Le duel a été intense, à l’image de la rivalité. L’affrontement a été défensif, à l’image de l’enjeu. Et la victoire a été montréalaise, à l’image de la saison.

Les Carabins ont remporté la Coupe Dunsmore par la marque de 12-6 devant le Rouge et Or de l’Université Laval, samedi après-midi. Au grand plaisir d’un CEPSUM bondé, énergique et enflammé, malgré le froid de novembre.

« Notre défensive a joué du gros foot toute l’année, a lancé l’entraîneur-chef des Carabins, Marco Iadeluca, après la rencontre. Aujourd’hui, ils ont fait un travail incroyable, je pense que c’était leur meilleur match de la saison. […] On atteint notre apogée au bon moment, mais on n’a pas fini notre travail. »

L’Université de Montréal passe donc en demi-finale canadienne, en vertu de cette troisième victoire en trois matchs cette saison contre Laval. La Coupe Uteck, face aux Mustangs de Western, champions de l’Ontario, sera disputée la semaine prochaine à Montréal.

« On étudie autant qu’à l’école ! »

Les deux équipes ont subi des revirements rapidement en début de match. Mais c’est le Rouge et Or qui a commis le plus coûteux. Au milieu du premier quart, le secondeur montréalais Kaylyn St-Cyr a intercepté une longue passe d’Arnaud Desjardins et l’a ramenée jusqu’à la zone des buts, générant l’euphorie dans la foule. Ça aura été le seul touché du match.

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Kaylyn St-Cyr célèbre son touché avec Alexandre Levac.

St-Cyr pouvait-il s’imaginer avant la rencontre qu’un touché de son cru serait celui qui ferait la différence à la Coupe Dunsmore ?

« Je l’ai visualisé exactement comme ça ! », a-t-il lancé, tout sourire, devant les journalistes, quelques minutes après avoir soulevé le trophée des champions québécois.

Il a attribué le mérite de ce succès aux bandes vidéo que l’équipe visionne avant les matchs.

« Avec tout le tape qu’on regarde, on étudie vraiment autant qu’à l’école… même si je ne devrais pas dire ça ! » L’hilarité s’en est suivie.

« Le terrain devient long »

On le disait : cette rencontre a été l’affaire des défenses, de part et d’autre. Et les remparts montréalais ont eu le dessus à ce chapitre, notamment en congestionnant la zone du Rouge et Or, et en forçant celui-ci à l’erreur. Seulement lors des 30 premières minutes, Laval a commis 8 infractions, pour des pertes de 69 verges.

« Quand ce sont des duels défensifs, chaque verge est importante, a souligné Iadeluca. C’est sûr que tu veux gagner le positionnement sur le terrain. »

Même son de cloche pour Glen Constantin, pilote du Rouge et Or.

« Quand deux bonnes défensives se rencontrent, le terrain devient long », a-t-il analysé.

« La meilleure défensive au pays »

Ça s’est resserré au chapitre des pénalités en deuxième demie pour les visiteurs, mais le match en général a en outre été difficile pour le quart du Rouge et Or, Arnaud Desjardins. Ce dernier a subi trois interceptions. Il s’agissait déjà là d’un record pour Montréal à la Coupe Dunsmore, avant que les Carabins en ajoutent un quatrième, aux dépens du porteur de ballon François Giguère-Lacasse.

« Après le [touché sur l’interception], on est remontés, a observé Constantin. Je suis très fier du caractère de mes joueurs. »

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Les Carabins ont bénéficié de l’appui de la foule au CEPSUM.

L’unité offensive de Laval s’est reprise en toute fin de match, permettant à Laval de monter sur le terrain, de marquer un deuxième botté de placement, et de retrouver un minimum d’espoir pour les dernières secondes. Mais ce fut trop peu, trop tard.

De son côté, le quart montréalais Jonathan Sénécal n’a pas eu à se démarquer complètement, lui qui a bénéficié du brio de son unité défensive. À commencer par celui de Kaylyn St-Cyr, auteur de deux des quatre interceptions de son équipe.

« On a la meilleure défensive au pays, et ça a paru aujourd’hui, a relevé le quart-arrière étoile. C’est eux qui nous ont tenus dans le match tout le long. »

« En offensive, on n’a vraiment pas fait une bonne job. Ça va être à retravailler », a dit Sénécal, ajoutant vouloir « donner le crédit à Laval » et à son « bon plan de match ».

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Le quart-arrière des Carabins Jonathan Sénécal

Pour Kaylyn St-Cyr, cette performance de la défense n’a été que le retour du balancier.

« Il y a d’autres parties où c’est vraiment l’attaque qui élève son jeu, qui nous soutient. »

« On savait que ça allait être un match difficile, a ajouté un St-Cyr en verve. On n’a pas arrêté, on a toujours cru en nous, en nos frères, jusqu’au bout. »

18 000 + 5000

Montréal avait gagné les deux affrontements contre Laval en saison régulière, ce qui lui a permis d’avoir l’avantage du terrain en éliminatoires. Samedi, l’énergie de la foule montréalaise a été déterminante.

Marco Iadeluca a fait le calcul : en combinant les 18 000 spectateurs du stade Telus et les 5000 partisans du CEPSUM, « ça fait 23 000 [personnes] de différence ».

« On savait que [le Rouge et Or] n’a pas eu beaucoup de succès à Montréal depuis la pandémie, a avancé Iadeluca. C’était gros pour nous de jouer ce match-là ici. La foule a aidé définitivement. »

« Pour vrai, chaque fois qu’on est au CEPSUM, la foule a un immense impact, selon Jonathan Sénécal. Elle leur a donné une couple de pénalités. C’est un sentiment indescriptible. »