Il faudra presque un miracle pour ramener la Formule 1 à Montréal dès l'automne prochain, estime une source bien au fait du milieu de la course automobile.

Car si les rumeurs qui envoient chez nous le Grand Prix d'Abu Dhabi sont bel et bien fondées, il reste que l'organisation de la prestigieuse course dans un délai de six mois relèverait de l'exploit.

«D'où je suis, je ne vois rien de réalisable, explique cette source. Mais en même temps, tout peut arriver dans ce milieu.»

Selon RDS, qui diffusait le Grand Prix d'Australie hier matin, les bolides de F1 pourraient de nouveau vrombir sur le circuit Gilles-Villeneuve à l'automne. La course remplacerait celle qui doit avoir lieu à Abu Dhabi, le 1er novembre prochain.

En raison de la crise économique, le projet de 400 millionsd'Abu Dhabi aurait pris du retard. Le Grand Prix serait compromis et c'est vers Montréal que la F1 se tournerait pour sauver la course.

La rumeur a été vivement démentie par un organisateur de la course d'Abu Dhabi, dans une entrevue au site Rue Frontenac. Mais elle a été confirmée par notre source, qui a accepté de se confier à La Presse sous le couvert de l'anonymat.

«Ça fait quelques semaines, voire quelques mois qu'on sait que ça ne va pas très bien à Abu Dhabi, confirme notre source. Dans cette région, toutes les grues sont arrêtées.»

Montréal, le plan B

Il n'est guère surpris que Montréal soit pressenti comme plan B. Mais il prévient que, au plan logistique, un éventuel promoteur fera face à une tâche monumentale s'il organise un événement d'aussi grande envergure à six mois de préavis.

«Ce serait assez athlétique de faire ça, résume-t-il. Tout est possible, mais c'est une grosse organisation.»

Amateurs de courses et commanditaires pourraient être réticents à délier les cordons de leur bourse, souligne-t-il. D'abord, parce qu'ils ont été échaudés par les négociations coriaces de l'automne dernier avec le grand patron de la F1, Bernie Ecclestone. Ensuite, parce que la crise économique force plusieurs d'entre eux à restreindre leurs dépenses.

Par ailleurs, le circuit Gilles-Villeneuve est maintenant exploité par International Speedway Corporation, qui organise la course NASCAR. Il n'est pas acquis que l'entreprise soit chaude à la venue d'une autre course, ce qui pourrait nuire à ses ventes de billets.

Les autorités ont réagi avec enthousiasme à la possible renaissance de la Formule 1 dans la métropole. Le maire Gérald Tremblay fait valoir que la course procure à Montréal une importante visibilité internationale, en plus de fortes retombées économiques.

Mais du même souffle, il prévient que la course ne reviendra pas à Montréal à n'importe quel prix. «Le circuit est en place, les équipements sont là, a-t-il affirmé. Mais une chose est certaine, c'est qu'on ne veut pas le faire juste pour une année. Si l'intention de la Formule 1 est de revenir à Montréal, on veut s'assurer qu'elle revienne pour longtemps.»

Même son de cloche du côté de Jean Charest. Le premier ministre se dit ouvert à discuter avec l'organisation de la F1. «Mais pas à n'importe quelle condition, a-t-il indiqué. Il faut que ce soit sur une base d'affaires, comme c'était le cas la dernière fois.»

Les gens d'affaires, eux, sont emballés, même si le Grand Prix aurait lieu en automne au lieu du mois de juin. «Ça ne nous dérange pas, au contraire, affirme Bernard Ragueneau, président de l'Association des marchands de la rue Crescent. Au mois de juin, on a l'effervescence qui vient naturellement; au mois d'octobre il faut la fabriquer. Aussi bien avoir un événement qui va le faire pour nous.»

Rappelons que le Grand Prix de Formule 1 du Canada a été écarté du calendrier 2009, l'automne dernier, après que des négociations entre les trois ordres de gouvernement et Bernie Ecclestone eurent achoppé.