Le Québec sera encore bien représenté au Tour de France. En plus d’Hugo Houle, dont la cinquième présence lui semblait entendue en début de semaine, Guillaume Boivin sera aussi du grand départ le 1er juillet à Bilbao.

Les deux cyclistes font partie de la sélection de huit coureurs d’Israel-Premier Tech (IPT) annoncée aujourd’hui, comme leur ami d’Ottawa Michael Woods, un Québécois de cœur.

Boivin, 34 ans, en sera à sa troisième participation consécutive. L’an dernier, il était débarqué en catastrophe l’avant-veille du contre-la-montre d’ouverture à Copenhague, en remplacement d’un collègue infecté par la COVID-19.

En méforme par rapport à ses standards habituels – il arrivait des championnats canadiens d’Edmonton sans avoir pu dormir adéquatement –, il avait dû abandonner le matin de la 21e et ultime étape, terrassé à son tour par le nouveau coronavirus qui avait fait des ravages dans le peloton.

« Ça devrait être un Tour de France un peu différent », s’est réjoui Boivin, manifestement en grande forme au vu de son visage émacié, depuis sa résidence d’Andorre, où il vit durant la saison.

« Je suis super content de pouvoir retourner au Tour. J’espère en faire un beau. On a eu de belles expériences l’an passé avec deux victoires d’étape. On y va avec une équipe vraiment forte et avec encore de grandes ambitions. Ça va être dur de faire aussi bien, mais c’est quand même le but. »

En plus du trio québécois, la formation israélo-canadienne sera représentée par le capitaine de route australien Simon Clarke, gagnant de l’étape des pavés en 2022, le puncheur belge Dylan Teuns, le grimpeur australien Nick Schultz, deuxième d’une étape et 22e du classement général avec BikeExchange l’été dernier, le passe-partout letton Krists Neilands et le jeune sprinteur néo-zélandais Corbin Strong, qui découvrira le Tour à 23 ans.

« Je vais être là un peu pour épauler les jeunes, a indiqué Boivin. Corbin est un bon sprinteur, mais qui passe bien les bosses aussi. Je vais donc travailler avec lui. À part les sprints avec Corbin, ça va être de chasser des étapes via des échappées, comme on l’a fait l’an dernier. »

Froome absent

Deux coureurs de renom brilleront par leur absence : le Danois Jakob Fuglsang, toujours pas revenu au sommet de sa forme après avoir raté plusieurs mois en raison d’un problème de santé, et surtout le Britannique Chris Froome, quadruple vainqueur, troisième à l’Alpe d’Huez en 2022, qui n’a jamais réussi à retrouver son meilleur niveau depuis son terrible crash de 2019 au Critérium du Dauphiné.

Les deux vedettes ont pourtant fait partie des 12 membres d’IPT qui ont effectué un stage préparatoire en altitude de près de trois semaines en Andorre et dans les Alpes-Maritimes, au même titre que les huit heureux élus.

« On est tous coéquipiers, amis, on s’entend bien, mais chaque soir où tu t’assois pour le souper, le gars en face est celui contre qui tu te bats pour aller au Tour de France, a fait remarquer Boivin. C’est toujours comme ça : on est une équipe, mais chacun essaie quand même d’avoir sa part du gâteau. »

En plus de son rappel de dernière minute, Boivin avait dû sacrifier une bonne partie de sa préparation pour chasser des points dans un contexte où IPT tentait d’échapper à une relégation en seconde division, ce qui s’est finalement avéré.

Copropriété de l’homme d’affaires israélien Sylvan Adams, un Québécois d’origine, et de Premier Tech, une multinationale de Rivière-du-Loup détenue en majorité par le PDG Jean Bélanger, Israel-Premier Tech a été l’une des deux formations à bénéficier d’une invitation des organisateurs A. S. O.

À l’automne, Boivin a clairement manifesté son intention de renouer avec le Tour lors d’une rencontre avec la direction de l’équipe.

« Le Tour a été un peu un enfer pour moi, je veux y retourner et faire bonne figure, a exprimé le triple champion canadien. C’est vraiment mon objectif et ce que je vous demande est de me donner la chance de pouvoir y arriver. Je pense qu’ils voyaient ça du même œil. Ils étaient très ouverts à m’offrir cette chance, mais il fallait quand même prouver que je la méritais. »

L’athlète qui a grandi sur la Rive-Sud de Montréal a scellé son sort la semaine dernière en contribuant à la deuxième victoire de Woods à La Route d’Occitanie et à sa deuxième place à la classique CIC-Mont Ventoux.

« Michael est vraiment en grande forme. Je pense qu’il est de retour à son niveau de 2021. C’est donc très excitant. »

Boivin était sur la table de l’ostéopathe, mardi, quand il a reçu la confirmation de sa sélection de la part du directeur sportif principal Rik Verbrugghe.

« J’étais pas mal certain d’y aller, mais tant que tu n’as pas eu l’appel, tu ne sais jamais non plus. J’étais content de pouvoir le dire à ma famille et mes amis qui m’achalaient pour le savoir depuis quelques jours ! »

« Le même p’tit gars que l’année passée »

Hugo Houle s’alignera pour sa part dans un cinquième Tour de France consécutif, une première pour un Canadien depuis Steve Bauer, directeur sportif d’IPT qui a pris part à la Grande Boucle de 1987 à 1991.

Après son succès d’étape historique à Foix l’an dernier, Houle s’est dit « très conscient que les attentes sont plus élevées ».

« Il ne faut pas le négliger, mais tout ce que j’ai à faire, c’est de donner mon maximum, a-t-il tempéré en début de semaine. Je suis le même p’tit gars que l’année passée qui s’en va au Tour pour essayer de bien performer, de m’amuser, de tirer mon épingle du jeu le mieux possible et de faire plaisir à notre équipe en faisant de beaux résultats. Évidemment qu’il y a de la pression. Mais il y en a chaque année. »

Antoine Duchesne, de Saguenay, était l’autre Québécois sur le Tour l’été dernier. L’ex-membre de la formation française Groupama-FDJ, qu’il a initiée à la musique des Cowboys fringants, s’est retiré à la fin de la campagne à l’aube de son 31anniversaire.

Boivin, Houle, Woods et le reste de l’effectif d’Israel-Premier Tech se retrouveront mercredi à Bilbao en vue du départ donné samedi 1er juillet.

Les deux premières étapes, qui s’annoncent explosives, se dérouleront entièrement dans le Pays basque espagnol, avant que les coureurs ne regagnent la France au cours de la troisième qui se conclura à Bayonne. Le 110Tour se terminera après 21 étapes avec l’arrivée traditionnelle sur les Champs-Élysées, à Paris, le 23 juillet.