Marc Santerre ne comprend toujours pas pourquoi son contrat n'a pas été renouvelé avec les Carabins de l'Université de Montréal. «On ne m'a donné aucun signe négatif tout au long de mes cinq années avec l'équipe», a regretté vendredi celui qui a mené les Carabins à une fiche de 5-4 et au deuxième rang de la conférence québécoise cette saison.

«Et je constate que les joueurs ont été traités de la même façon que moi, alors que la direction a refusé de les écouter sérieusement. C'est dommage, mais l'esprit des Carabins est mort aujourd'hui.»

Santerre a été avisé mercredi de la décision de la direction des programmes sportifs, une décision basée sur le rapport d'un comité d'évaluation.

«Ma patronne Manon Simard m'avait présenté ce comité comme un outil pour institutionnaliser l'équipe dans l'ensemble de l'Université. Elle trouvait qu'elle portait tout le poids du programme au niveau institutionnel et souhaitait impliquer les autres instances.

«Je devais être consulté, les joueurs aussi, mais chaque fois que j'ai posé des questions cette année, on me répondait que tout allait bien. On m'a aussi rassuré quand j'ai mentionné les rumeurs au sujet de la venue de Danny Maciocia, expliquant qu'il était un entraîneur de la LCF et n'avait pas le profil recherché...

«Et on m'est arrivé mercredi avec l'annonce du non-renouvellement de mon contrat! Sans me donner la moindre raison précise.

«On a parlé d'un problème d'indiscipline (l'équipe était la plus punie au Québec), mais je m'étais attaqué au problème cette saison et la situation était bien meilleure, a souligné Santerre. Par ailleurs, si on m'écarte pour la mêlée de 40 secondes survenue lors du match contre Bishop's, c'est vraiment incompréhensible.»

Le facteur humain

La direction a évoqué les résultats académiques inférieurs aux moyennes, tout en soulignant les efforts de Santerre pour recruter des joueurs dans des secteurs plus difficiles de Montréal.

«J'ai l'impression que la direction a oublié le facteur humain dans tout cela, comme si ça les dérangeait, a estimé Santerre. Cela fait plus de 25 ans que je travaille avec des athlètes étudiants - 22 ans au Cégep du Vieux-Montréal et cinq années ici - et je n'ai jamais compté mes heures pour aider des jeunes à réussir leurs études.

«C'est quelque chose auquel je crois profondément, un esprit justement auquel les joueurs adhéraient sans réserve et qui a permis à ce programme d'atteindre d'excellents résultats tout en formant des individus qui sont ou seront des leaders dans la société.

«C'est cet esprit qui nous différenciait des autres programmes de football, de Laval ou de Sherbrooke par exemple, là où le football est plus une affaire et où seule la performance est importante.

«Pourtant, même un Jacques Tanguay (l'homme d'affaires qui parraine le Rouge et Or de Laval) aurait agi avec plus de respect avec moi et avec les joueurs que la direction de l'UdeM...»

Santerre n'a pas été étonné d'apprendre que plusieurs joueurs des Carabins menaçaient de quitter l'équipe. «Ces jeunes hommes s'étaient joints à nous parce qu'ils croyaient aux valeurs de l'équipe et à l'esprit que nous avions créé», a expliqué l'entraîneur.

«Plusieurs auraient pu aller ailleurs, à Laval ou Sherbrooke, mais ils avaient choisi les Carabins. Les raisons qui avaient motivé ce choix ne sont malheureusement plus là.»

Avocat de formation, professeur de droit à l'Université de Montréal, Santerre affirme n'avoir pas encore songé à l'avenir. «Je suis encore profondément attaché aux joueurs et à l'équipe des Carabins, a-t-il reconnu. Je ne sais pas ce que l'avenir me réserve.

«Je suis Montréalais et je me dévoue depuis longtemps pour le développement de la communauté à travers le sport et les études. Je veux rester fidèle à ces valeurs dans mes prochains défis.»

On murmurait déjà vendredi que les Redmen de McGill pourraient lui offrir le poste d'entraîneur-chef. Sonny Wolfe, l'entraîneur actuel, est âgé de 67 ans et il a déjà été l'adjoint de Santerre avec les Carabins.