Pour la première fois depuis 2017, ce ne sera probablement pas un quart-arrière qui sera le premier joueur sélectionné au repêchage de la NFL, qui s’amorcera avec le premier tour jeudi soir. Ça ne veut cependant pas dire que la cuvée de passeurs de 2022 n’est pas intrigante, bien au contraire. Plusieurs d’entre eux seront choisis au premier tour et il y en a au moins 5 qui devraient avoir trouvé preneur après les 50 premières sélections. On amorce donc notre dossier en vue du repêchage de la NFL en vous présentant la crème des quarts disponibles.

Ce n’est pas inhabituel, c’est même devenu immanquable. Que les cuvées d’espoirs au poste de quart-arrière soient considérées comme fortes ou ordinaires, la cote des meilleurs passeurs disponibles monte presque toujours vertigineusement dans les mois et les semaines qui précèdent le repêchage de la NFL.

Tout au long de l’automne dernier et même après la période des Bowls, les analystes s’entendaient pour dire que le groupe de quarts-arrières en vue de l’encan de 2022 était médiocre. À l’exception de Kenny Pickett (Université de Pittsburgh) – peut-être –, aucun d’eux ne méritait même d’être choisi au premier tour. Il n’y avait aucune valeur sûre.

À quelques jours du repêchage, on parle maintenant de la possibilité que quatre ou cinq quarts trouvent preneur lors du tour initial, ou au plus tard au milieu du deuxième.

Cette montée en flèche de la cote de certains jeunes passeurs s’explique facilement : pas de quart de premier plan, pas de chance de gagner un Super Bowl. On le sait tous. Mais c’est plus que ça.

Dans une ère où les meilleurs quarts touchent des salaires annuels de 40 à 50 millions, la possibilité d’aspirer au Super Bowl durant quelques années avec un quart qui écoule son premier contrat dans la NFL est de plus en plus attirante. On parle d’une économie annuelle de 30 ou 40 millions, ce qui permet aux équipes qui ont cette chance d’améliorer le reste de leur formation significativement.

Les clubs qui ont atteint le Super Bowl avec un jeune quart qui ne coûtaient pas encore les yeux de la tête ont été nombreux au cours de la dernière décennie. Les Seahawks de Seattle et les Chiefs de Kansas City ont soulevé le trophée Lombardi alors que Russell Wilson (2013) et Patrick Mahomes (2019) écoulaient toujours leur premier contrat. Les deux équipes ont même atteint une deuxième finale.

Nick Foles était le partant lorsque les Eagles de Philadelphie (2017) ont remporté le Super Bowl, mais Carson Wentz leur avait permis de bien se positionner avec une excellente saison « régulière » à sa deuxième campagne. Jared Goff (2018) et Joe Burrow (2021) ont mené les Rams de Los Angeles et les Bengals de Cincinnati jusqu’en finale.

À moins de pouvoir compter sur Tom Brady, qui a par ailleurs souvent accepté moins d’argent qu’il aurait pu obtenir afin de justement permettre à son équipe de s’améliorer, ce n’est pas si simple de construire une formation assez forte pour se rendre jusqu’au Super Bowl lorsqu’on paie son quart-arrière 45 millions par année. Les Rams ont prouvé que c’était faisable il y a quelques mois, mais l’option de miser sur un jeune quart-arrière dont le salaire sera relativement raisonnable à ses quatre ou cinq premières saisons est extrêmement intéressante pour les équipes du circuit.

Cette année, au moins six équipes pourraient logiquement choisir un quart avec leur premier choix : les Panthers de la Caroline (6e choix), les Falcons d’Atlanta (8e), les Seahawks de Seattle (9e), les Commanders de Washington (11e), les Saints de La Nouvelle-Orléans (16e et 19e) et les Steelers de Pittsburgh (20e).

Si l’on se fie aux experts, il semble y avoir six ou sept quarts-arrières qui possèdent le potentiel pour devenir des partants dans la NFL. Ils n’y parviendront fort probablement pas tous, mais certains d’entre eux, si. En ordre décroissant, voici les quarts qui devraient être les sept premiers repêchés ce week-end.

7. Bailey Zappe

La cote de Bailey Zappe n’est pas aussi élevée que celle des six autres quarts dont il est question dans ce texte. Or, il a connu une brillante carrière à l’Université Western Kentucky, étant l’un des passeurs les plus prolifiques de l’histoire de la NCAA. Le hic, c’est qu’il n’a pas souvent affronté des programmes universitaires de premier plan, alors ses statistiques sont peut-être trompeuses. On dit qu’il devrait être repêché au troisième ou au quatrième tour. Dans le bon système offensif, Zappe pourrait être un quart efficace. À tout le moins, il devrait devenir un bon réserviste, ou encore un joueur étoile dans une autre ligue (LCF, USFL ou XFL) s’il le souhaite éventuellement.

6. Carson Strong

Le football étant ce qu’il est de nos jours, la mobilité est pratiquement indispensable afin qu’un quart puisse connaître du succès. Et ce qui ressort de la cuvée 2022, c’est que la plupart des meilleurs quarts sont mobiles et de très bons athlètes. Il y a toutefois une exception : Carson Strong, de l’Université du Nevada. Colosse de 6 pi 4 po et 225 lb, Strong possède le meilleur bras du repêchage selon la plupart des experts. Il a d’ailleurs réussi plus de 70 % de ses passes en 2020 et en 2021. Le problème, c’est qu’il est un quart de pochette classique, qui doit nécessairement être très bien protégé par sa ligne afin de connaître du succès. Qui plus est, il a déjà subi une sérieuse blessure à un genou. Cela étant dit, la publication spécialisée Lindy’s Sports estime que Strong est au deuxième rang des meilleurs quarts de l’encan après Kenny Pickett. Il y a une quinzaine d’années, Strong aurait probablement été choisi dans le top 5 du repêchage.

