Le consortium montréalais Kollide est l’un des trois lauréats du NFL Helmet Challenge

Dans quelques années, les Benjamin
St-Juste, Laurent Duvernay-Tardif, Antony Auclair et Pier-Olivier Lestage porteront peut-être un casque conçu au Québec.

Il n’y a pas de garantie, mais l’idée n’est pas farfelue non plus. Le prototype de casque de football présenté par le consortium Kollide – composé de quatre entreprises d’ici, en collaboration avec l’École de technologie supérieure (ETS) – a récolté de meilleurs résultats aux tests de sécurité de la NFL… que ceux qui sont actuellement utilisés sur les terrains du circuit Goodell.

PHOTO HUGUES RIVEST, FOURNIE PAR KOLLIDE

L’équipe du consortium Kollide, établi à Montréal, un des trois gagnants du NFL Helmet Challenge. De gauche à droite : Franck Le Navéaux, Éric Gaudreau, David Benoit, Bastien Jourde, Gabriel Boutin, Dustin Arless, Yvan Petit, Martin Laberge, Hugues Rivest et Eric Wagnac.

C’était l’objectif du NFL Helmet Challenge. Le concours, lancé en 2019, vise l’accélération de la conception de casques plus sûrs pour les athlètes. L’enjeu des commotions cérébrales au football est bien documenté. Et il a coûté à la Ligue des centaines de millions en poursuites intentées par d’anciens joueurs.

Travailler sur un casque plus sûr pour la NFL, c’est donc un peu l’Everest de la fabrication d’équipement sportif.

« C’est pour ça qu’on s’est embarqués dans ce défi-là », indique Franck Le Navéaux, porte-parole et coordonnateur du projet NFL Helmet Challenge chez Kollide.

Il y a environ deux ans, les entreprises Tactix, Kupol, Numalogics et SS3D se sont donc réunies dans le but de préparer un projet qui se démarquerait.

Mission accomplie. En 2020, parmi une centaine de groupes – entreprises ou universités – ayant proposé leur concept et présenté leur équipe, Kollide a reçu l’une des quatre bourses fournies par la NFL. Un chèque de 230 000 $ US pour l’élaboration d’un premier prototype. Neuf autres entreprises ont décidé de poursuivre l’aventure sans aide financière de la Ligue.

Les 13 groupes devaient soumettre leur casque à la NFL en juillet dernier pour des tests respectant les normes du circuit, conduits par un laboratoire indépendant. Au terme de ceux-ci, la Ligue en a sélectionné trois, dont Kollide, qui recevront une deuxième bourse pour pousser davantage leurs recherches. Cette fois, la somme allouée aux Québécois est de 550 000 $ US.

  • Le casque développé par le consortium Kollide

    PHOTO FOURNIE PAR KOLLIDE

    Le casque développé par le consortium Kollide

  • Le casque développé par le consortium Kollide

    PHOTO FOURNIE PAR KOLLIDE

    Le casque développé par le consortium Kollide

  • Le casque développé par le consortium Kollide

    PHOTO FOURNIE PAR KOLLIDE

    Le casque développé par le consortium Kollide

1/3
  •  
  •  
  •  

Le consortium montréalais s’est vu attribuer la plus forte enveloppe des trois finalistes. Les deux autres sont des équipementiers actuels : Xenith et un consortium qui comprend un acteur important, Schutt Sports.

« Ç’a été un pari pour nous de nous dire :
“OK, on investit ces ressources-là, matérielles, financières et humaines, pour essayer en un an de concevoir un casque”, admet Franck Le Navéaux. Cette deuxième bourse nous met du fuel pour aller encore plus loin. Et aussi, ça assoit notre capacité à produire des technologies qui ont des chances de révolutionner les équipements de protection. »

235 commotions par saison

Une révolution, c’est précisément ce que souhaite la NFL.

« Le NFL Helmet Challenge aspire à une révolution, pas seulement une évolution », a dit Jeff Miller, vice-président directeur de la NFL chargé des communications et des affaires publiques, lundi, lors du dévoilement des trois lauréats.

La ligue recense en moyenne 235 commotions cérébrales par an sur ses terrains, un chiffre qui englobe les matchs préparatoires et les entraînements. Ces données seraient peut-être jugées en deçà de la réalité par des experts indépendants. Mais ce sont les chiffres officiels de la NFL.

Consultez les chiffres de la NFL (en anglais)

La deuxième bourse, que recevra sous peu Kollide, doit servir à raffiner son casque. Pour passer d’un prototype à un produit qui peut être commercialisé.

Au bout du compte, ce n’est toutefois pas la Ligue elle-même qui optera, ou pas, pour l’utilisation du casque québécois. Par l’entremise de son concours, la NFL veut « stimuler et soutenir » l’innovation, précise M. Le Navéaux.

Nuance importante : la Ligue possède le pouvoir de bannir des casques – ceux qui ne passent pas ses tests avec succès –, mais pas celui d’en imposer, souligne le porte-parole de Kollide. Les équipes et les joueurs sont libres de faire leur choix parmi les produits autorisés.

Donc, rien n’est acquis pour le consortium, malgré les succès actuels. Mais c’est de bon augure.

« On sait que la NFL va toujours pousser pour que les joueurs portent les meilleurs casques. Donc, c’est à nous de faire le travail », fait valoir Franck Le Navéaux.

Dans six mois, les trois finalistes devront présenter une nouvelle mouture à la NFL, puis une autre dans un an.

« Parce qu’ils veulent monitorer comment on évolue dans notre prototype », explique-t-il.

Impression 3D

La raison du concours demeure la prévention des commotions cérébrales. La diminution de leur gravité, à tout le moins. Mais, ultimement, l’esthétisme, le poids et tous les critères pouvant influencer la performance du joueur compteront aussi dans la vie ou la mort du produit de Kollide.

Quoi qu’il en soit, même si le concours ne menait pas le consortium québécois – seul groupe canadien parmi la centaine au départ – dans les vestiaires de la NFL, il ne s’arrêtera pas là pour autant.

Parce que son approche novatrice, qui met à contribution l’impression 3D pour la fabrication de ses coussinets « architecturés » – au détriment de la simple mousse –, Kollide compte bien l’étendre à l’équipement d’autres sports. Et pas seulement à des pièces portées sur la tête.

« On pourrait l’inclure dans des gants de boxe, des protège-tibias, des protecteurs de dos pour la moto, énumère Franck Le Navéaux. Il y aurait plein d’applications. Il y a beaucoup de belles choses, je pense, qui vont sortir de ça. »