(Adélaïde) Première course World Tour et première victoire : le Mexicain Isaac Del Toro, nouveau phénomène du cyclisme mondial, justifie déjà sa réputation au Tour Down Under, où il marche dans les pas de Tadej Pogacar, qu’il a rejoint cet hiver dans l’équipe UAE.

Il est évidemment impossible de prédire si le Mexicain de 20 ans réussira une carrière à l’image du champion slovène, double vainqueur du Tour de France. Mais la comparaison a sauté aux yeux de nombreux observateurs mercredi lorsque le jeune homme s’est dressé sur les pédales dans le dernier kilomètre de la deuxième étape.

« Une attaque Pogacar-esque », s’est enthousiasmée la légende du sprint australien Robbie McEwen devenu consultant télé. « Il m’a dépassé en allant deux fois plus vite », a rapporté Finn Fisher-Black, coéquipier du prodige mexicain qui a ensuite résisté au retour du peloton pour remporter sa première victoire en pro, dès sa première course.

« C’est trop tôt pour le dire. Tadej est l’élu. Donc il faut voir, a temporisé Marco Marcato, directeur sportif d’UAE. Mais c’est clair que Del Toro a l’avenir devant lui. Il est déjà très fort et il va encore progresser. »

Les similitudes avec Pogacar sont là, jusqu’à la petite mèche qui dépasse du casque et une certaine dégaine sur le vélo.

Comme Pogacar en 2019, le jeune Del Toro a gagné l’an dernier le Tour de l’Avenir, le Tour de France des moins de 23 ans. Il a remporté non seulement le classement général, mais aussi le classement de la montagne, celui aux points et le maillot de meilleur jeune, ainsi que l’étape-reine, au sommet du col de la Loze.

Et, comme Pogacar, il lève les bras dès sa première année en professionnel, alors qu’il vient lui aussi d’un pays sans grande tradition cycliste sur la route.

« J’ai cru que c’était la fin »

Avant la victoire de Del Toro mercredi, Julio Perez Cuapio, vainqueur de trois étapes du Giro en 2001 et 2002, était le dernier Mexicain à s’être imposé à ce niveau.

« C’est fou, a-t-il réagi sur la ligne. Je suis très émotif. L’année dernière avait déjà été irréelle. Mais là, c’est trop… La vie est douce avec moi en ce moment, normalement ça ne se passe pas comme ça. »

L’ascension de Del Toro a été freinée en 2022 par une fracture au fémur qui l’a mis sur la touche pendant sept mois. « J’ai cru que c’était la fin de ma carrière », a-t-il expliqué fin décembre lors d’un stage d’avant-saison en Espagne.

Le Mexicain, que son père avait mis sur un vélo très jeune pour faire la course avec son frère dans leur ville natale d’Ensenada, en Basse-Californie, a rejoint l’Europe dès l’âge de 15 ans pour faire ses armes avec la modeste équipe italienne A. R. Monex.

Un exode qu’il n’a jamais considéré comme un sacrifice. Déjà déterminé à se faire un nom, inspiré par les exploits de Chris Froome et Nairo Quintana sur le Tour de France, il partage alors une maison à Saint-Marin avec d’autres jeunes coureurs mexicains.

« J’étais loin de la famille et des amis, mais j’étais bien accompagné. Et ça m’a permis de rester concentré, loin des distractions. »

Après sa victoire au Tour de l’Avenir, son « téléphone a explosé ». Convoité par de nombreuses équipes, il a signé pour trois saisons chez UAE qui s’est fait une spécialité de développer de phénomènes, comme Pogacar ou l’Espagnol Juan Ayuso.

« On le suivait depuis les amateurs et c’était le bon moment de le faire venir. Il est bon en montagne, mais aussi très à l’aise dans le peloton et il lit bien la course », indique Marco Marcato avant de constater : « il a encore beaucoup à apprendre. Mais, visiblement, il apprend vite. »