5. Sam Howell

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Sam Howell

Il y a un an, Howell était vu comme le favori pour être le premier joueur sélectionné, ou à tout le moins, le premier quart-arrière lors du repêchage de 2022. En partie parce qu’il a perdu plusieurs de ses meilleurs ailiers espacés et demis offensifs après la saison de 2021, dont le porteur Javonte Williams (Broncos de Denver), chez les Tar Heels de l’Université de la Caroline, Howell a moins bien joué la saison dernière que lors de la précédente et sera probablement choisi en fin de premier tour ou au début du deuxième. Costaud (220 lb) même s’il n’est pas très grand (6 pi 1 po), Howell est capable de gagner des verges au sol et ne craint pas de se faire frapper. Il est considéré comme un quart précis pour les longues passes, mais selon ESPN Stats & Informations, il n’a réussi que 33,9 % de ses passes de 20 verges ou plus la saison dernière. Il ne sera sûrement pas un quart-arrière qui réussira 68 ou 70 % de ses passes, mais Howell pourrait être un gagnant qui excelle lorsque ça compte vraiment.

4. Desmond Ridder

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Desmond Ridder

Certaines personnes ne comprennent pas du tout pourquoi Ridder n’est pas au sommet de la liste des meilleurs quarts disponibles des experts. Bon gabarit (6 pi 3 po et 210 lb), bras plus qu’adéquat et capacité à gagner des verges au sol, étant un très bon athlète. Surtout, Ridder a transformé le programme des Bearcats de l’Université de Cincinnati, qui ont atteint le carré d’as de la NCAA pour la première fois de leur histoire grâce à une saison immaculée l’automne dernier. Précisons toutefois que contre le Crimson Tide d’Alabama en demi-finale, Ridder n’a pas été en mesure de générer suffisamment d’attaque pour permettre aux siens d’espérer l’emporter, ce qui pourrait être un prélude de ce qui l’attend dans les rangs professionnels. Or, personne ne sera surpris de voir une équipe le choisir dans la première moitié du tour initial, jeudi soir.

3. Matt Corral

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Matt Corral

Parmi les sept quarts sur cette liste, Corral était le seul qui jouait dans la South East Conference (SEC), de loin la plus forte conférence de la NCAA. En le regardant jouer, il est difficile de ne pas penser à Patrick Mahomes. Corral est un très bon athlète et il dégaine très rapidement. Il est toutefois un peu frêle (205 lb) et ne mesure que 6 pi 1 po. Parce qu’il joue avec abandon et qu’il n’hésite jamais à courir avec le ballon, Corral est susceptible aux blessures. D’ailleurs, il a quitté le Sugar Bowl tôt dans le match, en janvier dernier, après s’être blessé à une cheville. On dit qu’il est le quart-arrière le plus précis du groupe pour ce qui est des passes de 20 verges ou moins. La question est de savoir si sa transition dans la NFL ressemblera plus à celle de Mahomes ou à celle de Johnny Manziel. N’allez cependant pas croire que Corral sera un cas problème comme Manziel à l’extérieur du terrain. Au contraire. Il est un guerrier et l’équipe qui le repêche n’aura aucunement à se soucier de son désir ni de son effort.

2. Malik Willis

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Malik Willis

Il y a trois mois, les experts s’attendaient à ce que Willis soit sélectionné en fin de premier tour au plus tôt. Aujourd’hui, on s’attend plutôt à ce qu’il soit le tout premier quart-arrière repêché et probablement parmi les six premiers espoirs au total. C’est parce que Willis a été étincelant lors du Senior Bowl, en janvier, et lors du camp d’évaluation de la NFL, il y a deux mois. À défaut d’être un passeur constant, Willis possède assurément le bras le plus puissant de cette cuvée et est aussi le plus dangereux avec ses jambes. La combinaison de sa puissance de bras et de ses qualités athlétiques n’est pas sans rappeler celle de Michael Vick il y a une vingtaine d’années. Willis pourrait devenir un quart étoile comme Lamar Jackson ou Josh Allen, mais pourrait également être un échec s’il n’améliore pas sa précision et sa lecture du jeu. Malgré ses grandes qualités athlétiques, Willis a été victime de 51 sacs l’année dernière… En anglais, on qualifie ce genre d’espoirs de boom or bust.

1. Kenny Pickett

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Kenny Pickett

Si Willis représente le plus grand risque parmi les quarts-arrières, Pickett est la valeur la plus sûre. Son plancher est haut, mais son plafond est plus bas que ceux de Willis et de Corral. Le jeu de Pickett est souvent comparé à celui de Joe Burrow, bien qu’il soit moins talentueux que le quart des Bengals de Cincinnati. En ce sens, on peut parler d’un Burrow marque maison. Les passes de Pickett sont précises et il est capable d’obtenir des gains au sol. Ses qualités de leadership sont évidentes et il semble très apprécié de ses coéquipiers. Dans la colonne des points négatifs, il y a le fait qu’il soit âgé d’un an de plus que la plupart des autres quarts, et que ses mains sont particulièrement petites pour un quart-arrière professionnel. C’est un facteur non négligeable qui pourrait mener à un nombre élevé d’échappés. Gardons cependant en tête qu’on disait sensiblement la même chose des mains de Burrow il y a deux ans… Pickett n’a peut-être pas le talent pour devenir une superétoile, mais les probabilités sont fortes qu’il sera un quart plus que respectable dans la NFL, ce qui vaut son pesant d’or. Il sera presque assurément repêché avant le milieu du premier tour.

Sources : Lindy’s Sports, ESPN, ProFootballTalk, Pro Football Focus