(Paris) « Tout donner pour pouvoir jouer en septembre » : Junior Aho qui vient d’entrer dans l’effectif des Vikings du Minnesota, rêve à 24 ans de faire sa place dans la prestigieuse ligue professionnelle de football américain, ce qu’un seul Français a réussi avant lui.

« Rentrer chez les Vikings et en NFL est l’aboutissement de neuf années de travail », explique Junior Aho à l’AFP, heureux d’être parvenu à son objectif. « C’est mon esprit plus que mon physique qui m’a amené là où je suis ».

À 15 ans, après avoir été champion de France de judo et avoir pratiqué plusieurs sports de combat, il se lance dans le football américain, attiré par un sport qui mêle vitesse, force et tactique.

Pendant ses débuts « difficiles » entre Nice, Montpellier, Marseille, la Finlande et l’équipe de France, il ne perd jamais de vue son objectif : la NFL.

C’est en 2019 qu’il part aux États-Unis grâce à une bourse de l’Institut militaire du Nouveau-Mexique de Roswell. Il enchaîne ensuite trois saisons au meilleur niveau universitaire comme plaqueur défensif de l’équipe des Mustangs de l’Université méthodiste du Sud (SMU) à Dallas, totalisant 25 matchs.

Pour les joueurs étrangers, atteindre le saint des saints est chose rare : un seul Français, Richard Tardits, a joué dans ce championnat, entre 1990 et 1992.

Briser le plafond de verre

« Il y a deux fois plus de difficultés comme étranger », témoigne Junior Aho. Dans ces conditions, « il n’y a pas de place à l’erreur, il faut être parfait », poursuit-il.

Accompagner les non-Américains et non-Canadiens vers la NFL est précisément le but du programme international (IPP) de la NFL créé en 2017. Le camp d’entraînement de dix semaines organisé en début d’année a permis à Aho de se faire repérer par les Vikings.

Une dernière marche le sépare de son rêve, mais elle est très haute : sur les 91 joueurs de l’effectif des Vikings, seuls 53 rejoindront l’équipe à l’issue des matchs de présaison et des camps d’entraînement de l’été.

« C’est sûr que je vais jouer et être sur le terrain en septembre », affirme avec aplomb le colosse de 1,93 m et 117 kg.

Il part armé de son mental à toute épreuve et d’indéniables qualités physiques, reconnues par l’entraîneur principal des Vikings, Kevin O’Connell.

Lors d’un premier échange téléphonique, il a complimenté le Français pour sa taille, sa force et sa vitesse et lui a fait la promesse « de l’aider à atteindre son potentiel le plus élevé ».

« Nuits blanches »

Pour Will Bryce, responsable du programme international de la NFL, son explosivité est un atout majeur, qui lui sera utile à plusieurs postes en défense où il devra mettre la pression sur le quart-arrière.

« Il a beaucoup d’expérience. Je pense qu’il peut aider une équipe » les jours de match, affirme-t-il, confiant.

La nouvelle recrue des Vikings se prépare à « des nuits blanches » pour étudier la tactique consignée dans le livre de jeu de l’équipe.

Du côté des Vikings, « les gars dans le vestiaire sont très impatients » à l’idée de l’accueillir lui a confié l’entraîneur. « Je sais que je vais m’y plaire », se réjouit-il.

Pour Junior Aho, « laisser une bonne image » serait une manière de paver le chemin. « Si Junior est bien perçu par son équipe, ça va rendre les choses beaucoup plus simples pour les prochains joueurs », explique le responsable de l’IPP.

La NFL cherche à s’ouvrir. Sa motivation est claire : « attirer les meilleurs athlètes du monde » pour « améliorer la qualité du jeu ». La ligue professionnelle a d’ailleurs doublé, de quatre à huit, le nombre de places offertes aux joueurs étrangers cette année dans le cadre de ce programme.

Le but est aussi de populariser ce sport hors des frontières nord-américaines. « Les gens aiment suivre des joueurs. Si nous avons un Français en NFL, plus de gens (en France) vont suivre l’équipe et la ligue », conclut le responsable.