(Québec) Annoncé depuis le début de la semaine comme leader désigné d’Israel-Premier Tech, parfois devant des regards interrogateurs, Corbin Strong s’est révélé à la hauteur des attentes en terminant deuxième du Grand Prix cycliste de Québec, vendredi après-midi.

Seul le jeune Belge Arnaud De Lie (Lotto Dstny) est venu à bout du Néo-Zélandais de 23 ans, qui a résisté au vétéran australien Michael Matthews (Jayco AlUla), troisième.

La veille de la course, Guillaume Boivin avait même prédit à Hugo Houle que ces trois hommes monteraient sur le podium.

« Nous, on savait de quoi il était capable », a assuré Boivin, 41e et encore meilleur Canadien à Québec.

PHOTO JACQUES BOISSINOT, LA PRESSE CANADIENNE

Guillaume Boivin

Pendant le Tour de France, on parlait de l’aider et de miser sur lui [au sprint]. Tout le monde nous regardait un peu comme si on faisait n’importe quoi. J’ai toujours cru qu’il avait le talent pour le faire.

Guillaume Boivin, coéquipier de Strong et meilleur Canadien

Reconnaissant de cette confiance et de la pression qui l’accompagnait, Strong s’est réjoui d’avoir pu récompenser ses coéquipiers et ses employeurs.

« C’est un gros résultat pour moi, a souligné le Kiwi. J’ai couru à un bon niveau cette année, mais il me manquait un résultat de premier plan comme celui-là. C’est vraiment bien de l’obtenir ici à Québec. C’est une course spéciale pour l’équipe et je suis très heureux. »

Strong a bénéficié de l’expérience de ses collègues canadiens comme Boivin et Hugo Houle (50e, + 13 s), qui l’ont mis dans une bonne position avant l’ultime ascension de la côte de la Montagne, principale difficulté du circuit située à un peu moins de quatre kilomètres de la ligne d’arrivée.

« On a bien géré ça », a analysé Houle, « un peu limite » vendredi.

« Je pense qu’il est resté dans ma roue durant tout le dernier tour. J’ai réussi à le placer top 5, top 10 au pied de la côte de la Montagne. J’ai dit : “Let’s go, Corbin !” Moi, j’étais un peu fatigué des efforts que j’avais faits. Je suis content de savoir que Corbin a réussi à décrocher le podium. C’est important pour nous, surtout ici à la maison. C’est mission accomplie. »

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Le peloton au détour de Place Royale

Michael Woods (49e) a été un élément clé de la deuxième place de Strong, qu’il a conduit en tête de course avec quelque 800 m à faire.

« Je suis très fier de la performance de Corbin alors qu’il avait toute la pression de l’équipe sur ses épaules, a commenté le gagnant d’étape du dernier Tour de France. Personnellement, je me sentais bien et ça me dit que je suis prêt pour Montréal [dimanche]. »

Regard assassin d’Alaphilippe…

Autre apprentissage pour Strong : il a été l’objet d’un regard assassin et de hochements de tête du double champion mondial Julian Alaphilippe (9e). La cause : il avait laissé un trou dans la file au moment où le peloton roulait à fond avec trois tours à faire.

« Il y a eu un peu de carnage dans la zone de ravitaillement et j’ai presque touché la roue du gars qui me précédait, s’est défendu Strong. Ça m’a évidemment fait freiner et il y a eu un petit écart devant moi. Mon approche était de le refermer tranquillement plutôt que de sprinter. Je n’ai pas bouché le trou assez rapidement et il est un coureur expérimenté. Je lui présente mes excuses de ne pas l’avoir fait aussi vite qu’il le souhaitait. »

Assurant qu’il n’y avait là « rien de personnel », Corbin Strong a réitéré qu’il était « jeune et en apprentissage ».

Sa deuxième place lui vaudra-t-elle un plus grand respect parmi ses pairs ? « Tout le monde devrait avoir le même respect. Personne n’est plus gros que les autres dans le peloton. Je ne pense pas que ce soit une bonne chose d’attaquer un coureur simplement parce qu’il ne gagne pas de course. Pour moi, ça ne va rien changer. Ma deuxième place me donne juste confiance en ma capacité à me battre pour la victoire. »

Capitaine Côté

Même s’il n’avait pas les jambes pour aspirer au top 20 souhaité, Pier-André Côté a joué à la perfection son rôle de meneur de l’équipe nationale canadienne. Le cycliste de Lévis a été l’un des derniers à s’accrocher au peloton de tête au son de la cloche annonçant le dernier des 16 tours de l’épreuve. Il a finalement terminé 66e, à 1 min 27 s du vainqueur.

Côté a salué la bravoure de son jeune coéquipier Félix Hamel, qui a tout tenté pour rejoindre l’échappée, avant de se relever. À son premier départ dans une épreuve de niveau WorldTour, l’athlète de 19 ans de Sainte-Julie a abandonné avant la fin de l’épreuve.

« Ça a été quand même dur et on a manqué le coup en tant qu’équipe, a exposé Côté. C’est Félix Hamel qui y est allé. C’était brave, il fallait le faire. On n’a pas le choix d’être devant et d’au moins essayer. Il a payé pour ensuite, mais c’est tout à son honneur d’essayer. »