(Las Vegas) Aucun évènement sportif n’est réglé au quart de tour dès sa première année d’existence, donc il faudra faire avec les obstacles qui se dresseront en travers de la route du Grand Prix de Formule 1 de Las Vegas, dont le budget d’exploitation a été estimé à environ 500 millions US.

Les signaux d’avertissement ont été nombreux et presque aussi évidents que l’emblématique « Sphere » dès la mise en vente des billets en vue de la course de ce week-end, la plus coûteuse du calendrier de 24 escales de la F1.

En prenant en compte la mise en vente de forfaits pouvant atteindre les sept chiffres, des prix exorbitants des chambres d’hôtel et d’une facture moyenne d’environ 2000 $ simplement pour accéder au site, cette course n’a jamais été conçue dans l’espoir d’attirer de nouveaux amateurs de course automobile ou de développer le marché américain.

L’entreprise propriétaire de la F1, Liberty Media, a de toute évidence développé cette épreuve afin qu’elle devienne un évènement international incontournable pour les plus grosses pointures de la planète.

Renee Wilm, la présidente et directrice des opérations du Grand Prix de Las Vegas, a assuré que « tous les billets seront écoulés d’ici la tenue de l’évènement » lors d’une conférence téléphonique organisée par le Formula One Group le 3 novembre.

Et bien, la course est à nos portes et des billets sont encore disponibles, tant sur le marché officiel que sur celui de la revente. Les prix des chambres d’hôtel sur la légendaire « Strip » ont chuté de façon importante, et tous les signes laissent croire que le promoteur de la course, Liberty, a grossièrement surestimé la capacité de payer des gens pour remplir les gradins.

Le prix de certains billets a été réduit jusqu’à 60 % de sa valeur initiale pour certaines séances qui se dérouleront avant la course qui aura lieu exceptionnellement dans la nuit de samedi à dimanche, à 1 h (heure de Montréal). Et ce n’est que la pointe de l’iceberg.

Les résidents du coin n’ont jamais cessé de se plaindre du chaos provoqué par la construction du circuit urbain de 6,2 km qui mettra en vedette une bonne portion de la « Strip ».

De plus, de nombreuses rumeurs ont circulé au sujet des frais exorbitants qui auraient été exigés par la F1 aux commerçants locaux qui ont une vue directe sur le circuit. La série a éventuellement revu sa position, mais pas avant que des informations aient circulé au sujet de l’érection volontaire de structures bloquant la vue devant certains commerces récalcitrants.

Et plusieurs employés des casinos de la ville ont exprimé leurs préoccupations quant à leur capacité d’atteindre leur lieu de travail après la fermeture de la « Strip », afin de permettre au pilote Max Verstappen – qui s’est adjugé le championnat du monde au début du mois d’octobre – et à ses collègues de tourner sur le circuit qu’on surnomme déjà le « Flying Pig ».

Et Verstappen, qui a décroché son troisième titre de champion du monde consécutif alors qu’il restait six courses à négocier au calendrier et qui a gagné 17 des 20 épreuves jusqu’ici cette saison, n’est pas le plus grand partisan de cette nouvelle escale dans le désert du Nevada. Loin de là.

« Tout d’abord, je crois que nous sommes ici davantage pour le spectacle que pour la course automobile, surtout lorsqu’on tient compte du tracé qui a été retenu, a évoqué le Hollandais. Et vous savez, je ne suis pas entiché de tout ceci. Je me dis plutôt : “J’irai là-bas, je ferai ce que j’ai à faire, et je m’en irai le plus rapidement possible”. »

Bref, il faut s’attendre à un fiasco. À moins que Las Vegas ne parvienne une fois de plus à tirer un lapin de son chapeau ?