Avant de devenir l’un des meilleurs receveurs de l’histoire du club et de la Ligue canadienne de football (LCF), S.J. Green était dans l’équipe d’entraînement des Alouettes. De 2007 jusqu’au milieu de la saison 2009, Green patientait en regardant jouer Ben Cahoon, Jamel Richardson et Kerry Watkins.

« J’ai pris le métro pour venir au stade aujourd’hui et c’était surréaliste, car je le prenais tous les jours lors de mes deux premières saisons. Le prendre à nouveau aujourd’hui m’a permis de me rappeler des souvenirs », a raconté Green, vendredi.

Comme l’avait fait Kyries Hebert le mois dernier, l’ancien numéro 19 des Als a signé un contrat d’un jour pour se retirer en tant que membre des Alouettes, l’équipe avec laquelle il a passé ses 10 premières saisons avant de jouer ses trois dernières à Toronto.

« Je n’ai pas joué depuis 2019, alors je peux maintenant tirer un trait. J’ai eu de la difficulté à ne plus être associé au football, mais j’ai découvert d’autres facettes de moi-même. J’ai passé plus de temps avec ma famille et j’ai compris ce qu’est la vie sans le football. »

Pouvoir vivre cette journée est très spécial pour moi. Je suis très heureux de pouvoir me retirer en tant qu’Alouette.

S.J. Green

En 13 saisons, Green a attrapé 716 passes pour 10 222 verges et a marqué 60 touchés. Il a gagné la Coupe Grey trois fois (2009, 2010 et 2017). Il faisait partie de la machine de football construite par Jim Popp et Marc Trestman qui a dominé la LCF de 2008 à 2012. Une équipe qui possédait du talent à chaque position et plusieurs membres ou futurs membres du Temple de la renommée (Calvillo, Cahoon, Bowman, Flory, Cox, Green, Trestman, Popp…).

« C’était effectivement remarquable. Le mérite revenait au service des dépisteurs. Et l’équipe a réussi à conserver le noyau intact durant plusieurs années. »

Green a remercié sa famille pour son soutien, ses anciens coéquipiers, Montréal et les partisans de l’équipe, ainsi que le président Mario Cecchini et le DG Danny Maciocia pour avoir organisé sa signature de contrat d’un jour. Mais c’est pour Jim Popp et, surtout, Marc Trestman, qu’il a eu les plus beaux mots.

« Ce sont eux qui m’ont donné la chance de jouer ici. Popp m’a recruté alors que j’étais un jeune immature de 21 ans et m’a donné l’occasion de jouer professionnellement. Trestman m’a aidé à devenir un homme en m’apprenant un tas de choses sur la vie en général que j’ai pu transposer au football. J’aurai toujours une dette envers eux.

« Trestman m’a forcé à puiser au fond de moi-même comme je n’avais jamais eu à le faire. J’ai dû me regarder dans le miroir et trouver les raisons qui expliquaient pourquoi je ne jouais pas.

« Je lui ai envoyé un message texte récemment. Je ne lui avais jamais dit à quel point j’appréciais l’homme qu’il est et toutes les façons dont il m’a aidé à devenir l’homme que je suis aujourd’hui. »

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

S.J. Green avec les Alouettes en 2013

Départ des Als et NFL

C’est après avoir subi une grave blessure à un genou que Green est parti de Montréal. Kavis Reed l’avait échangé aux Argonauts en retour d’un choix de sixième tour… À Toronto, Green a retrouvé Popp et Trestman. Tandis que les Oiseaux connaissaient probablement la pire saison de leur histoire, les trois hommes ont remporté la Coupe Grey en 2017.

« Ce fut l’une de mes saisons les plus gratifiantes. On m’avait enterré. Les médecins, les entraîneurs, les gens des opérations football jugeaient tous que le moment était venu pour moi de me retirer. Ç’a été ma meilleure saison statistiquement et on a remporté un championnat. »

Green a porté l’uniforme des Als et des Argos, qui s’affronteront ce samedi (16 h) au stade Percival-Molson, mais jamais celui d’une équipe de la Ligue nationale de football (NFL), bien qu’il ait passé quelques mois avec les Jets de New York au cours d’une saison morte. Il avait pourtant le gabarit, le talent, l’attitude et la robustesse pour obtenir une vraie chance.

Oui, je pense que j’aurais pu jouer dans la NFL et c’est le rêve de tout jeune joueur. Mais mon destin, c’était de jouer ici, et je l’ai pleinement apprécié.

S.J. Green

« Après un certain moment, je ne voulais même plus accepter les invitations dans la NFL. Je m’étais fait un nom dans la LCF et je gagnais bien ma vie. Ça ne valait pas le coup de risquer de tout perdre pour tenter ma chance dans la NFL afin de devenir le sixième receveur d’une équipe… »

Green vit à Tampa et passe le plus clair de son temps avec sa famille depuis sa retraite. Il s’occupe également de son entreprise d’aménagement paysager.

Les partisans des Alouettes auront l’occasion de lui témoigner leur appréciation puisqu’il assistera au match de ce samedi. « Lorsque j’entendais la foule crier mon nom et que le stade était plein, c’était la plus belle des sensations. […] Je suis très excité de vivre ce moment, je vais le savourer pleinement. »