«Les dirigeants de la F1 ont choisi Abou Dhabi plutôt que Montréal pour y tenir un Grand Prix ? Bon débarras ! La Fédération internationale automobile (FIA) est une organisation de broche à foin qui nous a suffisamment fait chanter et causé de problèmes comme ça.» Le journaliste et ancien coureur automobile Jacques Duval ne mâchait pas ses mots hier en apprenant la fin quasi assurée du Grand Prix du Canada.

« Si j'étais Normand Legault, je balayerais tout ça et je ferais tout en mon pouvoir pour mettre en oeuvre les 24 Heures de Montréal, c'est-à-dire une course d'endurance similaire aux 24 Heures du Mans » ajoute le chroniqueur.Selon lui, l'activité serait immensément populaire pour la simple raison que la course dure 24 heures, ce qui donnerait l'occasion aux gens de faire la fête, de venir voir la course, d'aller manger puis d'y revenir.

« Ce serait un gros happening et nous n'aurions plus ces crétins-là dans les jambes. Je ne vais pas faire une oraison et m'apitoyer sur la F1. C'est bien beau de jouer avec quelqu'un, mais lorsqu'il ne veut plus jouer avec toi, tu fais quoi ?

Tu jettes l'éponge et tu dis : allez vous faire foutre ! Nous avons fait assez de compromis. À mon avis, la Formule 1 se prive d'un débouché qu'on ne peut pas exclure d'un championnat du monde. Tu as un peu l'air con quand tu as un championnat du monde et qu'il n'y a aucune course en Amérique ! »

Jacques Duval est d'avis que l'organisation des 24 Heures de Montréal coûterait beaucoup moins cher que le Grand Prix et pourrait engendrer des retombées économiques intéressantes pour Montréal après quelques années.

Éric LeFrançois, chroniqueur automobile à La Presse, est quant à lui plus nostalgique.

« Si la nouvelle est officielle, c'est triste. Il faut reconnaître que les coûts du transport des voitures à Montréal étaient énormes. Du temps où il y avait Indianapolis, les Américains payaient une partie du transport avec le Canada. Depuis le retrait des Américains, Montréal devait assumer seul la facture. »

M. LeFrançois ne croit pas que les ventes des constructeurs d'automobiles soient compromises par la perte du seul Grand Prix en Amérique. « Ferrari a une liste d'attente pour l'achat de ses voitures. BMW et Honda ne devraient pas souffrir non plus. Il faut se rappeler que, quand les deux constructeurs ont licencié Jacques Villeneuve, leurs ventes n'en ont pas souffert pour autant. Même chose pour Toyota. Pour Mercedes-McLaren, c'est McLaren qui a la pôle pour la visibilité. On parle de McLaren et non pas de Mercedes. Ce sont les pilotes qui vont être très déçus de la décision de la FIA. Montréal était une destination de choix pour eux », ajoute M. LeFrançois.