Pierre Karl Péladeau a tous les ingrédients pour connaître du succès à titre de nouveau propriétaire des Alouettes de Montréal, mais il devra avoir la bonne recette pour y parvenir.

C’est ce que conclut Larry Smith, ex-président des Alouettes à deux occasions. Celui qui a également occupé les fonctions de commissaire de la Ligue canadienne de football (LCF) a accueilli avec joie l’annonce de l’acquisition du club montréalais par l’homme d’affaires québécois.

M. Smith, qui n’a pas caché sa vision du football axée sur la communauté, est ravi qu’un propriétaire local ait fait l’acquisition des Alouettes. « Ce bonhomme est un vrai Québécois », s’est-il exclamé au sujet de M. Péladeau lors d’une visioconférence.

PHOTO FRANÇOIS ROY, ARCHIVES LA PRESSE

Larry Smith, en décembre 2010

Avec sa bonne humeur habituelle, Larry Smith explique les deux qualités qu’un propriétaire de club dans la LCF doit avoir.

D’abord, l’aspect local. Pas besoin de rappeler la fibre nationaliste qui a déjà animé M. Péladeau, ancien chef du Parti québécois. On peut alors cocher cette case de la liste. Deuxièmement, le propriétaire doit être enthousiaste afin que sa passion soit contagieuse.

M. Péladeau doit apporter cette passion dans un sens positif. Il doit rassembler les gens autour de l’équipe. […] Ce sera intéressant de voir comment il va faire pour remonter le club dans l’estime des Québécois.

Larry Smith

Larry Smith termine en ajoutant un troisième élément : la patience.

« Ce ne sera pas facile au départ. Il faut de la patience. Ça va être une reconstruction de trois ans. Quand j’ai commencé comme président des Alouettes, j’avais demandé cinq ans au propriétaire Bob Wetenhall pour avoir de bons résultats », explique-t-il.

Ce qui permet également à l’ancien éditeur du quotidien Montreal Gazette de s’emballer à propos de l’arrivée de M. Péladeau est non seulement qu’il a une « bonne capacité financière », mais aussi qu’il vient avec un empire médiatique.

M. Péladeau, également président-directeur général de Québecor, voudra certainement faire rayonner l’équipe sur ses plateformes. Les droits des matchs de la LCF en français appartiennent au réseau RDS jusqu’au terme de la saison 2026. Une situation qui plaît à Larry Smith.

La compétition entre les différents réseaux de télévision, c’est positif. Car même si RDS et TSN font un excellent travail, la compétition pourrait les forcer à sortir de leur zone de confort. Ça ne peut qu’être bénéfique.

Larry Smith

Ultimement, M. Smith est heureux de l’arrivée de M. Péladeau et croit que cette annonce s’inscrit bien dans les valeurs de la LCF, une ligue qui carbure à la fierté locale.

Jamais deux sans trois ?

Larry Smith a été président des Alouettes à deux reprises, soit de 1997 à 2001 puis de 2004 à 2010. Sous son règne, l’équipe a accueilli deux finales de la Coupe Grey à Montréal et a été sacrée championne en 2009 et en 2010. Elle a également connu une série de plus de 100 matchs consécutifs à guichets fermés.

Depuis, le club n’a pas accédé à la finale de la Coupe Grey et ne l’a pas accueillie.

Alors est-ce qu’il pourrait envisager un troisième mandat à titre de président ? « Aujourd’hui, je joue avec mon chien », répond-il en riant. Mais encore ?

Il explique ensuite les défis auxquels M. Péladeau fera face lors de son entrée en poste. Que le nouveau propriétaire devra faire une évaluation de son équipe. Sénateur depuis 2010, il enchaîne avec un plaidoyer en faveur de la pertinence du Sénat. Il conclut tout simplement en disant qu’il est « dans une situation qui est très intéressante » pour lui en ce moment.

Cette non-réponse permet de laisser croire que la porte n’est donc pas fermée. Elle n’est peut-être pas grande ouverte, mais disons qu’elle est entrouverte.

La mission du futur président

Avec les Argonauts de Toronto, les Alouettes sont la seule formation de la LCF à ne pas avoir maintenu une moyenne de partisans au-dessus du cap de 20 000 l’an dernier. Logiquement, rebâtir le lien avec les partisans devrait être la priorité du nouveau président et de M. Péladeau, selon Larry Smith.

Quand je vois ce que nous avons fait auparavant, on a toujours été une organisation qui a bien traité son public. Sans le support des partisans, vous n’avez pas d’équipe.

Larry Smith

Il ajoute que le club ne doit pas se contenter d’être bon sur le terrain, que « pour être une bonne business », l’équipe doit également avoir une présence accrue dans la communauté.