Byron Archambault est montréalais de cœur et d’esprit. Il a grandi avec les Carabins et il s’épanouit avec les Alouettes. L’adjoint à l’entraîneur-chef de l’équipe ne cache toutefois pas ses ambitions. Il rêve à la NFL.

Le dernier entraînement des Alouettes avant de partir vers Ottawa, pour affronter le Rouge et Noir, avait pris fin depuis quelques minutes. Comme c’est le cas au terme de chaque pratique, Byron Archambault a saisi son sac à dos et ses lunettes de soleil, comme un écolier sur le chemin de la maison.

Quoiqu’en réalité, l’homme de 32 ans soit partout chez lui dans la métropole. « Je suis un gars de Montréal, né sur l’île. Montréal a une place très particulière dans mon cœur. Je suis proche de ma famille. Ma mère, ma sœur, on est une famille très serrée », raconte-t-il, encore trempé après avoir passé deux heures sous la pluie battante sur le terrain entre le stade Saputo et le Stade olympique.

Depuis 2017, il gravit les échelons au sein de l’organisation des Alouettes. Il a été entraîneur des secondeurs, directeur du personnel des joueurs, entraîneur adjoint en défense, et le voilà aujourd’hui entraîneur adjoint à Jason Maas et coordonnateur des unités spéciales.

Archambault est bien ici, mais il sait qu’il pourrait l’être ailleurs également. Comme joueur, il rêvait d’atteindre la NFL. Seule la manière de s’y rendre a changé, mais ses ambitions sont toujours les mêmes.

« Comme joueur, ton but, c’est de jouer dans la NFL. Pour les jeunes, c’est d’aller dans la NCAA. Comme coach, on a la même mentalité, explique-t-il. Ce serait mentir de dire que je n’ai pas d’ambition. Ce sont des ambitions de grande envergure. On veut tous jouer dans des stades de 100 000 personnes. Les stades sont plus gros, la pression l’est aussi. Je suis ouvert et on va voir où ça nous mène. »

PHOTO OLIVIER PONTBRIAND, ARCHIVES LA PRESSE

Byron Archambault et sa mère Lucie en 2018

Que faudrait-il, donc, pour le convaincre de traverser au sud de la frontière ?

« N’importe quelle occasion qui s’offre à moi », renchérit-il. Comme il le souligne, le football est une affaire de contacts, de connexions et de bouche-à-oreille. C’est pourquoi il est déjà allé faire un stage de deux semaines dans le giron des Jaguars de Jacksonville.

Les aléas du métier

Évoluer dans ce monde imprévisible et parfois cruel comporte certains risques. Les familles des joueurs, des entraîneurs et des directeurs généraux sont toujours sur le qui-vive, car un changement est si vite arrivé.

Archambault est bien à Montréal. Il a d’abord évolué avec les Carabins de l’Université de Montréal avant de jouer pour les Tiger-Cats de Hamilton pour finalement atterrir dans l’organisation des Alouettes. Il gagne sa vie grâce au football et il sait combien il est privilégié. « Ça fait mon bonheur de pouvoir évoluer à Montréal depuis l’université. C’est sûr que ça a ses avantages. Il faut rester ouvert, et en tant que famille, on l’est », a-t-il justifié.

Au football, dit-il, « il faut que tu te fasses à l’idée que tu vas devoir partir un jour ».

Et sa conjointe en a conscience. Elle est prête à le suivre jusqu’où son destin le mènera : « Avec ma blonde, ça faisait un mois et demi qu’on était officiellement en couple et c’était déjà dans les conversations. Il faut se tenir prêt. Je ne voulais pas qu’elle s’engage si elle n’était pas prête à ça, et elle est all in pour aller aux États-Unis, aller dans la NFL, dans la NCAA. Elle me pousse énormément. »

En attendant, le sympathique barbu compte faire tout ce qui est en son pouvoir pour faire gagner les Alouettes, car ce sera profitable pour lui et pour les joueurs. « Tu peux avoir des aspirations, mais en ce moment, tu es ici et il faut faire le meilleur travail possible. Et si des portes s’ouvrent pendant la saison morte, tant mieux ! »

Faire les choses différemment

Si Archambault a été promu cette saison au deuxième échelon de la pyramide du groupe d’entraîneurs, juste en dessous de Maas, c’est notamment parce que les joueurs l’apprécient, lui font confiance et le respectent.

Dans de nombreuses entrevues menées au cours des dernières années, tant auprès des joueurs des Carabins que des Alouettes, jamais un mot de travers n’a été prononcé à l’égard d’Archambault.

Simplement parce qu’il a toujours fait l’unanimité auprès des athlètes.

« Moi, je les aime autant. C’est la chose la plus importante », déclare-t-il.

Le Montréalais fait partie de cette nouvelle vague d’entraîneurs. La vieille école ne l’a jamais attiré. Archambault est un autodidacte, et selon lui, même si la ligne entre les entraîneurs et les joueurs doit exister, pas question d’en faire une affaire de hiérarchie.

« On travaille ensemble, ce n’est pas moi qui te dis quoi faire. Je pense que c’est la pire relation. Et je ne répondais pas nécessairement bien à ce style de coaching. »

On est des collègues de travail, on a un job différent, on a des titres différents, mais on est des collègues.

Byron Archambault

Archambault a joué avec et contre certains des joueurs actuels des Alouettes. Il a l’âge de certains joueurs et est même plus jeune que certains d’entre eux. Ça explique aussi pourquoi il est facile pour lui de tisser des liens.

Ses méthodes sont différentes, mais son approche fonctionne. Il a appris à l’Université de Montréal combien une bonne chimie est essentielle au sein d’une équipe ayant de grandes aspirations. Et c’est ce qu’il tente de reproduire quelques années plus tard.

Avec ses joueurs, à l’extérieur des heures de bureau, il est question de tout sauf de football. « On prend notre déjeuner ensemble le matin. Les joueurs arrivent une heure avant de commencer leur journée et ils passent une heure dans mon bureau. Ils doivent être une quinzaine », précise-t-il.

Ensemble, ces colosses discutent d’actualité, d’économie, de nutrition, de récupération et d’hydratation. Ils s’échangent également des livres et des balados. « On se fait avancer. On crée de belles relations », croit-il.

Grâce à son expérience, c’est la manière qu’il a choisi de privilégier. Exercer son travail différemment, mais en conservant toujours l’idée que d’éventuels possibles existent.

« C’est une manière de faire qui marche. Et ce n’est pas parce que tu reçois un chèque de paye à la fin de la semaine qu’il faut que ça change. On vient tous de ce genre de monde, où à un moment donné, on ne se faisait pas payer et où on jouait quand même. »

Le temps des récoltes est toutefois arrivé pour Archambault. La saison de la LCF est bien entamée, et déjà on sait combien la course aux éliminatoires sera furieuse. C’est dans ce genre de moments qu’Archambault devra se démarquer pour prouver qu’il a sa place dans la cour des grands.