(Québec) Adam et Simon Yates se sont placés aux deux extrémités du rang d’oignons pour la désormais traditionnelle photo des têtes d’affiche des Grands Prix cyclistes, mercredi après-midi, à Québec.

Heureusement, depuis trois ans, les jumeaux britanniques de 31 ans ne courent plus pour la même équipe, ce qui facilite leur identification, sur la route comme avec un polo sur le dos.

À Bilbao, le 1er juillet, les Yates ont vécu une sorte de rêve éveillé lorsqu’ils se sont enfuis ensemble à la fin de la première étape du Tour de France.

Adam s’est imposé, même si Simon est généralement meilleur finisseur.

« Normalement, oui, mais c’était à la fin d’une journée très difficile, première étape du Tour de France, tu es déjà dans le vif du sujet », a rappelé Simon, qui évolue pour l’équipe australienne Jayco AlUla depuis le début de sa carrière.

Il a eu le dessus sur moi, malheureusement, mais je suis évidemment très fier de lui. On est très proches, on a une bonne relation.

Simon Yates

Simon a mis du temps à réaliser ce qui venait de se passer : « Même durant la soirée, tu vois la réaction dans les médias et tout ce qui entourait ce moment. C’était vraiment spécial. »

Grâce à sa première victoire d’étape au Tour, Adam a eu l’honneur de revêtir le maillot jaune pour la deuxième fois de sa carrière. Le représentant de la formation UAE Team Emirates, qui abordait la course comme lieutenant en montagne pour Tadej Pogačar, s’est soudainement retrouvé sous les feux de la rampe.

Il fallait le voir au départ de la quatrième étape, à l’ombre des arènes de Dax, tentant d’avoir un moment d’intimité avec sa femme Lisa alors qu’une nuée de partisans et de suiveurs les entouraient. Leur chienne Zoé, un samoyède souriant, est devenue une vedette des réseaux sociaux.

PHOTO SIMON DROUIN, ARCHIVES LA PRESSE

Adam Yates et sa conjointe Lisa au Tour de France

Adam a souri mercredi en revoyant cette photo parue dans La Presse ce jour-là, demandant de se la faire envoyer.

« On dirait que ça fait si longtemps, a-t-il d’abord réagi. Ce n’est pas naturel pour moi de me retrouver dans ce genre de situation. Mais mener la plus grande course cycliste au monde est un immense privilège et un immense honneur. Ça n’arrive pas tous les jours et on doit en profiter. »

La présence de Simon à son côté a évidemment rendu l’expérience encore plus particulière. En point de presse après l’étape, il avait dit qu’il s’attendait à ce que son jumeau soit « un emmerdeur » dans les jours suivants.

Jumeaux, rivaux et voisins

Interrogé à ce sujet, le principal intéressé a assuré que tout s’était bien déroulé sur la route… « Nous ne sommes pas vraiment des rivaux, on s’entend très bien, a souligné Simon. On s’est taquinés un peu, mais ce n’était rien de sérieux. »

Leurs parents les ont suivis en Espagne en autocaravane. « Ils sont maintenant à la retraite et ils peuvent profiter de la vie, s’est réjoui Adam. Simon et moi sommes leurs deux seuls enfants. Ça n’arrive pas tous les jours de voir tes deux garçons terminer premier et deuxième à la première étape comme ça. C’était fantastique. »

Le coup d’éclat des Yates ne s’est pas limité au grand départ. Même s’il a constamment chaperonné Pogačar jusqu’à sa défaillance fatale au pied du col de la Loze, Adam a réussi à grimper sur la troisième marche du podium, un sommet personnel après sa quatrième place en 2016.

PHOTO YVES PERRET, FOURNIE PAR GPCQM

Adam Yates

« Au départ, la stratégie était de me garder bien positionné au classement général, voir comment ça irait et jouer avec ça un peu. À la fin, l’équipe m’a appuyé pour que je puisse m’essayer pour le podium. C’était super gentil de sa part. On a fait une bonne course. On n’a pas gagné [Pogačar a fini deuxième], mais on a eu deux gars sur le podium et deux victoires d’étape. »

Simon, lui, a terminé en force pour remonter à la quatrième place du classement général, surpassant son septième rang de 2017.

« C’est énorme », a convenu le lauréat de la Vuelta et du classement des points du WorldTour en 2018.

« C’est mon meilleur résultat au Tour, je dois en être content. Au-delà de ça, il y a la performance, les chiffres. Tout le monde dit à quel point les performances ont explosé. Dans les circonstances, quatrième était le mieux que je pouvais faire. J’ai donc franchi un pas. »

J’espère continuer à progresser avant que je devienne trop vieux.

Simon Yates

Les jumeaux, qui sont voisins en Andorre, auront des rôles différents pour les Grands Prix de Québec et de Montréal, vendredi et dimanche.

Onzième de la classique du Maryland la semaine dernière, Simon se concentrera surtout à appuyer son leader australien Michael Matthews, sacré deux fois sur la Grande Allée (2018 et 2019) et une fois sur le mont Royal (2018).

« On arrive avec une équipe forte, a estimé celui qui en est à sa première visite depuis 2015. On peut être agressif ou on peut être assez défensif et tenter de jouer le sprint [à Québec]. Ça dépendra aussi de ce que les autres formations entendent faire. »

Adam, un habitué des classiques canadiennes, comptera lui aussi sur un escadron redoutable comprenant deux ex-gagnants à Montréal, le Belge Tim Wellens (2015) et l’Italien Diego Ulissi (2017). Le Suisse Marc Hirschi, ancien champion mondial espoir, semble également revenu à son meilleur niveau et le Polonais Rafal Majka est un grimpeur d’exception.

« Québec ne me convient pas autant que Montréal, a-t-il précisé. Ça se décide plus par un sprint d’un groupe réduit. Montréal est un peu plus dur. Je me sens bien dans la montée. Je crois avoir fini dans le top 10 aux deux courses l’an dernier [7e et 4e]. Souhaitons du pareil au même. »

Parole de jumeau identique.