plus gros du travail est de propager l’information qu’un jeune très talentueux mérite sa chance. J’ai été dans cette industrie toute ma vie et je vais continuer d’aller cogner aux portes sans arrêt. »

Malgré cette réalité, Woods-Toth refuse de modérer ses attentes.

« Si vous ne visez pas la F1, je ne sais pas pourquoi vous faites de la course », a-t-il déclaré.

Et Fellows a confiance que le jeune pilote aura sa chance.

« Si vous êtes assez bons, que vous voulez vraiment et que vous restez assez longtemps, quelqu’un va vous remarquer. Je le crois de tout cœur », a-t-il conclu.