(Québec) Il n’y a pas que le tramway et la course à pied dans la vie, même pour le maire de Québec.

Bruno Marchand a prononcé un vibrant plaidoyer pour le vélo en général et le vélo féminin en particulier lors de la conférence de presse d’ouverture du Grand Prix cycliste de Québec, mercredi après-midi.

« Québec va devenir la Belgique du vélo », a-t-il même prédit, tant pour l’organisation d’une compétition au plus haut niveau que pour la pratique sportive, récréative ou simplement utilitaire.

Les aménagements se multiplient dans la capitale nationale et àVélo, le service de location en libre-service de vélo à assistance électrique, connaît un franc succès à sa deuxième année d’existence. Même Ivan Waddell, membre des équipes olympiques de 1988 et 1992, s’y est mis.

« Peu importe comment tu fais du vélo, on est tous cyclistes, a affirmé M. Marchand. Malheureusement – ou heureusement –, les changements climatiques font en sorte qu’on va tous l’être encore plus, qu’on aime le vélo ou pas. Et si on ne veut jamais prendre le vélo, on se réjouira que d’autres le prennent, ça nous libérera de l’espace. Et pour ça, on a besoin de faire de l’espace, de créer des occasions, de créer des endroits, mais aussi de soutenir nos Grands Prix. »

Tout pour plaire à Sébastien Arsenault. Le PDG des Grands Prix cherche à renouveler l’entente avec Québec qui vient à échéance cette semaine. À l’évidence, la confiance règne des deux côtés.

PHOTO YVES PERRET, FOURNIE PAR GPCQM

Marion Rousse tient le trophée qui sera remis aux vainqueurs des Grands Prix de Québec et de Montréal. Elle est accompagnée de Sébastien Arsenault (à gauche), du maire de Québec, Bruno Marchand, et de Jean-Philippe Caron, président et chef de la création de Protocole Trophées d’exception.

À quand une course féminine ?

Le maire de Québec avait amorcé son discours en saluant la présence dans la salle de Marion Rousse. La directrice du Tour de France Femmes et consultante pour France Télévisions analysera les deux courses en direct sur TVA Sports, vendredi et dimanche.

Bruno Marchand a décrit l’ex-championne de France comme une « grande contributrice » de l’essor du vélo féminin.

« Merci de faire ce travail vers l’égalité, vers la parité, vers cette capacité de dire à nos filles qu’il y a de la place pour elles aussi », a lancé celui dont la fille fait de la compétition.

« Heureuse et très fière » d’être l’objet d’un tel hommage, Marion Rousse a été surprise par la sortie du maire.

« On sentait vraiment que ce n’était pas un discours pré-écrit. C’était tout naturel. On sent aussi que c’est un passionné de sport. »

Ce discours est en phase avec ce qu’elle entend dans son pays. « Ça montre que les mentalités ont changé et que l’égalité hommes-femmes dans le cyclisme est très importante. Le cyclisme féminin marche bien. Depuis la création du Tour de France Femmes [en 2022], du point de vue du spectacle, on n’a rien à envier au cyclisme masculin. »

Interrogé à ce sujet, Sébastien Arsenault a témoigné de l’ouverture pour l’organisation d’une course féminine. « Ce serait un rêve », a réagi l’homme d’affaires, réitérant cependant qu’une telle épreuve devrait se tenir dans les mêmes conditions que celles des hommes « de A à Z ».

« Ça prendrait de la volonté politique parce que nos évènements sont majoritairement financés par les pouvoirs publics. Mais je crois qu’ils ont un beau retour sur investissement. […] On a le potentiel d’amener ça encore plus loin à Québec et à Montréal. C’est notre rêve et, oui, ça passe par les femmes. »

D’ici là, Marion Rousse se familiarise avec l’accent québécois, sa première crainte quand l’organisation l’a contactée…

Le retour de Duchesne

Un an après l’annonce émotive de sa retraite surprise, Antoine Duchesne est de retour au Québec pour donner un coup de main aux Grands Prix cyclistes (GPCQM).

