Le doublé Tour de France–Giro n’est pas le seul auquel voudra s’attaquer Tadej Pogačar l’an prochain. Le cycliste slovène a inscrit les Grands Prix de Québec et de Montréal à son programme de 2024, a-t-il annoncé, lundi, en marge d’un camp d’entraînement de son équipe UAE Team Emirates en Espagne.

Vainqueur en 2022 à son unique présence sur le mont Royal, Pogačar s’était désisté à la dernière minute en septembre dernier, préférant préserver ses énergies pour les classiques italiennes après un Tour de France (2e pour la deuxième année de suite) et des Championnats du monde éprouvants (médaille de bronze).

Un tel forfait est évidemment toujours possible l’an prochain. Les changements de calendrier sont le lot de tout coureur cycliste, jamais à l’abri d’une baisse de forme, d’une blessure ou d’autres types d’imprévus. Les 13 et 15 septembre, dates des deux classiques canadiennes, sont encore très loin, d’autant que Pogačar se projette également sur les Jeux olympiques de Paris (3 août), même s’il juge que le parcours « n’est pas parfait » pour lui et qu’il ne garantit pas sa participation.

Cela lui laisserait néanmoins six semaines avant de poser les roues dans la ville de Bruno Marchand, où il s’était classé 24e en septembre 2022. Cette période est amplement suffisante pour refaire un cycle complet d’entraînement en amont des seules épreuves WorldTour présentées dans les Amériques.

Comme par le passé, les GP de Québec et de Montréal retrouvent leur position idéale deux semaines avant les Championnats du monde, qui auront lieu à Zurich du 22 au 29 septembre. Pogačar en fait son principal objectif en 2024, d’où l’importance de s’aligner au Québec juste avant.

L’an dernier, les premiers « super » Mondiaux, regroupant sept disciplines, se sont tenus en Écosse au mois d’août, ce qui a probablement contribué à l’absence de quelques têtes d’affiche au Québec. Le Slovène avait lui-même beaucoup souffert à la fin d’un duel à finir avec le Néerlandais Mathieu van der Poel et le Belge Wout van Aert, respectivement médaillé d’or et d’argent à Glasgow.

Autre élément qui milite en faveur de la présence de « Pogi » parmi les nids-de-poule et les cônes orange de la métropole : il a rayé les classiques et semi-classiques italiennes de l’automne de son agenda, à l’exception du Tour de Lombardie, un monument qu’il cherchera à remporter pour la quatrième fois de suite le 12 octobre.

« Le plus grand coureur que j’ai vu »

Un coursier de la trempe de Pogačar n’établit pas son calendrier au hasard. Avec la direction sportive de sa formation, son coach et probablement son agent, il cible des objectifs qui l’allument et qui sont positionnés de façon logique dans la programmation de son entraînement, qui inclut les incontournables stages en altitude. Le double champion du Tour de France (2020 et 2021) est un coureur hors norme, avec une capacité de s’illustrer à longueur d’année et sur tous les terrains, comme en fait foi son triomphe au Tour des Flandres, son épreuve préférée qu’il met de côté à regret en 2024.

L’idée est de « ne pas répéter les mêmes courses chaque année, de changer un peu le calendrier, la vie… créer de nouveaux défis », a exposé Pogačar à quelques médias lundi, comme rapporté par l’ancienne cycliste canadienne Kirsten Frattini, journaliste pour cyclingnews. com.

Si je répète la même histoire chaque année, ce ne sera pas bon pour mon corps. Ils ont vu ça dans l’équipe, et quand je leur ai proposé, ils ont immédiatement répondu oui.

Tadej Pogačar

Bref, rien n’est coulé dans le béton, mais il n’est pas interdit de rêver de voir débarquer le coureur le plus spectaculaire au monde en septembre 2024. En cette période morte pour le cyclisme sur route, le jeu des spéculations va bon train chez les amateurs, qui s’interrogent sur la capacité de Pogačar de réaliser le doublé Giro–Tour de France, 25 ans après Marco Pantani.

Déjà détenteur de deux tuniques jaunes (2020 et 2021), l’athlète de 25 ans s’estime prêt à tenter un pari que Chris Froome et Alberto Contador sont les derniers à avoir perdu.

« Tadej a 25 ans, il avait besoin d’un nouveau défi et il est prêt à le relever, a assuré son manager sportif Joxean Fernandez Matxin à l’Agence France-Presse. C’est ambitieux, mais si quelqu’un peut y arriver, c’est lui. C’est le plus grand coureur que j’ai vu de toute ma carrière. Il est spécial. »

Pogačar fera ses débuts au Tour d’Italie, épreuve dans laquelle il se projette depuis ses premiers coups de pédale dans la Slovénie voisine.

« J’en ai toujours rêvé, mais avec mes victoires sur le Tour, je n’avais vraiment jamais eu le temps, a-t-il expliqué dans des propos publiés dans L’Équipe. Je ne suis plus très jeune, je peux maintenant faire les deux. Le temps est venu de relever ce nouveau challenge dans ma carrière. »

Pourquoi ne pas aussi viser le doublé Québec–Montréal, réussi par les Australiens Simon Gerrans (2014) et Michael Matthews (2018) ?

Le club des sept coureurs ayant réussi le doublé Giro-Tour de France

  • Fausto Coppi (1949-1952)
  • Jacques Anquetil (1964)
  • Eddy Merckx (1970, 1972 et 1974)
  • Bernard Hinault (1982 et 1985)
  • Stephen Roche (1987)
  • Miguel Indurain (1992 et 1993)
  • Marco Pantani (1998)