La rencontre de vendredi soir entre les Alouettes de Montréal et les Argonauts de Toronto était un match baromètre pour la troupe de Jason Maas. Malgré un effort soutenu et une cohésion presque à point, les Montréalais ont été incapables de mettre fin à la séquence parfaite des Torontois.

D’un côté, les Alouettes. Défaits à leurs deux derniers matchs et de retour d’une courte semaine de cinq jours. De l’autre, les Argonauts. Meneurs de la division Est avec une fiche de trois victoires en trois rencontres et une moyenne de points marqués par match supérieure à 40.

Malgré un revers cruel de 35 à 27, les Alouettes ont su prouver qu’ils étaient tout de même sur la bonne voie.

Plusieurs éléments peu reluisants avaient été relevés après leur dernier duel en Colombie-Britannique. Que ce soit le manque de cohésion en attaque, la faiblesse de la ligne offensive, l’inconstance des receveurs ou l’indiscipline des unités spéciales.

En dépit de leur courte préparation, les locaux ont appris et se sont réajustés rapidement. Même s’il s’agit d’une troisième défaite de suite, ils n’ont pas été déclassés. Loin de là.

« Je suis fier de notre groupe, ça prouve qu’on est capables d’être au coude-à-coude avec n’importe quelle équipe. […] Il n’y a personne de détruit dans le vestiaire. On peut être heureux de notre performance », a déclaré le quart Cody Fajardo.

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William Stanback et Cody Fajardo

Si le début de match ne passera pas à l’histoire du football canadien, la défense des Alouettes a limité les dégâts. Marc-Antoine Dequoy a d’ailleurs réalisé sa première interception de la saison. Le mur défensif a permis de donner plus de latitude à l’offensive en accordant peu de gains, malgré un temps et une qualité de possession supérieure de la part des Argos.

L’offensive a fait le boulot, mais les visiteurs ont simplement su mieux tirer parti des occasions. Ça aura coûté le match aux Alouettes dans le dernier quart.

Les hommes de confiance

La brigade des receveurs était intrigante depuis le début de camp d’entraînement. Avec l’absence de Greg Ellingson, en principe receveur numéro un, depuis le début de la saison, Cody Fajardo a auditionné à peu près tous les membres de son effectif de receveurs.

Au terme du cinquième match, il est clair que sa cible de prédilection est devenue Austin Mack. Fiable comme un ordinateur, Mack est capable de se démarquer aisément, mais il offre surtout des solutions simples et efficaces à son quart-arrière lorsque ce dernier est dans le pétrin.

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Austin Mack

Plus important encore, les deux hommes se trouvent aisément sur le terrain. Cette chimie est encourageante, et quelque peu inespérée.

« On travaille énormément chaque semaine. Il joue vraiment bien avec tous les gars. Nous sommes un jeune groupe et nous grandissons ensemble. Il y a beaucoup de recrues et on s’améliore chaque match », a dit Mack, après la rencontre, quelque peu déçu.

Même si Mack n’a pas inscrit de touché, il a quand même permis aux Alouettes de progresser à maintes reprises au cours du match. Avec des attrapés pour des gains de 14, 15 et 17 verges lors du deuxième quart, l’Américain de 25 ans s’est établi comme la police d’assurance du groupe de receveurs. Sa polyvalence et sa dextérité seront les bienvenues pour le reste de la saison, dans un groupe encore rempli de points d’interrogation.

Cependant, un autre receveur est parvenu à se démarquer pour les bonnes raisons. Presque complètement écarté depuis le début de la campagne, Tyler Snead s’est levé aux bons moments.

Le petit receveur a inscrit les trois touchés des siens. Le premier sur une passe de 17 verges dans l’arrière de la zone des buts pour prendre les devants dans les derniers instants de la première demie. Le second quand il a réussi à se libérer sur la gauche de la zone payante, après que Fajardo eut fait des pieds et des mains pour éviter un deuxième sac du quart. Cette réussite permettait aux Als de créer l’égalité. Puis le troisième sur une réception de 26 verges en plein centre du terrain, créant à nouveau l’égalité, cette fois-ci 27 à 27.

Il s’agissait de ses trois premiers touchés en carrière dans la LCF.

« Je ne suis pas ici pour les résultats individuels. Je veux juste être capable de répondre quand on a besoin de moi », a-t-il répondu dans le vestiaire après la rencontre.

Néanmoins, il avoue que la confiance et le rythme procurés par cette performance le rassurent, d’autant qu’il s’agissait seulement de son deuxième match dans l’uniforme tricolore : « C’est sûr que ça aide. J’ai plus confiance en raison de la belle chimie qu’on a dans le vestiaire. »

À la suite d’une séquence de deux matchs sans touchés par la voie des airs, cette performance du groupe de receveurs, contre la meilleure équipe de la division, a été salvatrice.

L’énigme Stanback

Il était difficile de se réjouir ou de trouver des points positifs dans le jeu de William Stanback dans les quatre premiers matchs.

Visiblement fouetté par ce début de saison en deçà des attentes, et de ses propres standards imposés dans le passé, le demi offensif des Alouettes a enfin connu un match où il a été fidèle à son image.

À vrai dire, ça a duré une seule demie. Et il était difficile d’expliquer pourquoi.

En première moitié de match, le vétéran était au cœur de chaque séquence. Il a effectué neuf courses pour 44 verges et trois attrapés pour 26 verges. On a revu, le temps de quelques jeux, un peu du Stanback de 2019.

Néanmoins, même si son rendement était constant, il n’a jamais été en mesure de réaliser le gros jeu pouvant faire pencher la balance. Au moins, il touchait au ballon et il avait l’air à l’aise. Comme jamais il ne l’avait été cette saison, du moins. C’était un signe encourageant, surtout pour une offensive censée s’appuyer sur le jeu au sol.

Cependant, en deuxième demie, il a complètement été écarté du plan de match, avec seulement deux touches de balles au troisième quart et des présences sporadiques au dernier quart.

L’entraîneur Jason Maas a précisé au terme de la rencontre que Stanback avait eu des ennuis au bas du corps à la mi-match : « Je l’ai juste vu sortir. Je crois qu’il a enrubanné sa cheville. Avec la courte semaine, il traînait peut-être quelque chose. Je crois qu’il sera dans de meilleures conditions après la semaine de congé. »