On ne perd rien à essayer, dit-on. Gabrielle Simoneau ignorait complètement à quoi s’attendre, l’an dernier, en prenant part à la première édition québécoise du Crankworx Summer Series Canada. Ses performances l’ont finalement menée à Whistler, où elle vivra cette semaine une aventure aussi inattendue qu’enrichissante.

Gabrielle Simoneau est à Whistler depuis vendredi. Au paradis des skieurs, la native de Stoneham fera du vélo de montagne ; elle prend part cette semaine à l’évènement final du Crankworx World Tour, série d’évènements internationaux de vélo de montagne de haut niveau.

Elle sera en action ce mardi pour l’épreuve d’Air Downhill et jeudi pour l’épreuve de Dual Slalom dans la catégorie Open. La première est une course dans une piste de sauts. La deuxième est une course à un contre un, par élimination.

Advenant le cas où ça se passe bien dans cette catégorie, la Québécoise pourrait voir des portes s’ouvrir devant elle. Elle pourrait, par exemple, être invitée dans la catégorie professionnelle.

La catégorie pro est réservée aux personnes qui ont vraiment fait leurs preuves. Il faudrait vraiment que je fasse mes preuves encore quelques fois pour avoir une place dans cette catégorie-là.

Gabrielle Simoneau

On en comprend que ce n’est pas un objectif immédiat. « Éventuellement, oui », affirme-t-elle toutefois au bout du fil. « Honnêtement, ça nécessiterait beaucoup d’entraînement. Présentement, je n’ai pas de commanditaires. Je viens ici à mes frais. »

« Si jamais je décide de faire une saison complète, de m’essayer, il faudrait que j’aie du soutien parce que ce n’est pas viable financièrement. »

PHOTO FOURNIE PAR CRANKWORX SUMMER SERIES

Gabrielle Simoneau

Une belle expérience avant tout

Ces réserves sont un peu normales, considérant que Gabrielle Simoneau ne s’attendait pas le moins du monde à courser à Whistler un de ces jours ; si quelques Québécois se sont inscrits à l’évènement, Gabrielle, elle, y a été invitée.

En septembre 2022, la jeune femme de 24 ans a participé à la première version québécoise de la Crankworx Summer Series. Elle s’est inscrite dans les épreuves d’Air Downhill et de Dual Slalom, sans aucune attente. Amatrice de vélo depuis quelques années, elle avait déjà fait quelques compétitions de différentes natures au fil des ans : cross-country, enduro, etc. Mais toujours pour le plaisir.

J’avais déjà fait des pistes comme [celles du Crankworx], mais je n’avais jamais coursé là-dedans. Je savais que j’étais capable d’aller vite, de bien faire, mais en même temps, tu ne contrôles pas la performance des autres. Tu contrôles seulement la tienne, donc je ne savais pas le niveau des autres filles.

Gabrielle Simoneau

Dans l’Air Downhill, elle a pris la deuxième place derrière une athlète professionnelle. « C’est ce qu’elle fait dans la vie. Je n’étais pas insultée [qu’elle me batte] ! », lance la Québécoise en riant.

En Dual Slalom, elle a conclu au troisième rang. L’organisation lui a alors annoncé qu’en vertu de ses résultats, elle avait été sélectionnée pour prendre part à la dernière étape de la tournée mondiale 2023, dans la catégorie Open.

Nous y voici donc.

PHOTO FOURNIE PAR CRANKWORX SUMMER SERIES

La Québécoise Gabrielle Simoneau participe cette semaine à Whistler à l’évènement final du Crankworx World Tour.

À Whistler, « le bassin de coureurs est beaucoup plus dense », nous explique Simoneau. Comme l’an dernier à Québec, donc, elle ne se fixe pas d’objectifs précis.

« C’est vraiment une belle expérience. Je peux juste apprendre de ça, je n’ai rien à perdre d’aller me tester, me comparer aux professionnelles, ou du moins à des filles qui font vraiment ça dans la vie. Peut-être que je peux me surprendre ! »

Plus de femmes

Gabrielle Simoneau est peut-être nouvelle dans le monde de la compétition internationale, mais elle ne l’est pas dans celui du vélo. Elle s’y est initiée à la fin de ses années à l’école secondaire. Au cégep, elle s’est trouvé un premier emploi dans une boutique de vélo, à Québec. Elle y était une des rares femmes parmi la cinquantaine d’employés.

« Il y avait quelques filles qui travaillaient à la caisse ; j’étais la première conseillère, raconte-t-elle. Il a vraiment fallu que je travaille pour qu’ils acceptent de me laisser vendre des vélos et des accessoires. »

« Il y avait des hommes qui avaient aussi peu de connaissances que moi et, eux, on leur laissait leur chance. Moi, ç’a vraiment été long. Ça ne me dérangeait pas parce que j’étais motivée à démontrer que j’étais capable de le faire aussi. »

La jeune femme a évolué dans ce monde alors principalement masculin, faisant face à du sexisme plus souvent qu’à son tour. Aujourd’hui, le vélo de montagne est, à son grand bonheur, beaucoup plus féminin, encore plus dans les nombreux centres d’entraînement.

« Ça, je suis vraiment fière et contente de le dire, lance-t-elle. Je ne sais pas quel est le pourcentage, mais c’est beaucoup plus homogène que c’était. J’aurais envie de dire que c’est une [femme] sur deux [cyclistes]. Il y a beaucoup plus de femmes qu’il y en avait ! »

Les groupes de femmes de vélo de montagne, créés un peu partout au Québec, ont contribué à cet essor, croit Simoneau. Cette dernière s’est d’ailleurs beaucoup impliquée au sein d’un d’entre eux, le Québec Mountain Bike Girls.

Au fil des années, le vélo est devenu plus qu’un sport dans la vie de Gabrielle Simoneau. Plus qu’un passe-temps, même. Il est nécessaire à son quotidien, à son bien-être. La Québécoise pédale sans pression ni attente, suivant le chemin qui se trace devant elle.

« Le vélo, ça m’apporte tellement de bonheur. J’aime ça courser. J’aime ça me dépasser. Mais je ne veux pas que ça devienne une tâche. »

Une deuxième édition à Québec

Le festival Crankworx Summer Series Canada sera de retour à Québec pour quatre jours d’action sur deux sites (Empire 47 et les Sentiers du Moulin), du 1er au 4 septembre. Les compétitions se destinent aux athlètes de tous les âges, qu’ils soient professionnels ou amateurs. « [L’année passée], ç’a été le plus beau week-end de mon été ! s’exclame Gabrielle Simoneau. […] La communauté à Québec est vraiment serrée ; il y a tellement de spectateurs qui sont venus voir, qui nous encourageaient. » Les inscriptions pour la version québécoise sont présentement ouvertes.