Le nord de l’Espagne sourit aux cyclistes québécois. Deux semaines après la quatrième place de Guillaume Boivin au Tour de Catalogne, son coéquipier Hugo Houle a obtenu le même résultat à la deuxième étape du Tour du Pays basque, mardi.

Le champion mondial Julian Alaphilippe s’est imposé pour la première fois depuis la conquête de son deuxième maillot irisé aux Championnats du monde en Flandres, l’automne dernier.

Au bout du faux plat montant, le Français a devancé d’une longueur de vélo son compatriote Fabien Doubey (TotalEnergies), le Belge Quentin Hermans (Intermarché) et Houle (Israel-Premier Tech), qui a ainsi décroché le meilleur résultat de sa carrière dans une course WorldTour.

« C’est assurément un beau progrès », a commenté Houle, septième d’une étape au Tour de France en 2020.

« Je vois que c’est possible de jouer avec les meilleurs. Je ne dois pas avoir de complexes et prendre ma place le plus possible. C’est l’aspect psychologique qui joue rendu là. Il ne faut pas hésiter. Il y a quelques années, j’étais peut-être plus intimidé. Aujourd’hui, je garde ma place, peu importe qui vient. »

Les Quick-Step d’Alaphilippe ont parfaitement ajusté leur stratégie en vue de ce final capricieux, ponctué de deux virages à 90 degrés. Après un rond-point à 700 mètres du but, Remco Evenepoel s’est positionné en tête, suivi de son meneur français. Houle était dans la roue du champion mondial à ce moment précis, après avoir conduit son chef de file Michael Woods (15e) au chaud à l’avant du peloton.

PHOTO ALVARO BARRIENTOS, ASSOCIATED PRESS

Julian Alaphilippe

« Après le rond-point, j’ai pris la décision de laisser passer Fabien Doubey devant moi, pensant que le sprint serait un peu plus long et que ça pouvait me servir, a-t-il analysé. Au final, j’aurais mieux fait de me battre pour la roue d’Alaphilippe. À ce moment-là, j’aurais probablement fini sur le podium. Mais sur le coup, on doit prendre une décision. Je ne peux pas avoir de regrets. »

À 400 m du fil, Evenepoel a fondu sur le dernier rescapé de l’échappée. Après avoir laissé passer Alaphilippe sur sa gauche, le jeune prodige belge (9e) a pu lever les bras en même temps que le vainqueur.

Grimaçant jusqu’à la ligne d’arrivée, Houle n’a rien pu faire pour améliorer son sort. Son directeur sportif Zak Dempster lui avait donné le feu vert pour tenter sa chance si l’occasion se présentait. Une fois Woods en sécurité, le cycliste de 31 ans ne s’est pas fait prier pour poursuivre l’effort.

Je pense que je peux être heureux de ma quatrième position. Ça s’est probablement gagné au positionnement plus qu’avec le sprint en soi. Il fallait être placé. Il fallait gagner la place au rond-point.

Hugo Houle

Houle occupe le 37rang au classement général, soit un échelon de mieux qu’après le contre-la-montre d’ouverture de la veille. Il concède 38 secondes au meneur Primož Roglič (Jumbo). Evenepoel pointe toujours deuxième à cinq secondes.

Quelle brouille ?

Marquée par une échappée de quatre coureurs basques qui a bien failli se rendre jusqu’au bout, l’étape de 207,6 km reliant Leitza à Viana s’est déroulée sur de belles routes larges et lisses. Le peloton s’est tenu tranquille, un contraste avec la bagarre perpétuelle sur les classiques pavées flandriennes, d’où Houle débarquait.

« Le Pays basque attire davantage les grimpeurs, ça facilite un peu la vie dans le final. C’était quand même assez tranquille. Ça joue pas mal moins du coude qu’en Belgique. Le fait que j’arrive de là-bas, ça me permet d’être plus à l’aise dans le peloton. »

Ces premières heures plus relaxantes lui ont permis d’admirer le décor et de rattraper le temps perdu avec son ami Antoine Duchesne (Groupama-FDJ), qu’il n’avait pas côtoyé en course depuis l’Omloop Het Nieuwsblad, en février.

« Je l’ai vu à plusieurs reprises pendant la course. On aime bien se faire des jokes. Aujourd’hui, on avait le temps, ce ne sera peut-être pas le cas dans les prochains jours ! »

Manifestement, leur brouille des championnats canadiens de l’an dernier est maintenant chose du passé (Houle avait reproché à Duchesne de l’avoir condamné à un moment clé).

Duchesne (126e) n’entendait pas à rire à 1 km de l’arrivée quand il a pris un tour en tête de peloton pour placer son leader David Gaudu, huitième à croiser le fil, tout juste derrière le Britannique Adam Yates (Ineos), un autre prétendant au général.

James Piccoli (Israel-Premier Tech), le troisième Québécois en course, n’a pas été en reste, couvrant une attaque du Norvégien Andreas Leknessund (DSM) avec quelques kilomètres à faire.

Le Tour du Pays basque se terminera samedi à Arrate. Houle, 13e de Paris-Nice le mois dernier, projette d’exploiter sa forme au maximum. « L’objectif est de protéger Mike et après, si c’est possible, de me glisser dans une échappée. »