(Montréal) Le cycliste Pier-André Côté connaît une année 2023 mouvementée : une fracture à une main en début de saison, un titre de champion continental, un forfait aux Championnats du monde après avoir contracté la COVID-19 et, tout dernièrement, l’annonce que son équipe, Human Powered Health, fermera les livres à la fin de la présente campagne.

Cette nouvelle ne pouvait tomber à un pire moment pour lui, car la majorité des équipes du World Tour viennent tout juste de boucler leurs effectifs pour la saison 2024.

« Si tu n’as pas entamé des discussions au début du mois d’août, tu es déjà en retard. Je n’avais pas fait beaucoup de démarches, car avant de tendre des perches aux équipes, j’attendais d’en claquer une bonne (course) en juillet en Europe », reconnaît Côté, qui dispute sa cinquième saison avec la formation américaine.

« Finalement, la COVID-19 a changé les plans un petit peu, a-t-il poursuivi. J’étais vraiment apprécié dans mon équipe et si je restais avec elle, j’aurais été content. Je n’étais donc pas stressé. Là, il est minuit moins quart. »

Si l’annonce de la fin de son équipe avait été connue une ou deux semaines plus tôt, Côté aurait bien pu aller rejoindre son ancien coéquipier Nickolas Zukowsky chez Q36.6 Pro Cycling Team l’an prochain. Le cycliste vient d’ailleurs de prolonger son contrat de deux ans avec la formation suisse qui compte dans ses rangs un ancien directeur sportif de Human Powered Health, bien au fait de la valeur et des qualités de Côté.

Celui-ci ajoute être rassuré de constater qu’il conserve une bonne réputation dans le peloton européen, même si cela ne s’est pas encore traduit par en une offre contractuelle.

« Ce n’est pas juste un non frette et sec. Les gens avec qui je parle, ils veulent s’assurer que je fasse du vélo en 2024 pour peut-être venir me chercher en 2025. C’est juste une question de timing. »

Malgré ce concours de circonstances, Côté n’en veut pas à ses patrons qui ont maintenu pendant 17 ans leur équipe qui a servi de tremplin à plusieurs espoirs nord-américains avant de faire le saut en Europe. Bien des Québécois sont passés dans ses rangs comme Zukowsky, David Veilleux et Guillaume Boivin, mais aussi de grosses pointures du peloton international, dont Michael Woods, Sepp Kuss ou Brandon McNulty.

« C’est quand même tôt pour annoncer la fermeture d’une équipe et ils ont été le plus respectueux possible. Dès qu’ils ont lancé la serviette, on l’a su. Ça nous donne le temps de nous revirer de bord, mais il faut que tu t’actives. […] Celui qui me défend le plus, c’est le gérant Jonas Carney. Il va au bâton pour moi à gauche et à droite. Il le fait par respect, car il veut me voir avoir du succès. »

Laisser parler les jambes

La COVID a empêché Côté d’être aux récents Championnats du monde présentés en Écosse, sauf que son travail fait en amont n’est pas perdu.

« En effet, c’est malchance par-dessus malchance, mais au moins, ma saison va quand même bien », laisse tomber l’athlète de 26 ans avec un rire teinté de découragement.

Pour preuve, il a signé une sixième place le 19 août à Druivenkoers-Overijse, une course belge de catégorie 1.1 remportée par le super-combatif du dernier Tour de France, Victor Campenaerts (Lotto Dstny).

« J’égale mon meilleur résultat dans une 1.1 et cette course, c’était un vrai chantier. Campenaerts était comme sur une moto. Ç’a fini morcelé de partout et ça s’est fait à la patte et j’étais vraiment, vraiment content. Les gars autour de moi, ce sont tous des monstres et c’est beau de voir que je commence à me frayer un petit bout de chemin à travers ces gars-là », explique l’athlète de Saint-Henri-de-Lévis qui terminera le Tour de Poitou-Charentes (2.1) vendredi.

Le champion canadien 2022 sera de retour en Amérique du Nord pour prendre part à une course au Maryland qui sera suivie des Grands Prix cyclistes de Québec et Montréal. Le détenteur du maillot de champion panaméricain roulera avec l’équipe canadienne aux deux courses québécoises et il se sent davantage affamé pour obtenir un bon classement, surtout sur le parcours de la Vieille Capitale.

Une belle occasion de rouler devant les siens, mais aussi de séduire de futurs employeurs.

« J’ai une très une belle constance, je suis tout le temps devant, polyvalent et puncheur-rouleur. Je peux rouler devant pour un coéquipier et j’ai une pointe de vitesse pour lancer un autre sprinteur. Ce qui est certain, c’est que je veux continuer encore au moins 5-10 ans. »

Peut-être pourra-t-il s’inspirer d’un autre ancien champion canadien, Guillaume Boivin, qui, après deux années en World Tour chez Cannondale, était redescendu deux ans dans des équipes continentales. Depuis son retour dans des formations de haut niveau, le Montréalais de 34 ans a pris part à trois éditions du Tour de France et à deux du Giro.