(Hamilton) Anthony Calvillo est le dernier quart-arrière à avoir remporté la Coupe Grey dans l’uniforme des Alouettes de Montréal. C’était en 2010. Aujourd’hui, il est prêt à passer le flambeau.

On attribue l’usage et la signification du flambeau davantage au Canadien qu’aux Alouettes. Mais en cette semaine de la Coupe Grey, c’est tout à fait à propos.

« On travaille tous les matins avec coach AC [Anthony Calvillo] et on sait tous à quel point il est une légende. Il sait ce que ça prend pour gagner une Coupe Grey en tant que quart-arrière partant. Il est une référence. Chaque fois que j’ai la chance de passer du temps avec lui, je ne le tiens pas pour acquis. »

C’est ainsi que Cody Fajardo a fait allusion à l’importance de Calvillo dans le vestiaire montréalais après la victoire des siens contre les Argonauts de Toronto samedi dernier. Et depuis son arrivée à Montréal, il a rarement été aussi démonstratif quant à son respect à l’égard de l’ancien numéro 13.

Aujourd’hui coordonnateur à l’attaque et entraîneur des quarts-arrières, l’ancienne gloire des Alouettes est de retour au match ultime, 13 ans après la dernière conquête de l’équipe. Montréal n’a jamais atteint la finale depuis.

Lors de la finale de 2010, Calvillo avait réussi 29 de ses 42 passes pour 336 verges. L’année précédente, les Alouettes avaient aussi remporté les grands honneurs grâce à une performance de deux passes de touché et 314 verges de leur quart étoile.

PHOTO IVANOH DEMERS, ARCHIVES LA PRESSE

Anthony Calvillo soulevant la Coupe Grey en 2009

Dans son rôle actuel, Calvillo doit faire en sorte de ne plus être le dernier quart à avoir gagné la Coupe Grey pour les Alouettes au terme du match de dimanche. Cela dit, il a pleinement confiance en Fajardo. Comme tous les joueurs dans le vestiaire, jure-t-il.

« Le plus important pour un quart, c’est d’avoir la confiance des joueurs dans le vestiaire. Tout le monde dans le vestiaire, sans exception, croit que Cody nous offre les meilleures chances de gagner. Il l’a prouvé toute l’année. Il est toujours le premier arrivé aux entraînements. Il est dévoué à cette équipe et les joueurs apprécient ça. »

L’expérience comme cadeau

Calvillo a beau être le passeur le plus prolifique de l’histoire du football canadien et avoir trois bagues de la Coupe Grey quelque part chez lui, la destinée de l’équipe n’est plus entre ses mains comme c’était le cas pendant les années 2000.

Reste que son expérience a une valeur. Et les joueurs des Alouettes seraient fous de s’en priver. « Le plus important […] c’est de partager nos connaissances. Comment se préparer, notamment. Je pense que l’essentiel est de garder la même routine. Il ne faut pas suranalyser. J’essaie de raconter aux joueurs mes expériences personnelles », explique-t-il.

Même s’il est bien conscient de sa valeur et de son statut, Calvillo refuse de s’élever au-dessus de la mêlée. Les autres entraîneurs au sein de l’équipe ont eux aussi un bagage d’expérience considérable et chacun est de bon conseil.

Et à ce stade-ci de la saison, de toute façon, tout le travail a déjà été fait. « On est arrivés au bout », précise-t-il. Plus personne n’a besoin de se lever ou de prendre la parole.

C’est maintenant aux joueurs de faire le reste du boulot. Et Calvillo croit leur avoir donné suffisamment d’outils pour leur permettre de le faire avec brio.

Vu d’en haut

Contrairement à ce qu’on pourrait croire, l’homme de 51 ans n’envie pas nécessairement Fajardo. Il est bien, perché dans les bureaux de l’équipe, à décortiquer le match depuis les hauteurs des différents stades.

Il a fait son temps, et même si parfois il est pris d’une certaine nostalgie, il se dit heureux d’être en position de gagner dans un autre rôle.

À Toronto [la semaine dernière], on a vu à quel point [les joueurs] étaient heureux. On a vu leur désir de gagner et d’y croire. Le sentiment est le même qu’à mon époque. Il y a toujours autant de magie.

Anthony Calvillo, coordonnateur à l’attaque des Alouettes

Calvillo a navigué dans l’environnement des Alouettes presque toute sa carrière. Il a connu les années de gloire de l’équipe avec Ben Cahoon, Jamal Richardson, Matthieu Proulx et compagnie. Comme les amateurs, il a senti ce vent de renouveau cette année.

À son avis, le changement s’est d’abord opéré au sommet de la pyramide. « Là, c’est M. Péladeau qui a pris les rênes de l’équipe. Danny Maciocia est toujours là et c’est un morceau important. Ensuite, Danny a embauché Jason Maas, et le reste a suivi. Je crois que les fans sont fiers du produit qu’on leur offre. »

À quelques heures de participer à une première Coupe Grey en 13 ans, Calvillo refuse de s’imposer de la pression. Comme avant une première au théâtre, il sait que tout a été fait, calculé et préparé pour que l’équipe arrive remplie de confiance dimanche soir, lorsque le rideau se lèvera.

« Ce n’est pas une semaine normale, bien entendu, on est au courant de l’enjeu, mais on croit fermement que nous pouvons gagner ce match. »