(Bilbao) Ce n’est qu’un coup de chance, mais mon hôtel à Bilbao était littéralement situé à un coin de rue de la ligne de départ de la première étape du Tour de France.

Il est carrément construit au-dessus de la gare intermodale San Mamés, ce qui m’a permis de sauter dans un autocar en deux temps trois mouvements pour atteindre Vitoria-Gasteiz, où loge Israel-Premier Tech à une heure au sud. Moins pratique quand on l’apprend après un voyage transatlantique.

Faute d’un téléphone fonctionnel d’entrée de jeu, je me suis débrouillé avec les moyens du bord, c’est-à-dire la dame derrière moi à la borne. Mon euskera étant limité – et mon espagnol guère meilleur – , on s’est arrangés avec un peu de français, d’anglais et, surtout, les signes.

Et quand la batterie du cellulaire flanche au retour de la cérémonie de présentation des coureurs sous la pluie battante, il y a toujours la bonne vieille carte en papier de la réception de l’hôtel dont on ne pensait pas avoir besoin. C’est drôle en vacances, un peu moins quand on a une heure de tombée et les yeux collés par le décalage horaire.

Le métro, ouvert en 1995, est évidemment connecté à la gare et fonctionne à merveille pour une bagatelle. Même en payant l’entrée de deux collègues samedi, je ne réussirai pas à vider totalement les 10 euros de ma carte Barik, qui doit vouloir dire « Opus » en basque.

Je me suis pourtant promené aux quatre coins de la ville, visitant l’hôtel d’AG2R Citroën près du port et le vaste centre des congrès où A.S.O. a installé le centre de presse du grand départ et la permanence du Tour.

PHOTO SIMON DROUIN, LA PRESSE

Le centre de presse du départ de la Grande Boucle

Le départ de la première étape a été donné à l’ombre du campo San Mamés, domicile de l’Athletic Bilbao inauguré en 2013. Un jeune collègue d’Oxford qui travaille pour le Cycling Weekly, croisé à la salle de presse, était tout ébaubi d’avoir foulé le pitch de l’enceinte de 50 000 places.

Malgré la popularité du club de soccer de la Liga, composé uniquement de joueurs basques, le cyclisme reste le sport favori des Basques.

« Le foot est gros, mais ici, on est fous du vélo », m’a assuré Iker Yuguero, un Basque espagnol francophone rencontré à proximité de l’autocar d’Israel-Premier Tech. Il était avec son amoureuse, Élise St-Denis, une Québécoise qui portait un drapeau fleurdelisé sur ses épaules.

« Même elle a commencé à en faire. C’est parce que c’est contagieux ! »

Woke

PHOTO SIMON DROUIN, LA PRESSE

Le passager assis face à moi dans le métro au retour de la première étape portait une casquette « Ibiza » et un t-shirt avec écrit en grosses lettres de camouflage : « WOKE ». Il n’y a pas eu d’émeute.

Zaleak

Interdit sous le régime Franco, l’ikurrina, (prononcez « icourrigna »), le drapeau basque rouge, vert et blanc, a été légalisé en janvier 1977. Il symbolise « l’enthousiasme et la joie », selon Le Pays basque pour les nuls. À peu près tout le monde autour de la course en possède. Ces partisans de vélo ont même un nom : Zaleak. Pour cinq euros, remis à Gure Esku, une plateforme créée en 2013 en faveur de l’autodétermination du Pays basque, j’en suis devenu un.

Un futur docu québécois sur le vélo ?

Une dernière anecdote avant d’aller au lit : un Québécois a capté mon accent dans la salle de presse de l’arrivée. Il s’agit de Vincent Gourd, de la société de production télévisuelle Zone3. Amateur de vélo et lui-même cycliste, le producteur associé a profité des vacances familiales à Biarritz pour assister aux trois étapes du grand départ.

« Je suis venu faire du repérage », a-t-il expliqué, impressionné par l’ampleur du déploiement logistique de l’organisateur A.S.O. La rapidité avec laquelle le village-départ est remballé après le coup d’envoi l’a renversé.

« L’intérêt pour le vélo monte en flèche avec les succès des Québécois et, maintenant, la série Netflix. »

Gourd n’a pas de projet précis pour le moment, mais il commence à tâter le terrain.

Il est un grand ami du collègue Mathias Brunet, avec qui il a fait quelques documentaires, dont ceux sur les arbitres et les parents au hockey. Leurs deux fils de 16 ans, Edouard et Antoine, qui sont également meilleurs amis, l’accompagnent avec quelques autres familles à Biarritz.

Le surf est leur activité de prédilection et il paraît qu’Antoine Brunet a levé du premier coup. En voilà un qui a hérité du talent naturel de son père.