À titre d’ambassadeur au « Club des leaders », l’ex-coureur de 31 ans partagera son expérience de double participant au Tour de France, aux deux autres grands tours (Vuelta et Giro) et aux Jeux olympiques.

Duchesne accompagne également les membres de l’équipe dans tous les aspects de l’organisation. Sans savoir où cela le mènera, le Saguenéen voit son implication comme « un devoir ».

« Sans l’invitation des Grands Prix, je n’aurais pas participé à la course en 2012 et je n’aurais pas rencontré le directeur sportif Sébastien Joly qui m’a embauché chez Europcar l’année suivante et que j’ai rejoint plus tard chez Groupama-FDJ. »

L’ex-champion canadien n’est pas certain de vouloir faire carrière dans l’organisation de courses, mais il souhaite transmettre son savoir, en particulier aux plus jeunes.

Chose certaine, les responsables des GPCMQ souhaitent l’intégrer dans leur équipe en prévision des Championnats du monde de Montréal en 2026.

Après avoir vendu sa maison en France, Duchesne viendra s’installer au Québec à l’automne avec sa femme et son fils d’un an et demi. Avant de partir de France, il a tenu la forme en maniant la grelinette pour aménager son magnifique jardin.

À quand une autre WorldTour ?

Toujours titulaire d’une troisième licence WorldTour de l’Union cycliste internationale, Sébastien Arsenault n’a pas abandonné l’idée de créer une troisième course au Québec. « On ajouterait trois jours [à l’évènement] », a calculé le PDG des GPCQM, qui n’écarte pas la possibilité de modifier le calendrier traditionnel, soit une épreuve à Québec le vendredi et une autre à Montréal le dimanche.

À première vue, la nouvelle compétition serait moins éprouvante et pourrait sourire davantage aux sprinteurs.

Arsenault a évoqué la région de l’Estrie pour sa « topographie magique », sa « féérie des couleurs à l’automne » et sa proximité avec Québec et Montréal. Il a mentionné Bromont et son nouveau vélodrome comme point de départ ou de passage.

« Tourisme Cantons-de-l’Est était prêt à mettre un bon montant d’argent, dans les sept chiffres, pour trois ans », a révélé l’organisateur qui doit « rediscuter avec les gens du provincial ».

« C’est la prochaine étape. Ça doit venir du provincial. Ce sont des volontés politiques. Je me demande parfois : donnent-ils trop pour le vélo ? Parce qu’on vient de faire des demandes pour les Championnats du monde [de 2026]. Mais je crois qu’on donne énormément aussi. »

PHOTO YVES PERRET, FOURNIE PAR GPCQM

Julian Alaphilippe en point de presse mercredi à Québec

Alaphilippe cherche encore la recette

Un cycliste a paru intrigué par la présentation des Championnats du monde à Montréal en 2026 : Julian Alaphilippe. Sur papier – et s’il n’a pas décliné d’ici là –, le mari de Marion Rousse serait un coureur taillé sur mesure pour le mont Royal.

En quatre présences au Québec, l’ex-double champion mondial n’est jamais parvenu à monter sur le podium, terminant septième dans la métropole en 2016 et septième dans la ville de Régis Labeaume en 2019.

« C’est parce qu’il y a plus fort, parce que je fais des erreurs, parce que je n’ai pas le niveau pour gagner à ce moment-là, je ne sais pas », a évalué Alaphilippe mercredi.

Le Français de Soudal Quick-Step a rappelé qu’il n’avait jamais gagné à Liège-Bastogne-Liège, où le profil est pourtant favorable à un cycliste explosif comme lui.

« J’adore les parcours [de Québec et Montréal]. Ce sont des courses dynamiques. Il y a du mouvement. Ce sont des courses de type puncheur, je ne peux pas rêver mieux. Mais il faut être à 100 % pour gagner sur ce genre de course. »

Il ne l’est pas encore, mais il a promis de « donner le maximum » pour son équipe cette semaine.