(Hamilton) La Ligue canadienne de football présentera un match de la Coupe Grey pour la 110e fois, dimanche à Hamilton. Pourtant, il s’agira d’un premier affrontement entre les Alouettes de Montréal et les Blue Bombers de Winnipeg en grande finale. Et contrairement à ce que les statistiques suggèrent, les deux équipes peuvent légitimement espérer l’emporter.

La Presse a sondé certains membres des Alouettes, après l’entraînement de jeudi, pour savoir ce qui avantage l’équipe montréalaise et ce qui s’annonce comme étant la principale menace du côté de Winnipeg.

Marc-Antoine Dequoy

Pour le maraudeur étoile, c’est impossible de nommer une seule raison pour justifier l’éventuelle victoire de son équipe dimanche. À son avis, c’est « une combinaison de plusieurs choses ». Et la première chose qui lui est passée par la tête, sur la pelouse synthétique du terrain Tim Hortons, est la férocité avec laquelle l’équipe abordera cette ultime rencontre.

Tu sens qu’on a le couteau entre les dents dans cette équipe-là. On n’a pas attendu autant de temps pour perdre. Et on ne sait pas dans combien de temps on va revenir.

Marc-Antoine Dequoy, maraudeur des Alouettes

En revanche, affronter les Blue Bombers représente un défi important et il le reconnaît. La tâche s’annonce colossale, principalement parce que cette équipe est dirigée par Mike O’Shea. L’entraîneur-chef originaire de l’Ontario est parvenu à traîner son équipe en finale pour la quatrième saison consécutive. « Une équipe super bien coachée, précise Dequoy. Ils ne font pas beaucoup d’erreurs et si l’adversaire en fait, ils vont capitaliser. Ce n’est pas pour rien qu’ils sont à la Coupe Grey pour la quatrième année de suite. »

PHOTO NATHAN DENETTE, LA PRESSE CANADIENNE

L’entraîneur des Blue Bombers, Mike O’Shea

David Côté

Le botteur de 26 ans, un peu comme Dequoy, pense que la plus grande force des Alouettes réside dans leur esprit d’équipe. Si son coéquipier a parlé de la motivation de disputer la finale pour la première fois en 13 ans, Côté a plutôt mis l’accent sur la volonté de jouer pour plus grand que soi.

PHOTO PETER POWER, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Joseph Zema (36) et David Côté (15), les botteurs des Alouettes, lors d’un match à Hamilton, en juin dernier

« C’est peut-être niaiseux à dire, mais jouer pour la personne à côté de toi et toujours faire le petit extra pour le joueur assis à côté de toi dans le vestiaire, c’est immense. Ce sont des joueurs avec qui tu as passé les six derniers mois plus qu’avec n’importe qui sur la planète. »

Et on a réellement senti cette union depuis le début de la saison. Et cette camaraderie, mais surtout la chimie au sein de cette brigade montréalaise, a semblé s’amplifier de manière considérable depuis le début des éliminatoires. En même temps, n’importe qui serait ravi après avoir gagné sept matchs consécutifs.

Toutefois, les Blue Bombers peuvent aussi compter sur un groupe de joueurs extrêmement soudé. Le noyau n’a presque pas changé depuis quatre ans.

« C’est une organisation gagnante. Ils savent gagner. Et s’ils ont gagné, c’est parce qu’ils ont joué du bon football. Ils ne feront pas beaucoup d’erreurs, alors c’est à nous de ne pas en faire beaucoup et d’amener notre jeu au meilleur niveau possible. »

PHOTO NATHAN DENETTE, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Kaion Julien-Grant (11) attrape un ballon lors de l’entraînement de jeudi à Hamilton.

Luc Brodeur-Jourdain

L’entraîneur de la ligne offensive doit être l’un des membres les plus disponibles et pertinents de l’organisation montréalaise. Mais sa plus grande qualité est quand même de savoir comment on gagne. Le double champion de la Coupe Grey avec les Alouettes et triple vainqueur de la Coupe Vanier avec le Rouge et Or de l’Université Laval résume simplement ce que l’équipe devra faire pour triompher : « Aucun revirement à l’attaque. »

Fajardo a été victime de 12 interceptions en 18 matchs cette saison, mais il a aussi dû encaisser des dizaines de sacs de quarts, dont sept dans la finale de l’Est contre les Argonauts. Puisque Brodeur-Jourdain est convaincu de l’efficacité de la défense montréalaise, comme ça a été le cas depuis le premier match de la saison, il s’en remet à l’attaque de l’équipe.

Si on n’a aucun revirement offensif, qu’on prend soin de notre ballon, que l’on construit des séquences à l’attaque qui viennent changer le positionnement sur le terrain, on peut gagner.

Luc Brodeur-Jourdain, entraîneur de la ligne offensive

« Donc la zone payante et les revirements. C’est là que ça se joue, le football canadien. Ça a été difficile pour nous durant la saison, mais on est en éliminatoires et tout peut arriver. »

Le défi reste imposant. La défense des Bombers est celle qui a accordé le moins de points cette saison. L’équipe peut aussi compter sur l’ailier défensif Willie Jefferson, qui, aux dires de l’entraîneur-chef Jason Maas, est un « futur membre du Temple de la renommée ».

PHOTO NATHAN DENETTE, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Willie Jefferson à l’entraînement, vendredi

Brodeur-Jourdain craint la pression exercée sur sa ligne offensive, surtout du côté de Jefferson. « C’est la pression qui vient de l’intérieur en poussant la pochette pour pousser le quart-arrière à bouger à gauche et à droite, précise-t-il. Et c’est là que les gros bonshommes sur l’extérieur effectuent leur travail en faisant leur plaqué. »

Ils sont si bien rodés depuis quatre ans, conclut l’entraîneur de 40 ans. « Défensivement, c’est une équipe difficile à battre, parce que dans la couverture, ce qu’ils font par la passe n’est pas vraiment reproduit par personne dans la ligue. »