Les grandes équipes trouvent habituellement le moyen de gagner. Peu importe la manière. Et ce n’est pas le cas des Alouettes de Montréal. Encore une fois, l’histoire est la même.

Toutes les défaites sont coûteuses, mais certaines le sont plus que d’autres, comme aurait pu l’écrire George Orwell s’il avait réorienté sa carrière vers le monde du sport.

Les Alouettes ont perdu 23-20, vendredi soir, contre les Argonauts de Toronto, mais le scénario aurait pu être tout autre.

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Tyrice Beverette (26) tente de bloquer une passe du quart-arrière Chad Kelly (12).

Alors que le match était à égalité, à 20-20, les locaux étaient sur le point de réaliser l’impensable. C’est-à-dire battre la meilleure équipe de la Ligue canadienne de football, venger leur défaite de la semaine dernière face à ces mêmes Argos et mettre fin à une vilaine séquence de trois défaites consécutives.

Or, avec 59 secondes à faire au match, Cody Fajardo s’est fait intercepter par Jamal Peters, qui a ramené le ballon dans le territoire montréalais. La séquence s’est terminée avec un placement de Boris Bede.

Avec un déficit de seulement trois points et 21 secondes à faire au match, l’attaque a retrouvé le terrain pour au mieux créer l’égalité et forcer la prolongation.

Fajardo a remis le ballon à Tyson Philpot en milieu de terrain et ce dernier a arrêté sa course à la ligne de 45 des Argos. Une position parfaite pour le botteur David Côté.

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Tyson Philpot et Cody Fajardo

Cependant, le front défensif torontois a eu le dessus sur la ligne offensive des Alouettes et le botté a été bloqué. Le cadran affichait 0 et les Torontois ont soutiré la victoire aux Montréalais. Dans le stade Percival-Molson, des murmures, mais surtout une foule au souffle coupé.

Cette défaite sera difficile à digérer, mais comme l’a déclaré l’entraîneur-chef Jason Maas, il y a aussi des leçons à tirer du fait qu’on a pu chauffer ainsi la meilleure formation au pays : « Ça fait mal, mais il y a des choses à retenir. Je peux vous assurer que ce vestiaire restera uni pour apprendre. »

Manquer ses chances

Si les meilleures équipes trouvent des solutions, les autres en cherchent. Et les Alouettes n’ont toujours pas trouvé la clé pour sortir de leur torpeur.

La troupe de Jason Maas a eu l’occasion de remonter deux fois le terrain pour inscrire des points dans la dernière minute de jeu et elle n’en a marqué aucun.

« Oui, on a rivalisé avec la meilleure équipe et ç’a été un match de trois points, mais on a perdu. Il faut retourner à la table à dessin », a expliqué de manière très lucide le receveur Tyson Philpot, auteur d’un touché sur une passe de 15 verges au troisième quart.

Les Argonauts ont mérité leur 11e victoire en 12 matchs, rendement suffisant pour officialiser le titre de la division Est. Les Alouettes, pour leur part, tombent à 6 victoires et 7 défaites. « On est sous la barre de ,500 et les équipes sous la barre de ,500 ne sont pas de bonnes équipes », a précisé le quart-arrière Cody Fajardo.

La bonne nouvelle est qu’on a encore du temps devant nous et nous sommes toujours au deuxième rang dans l’Est.

Cody Fajardo, quart-arrière des Alouettes

Les Tiger-Cats de Hamilton se rapprochent dangereusement au classement et, sachant que la victoire était à leur portée, cette défaite est d’autant plus douloureuse pour les joueurs des Alouettes.

« Je répète chaque semaine qu’on peut rivaliser avec ces équipes, a lancé Fajardo. Maintenant, il faut les battre. »

Deux matchs en un

Pourtant, l’équipe a fait bonne figure. C’est bien ce qui rend cette finalité si difficile à accepter. Pour une rare fois cette saison, les unités offensives et défensives se sont passé le relais. En deuxième demie, les Alouettes ont marqué 17 points consécutifs. De plus, la défense a été efficace en écartant au possible le quart Chad Kelly, avec seulement 21 passes complétées sur 35 tentatives, et le porteur de ballon étoile A. J. Ouellette, limité à 53 verges au sol.

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Le demi offensif des Argonauts de Toronto AJ Ouellette (34) tente de dépasser le secondeur des Alouettes de Montréal Tyrice Beverette (26).

Les Argos avaient marqué en moyenne 40,75 points à leur quatre derniers matchs. Grâce à des coups d’éclat de Lwal Uguak, Wesley Sutton et Darnell Sankey en deuxième demie, les Alouettes ont bien paru.

En fin de rencontre, cependant, la défense a laissé les Argonauts remonter le terrain d’un bout à l’autre à deux reprises.

L’attaque aurait toutefois dû tirer parti des occasions qui se sont présentées à elle. En l’absence de William Stanback, Fajardo a tout de même été capable d’orchestrer quelques poussées offensives. Mais l’attaque a été anémique dans les derniers instants de l’affrontement.

« On a manqué de finition », a précisé le centre-arrière David Dallaire.

C’est vraiment comme s’il y avait eu deux matchs en un. Les 57 premières minutes. Puis les trois dernières. « C’est un autre football, lorsqu’il reste peu de temps. Ils ont sorti des jeux qu’on n’avait pas vus du match dans les trois dernières minutes. Il […] faut apprendre à garder l’avance quand on l’a », a conclu Marc-Antoine Dequoy.

Mais ultimement, il n’y a qu’une seule finalité : la défaite.