Mercredi, 11 h 30, coin Crescent et De Maisonneuve. Le cortège des Alouettes de Montréal est prêt à se mettre en marche. Les « olé, olé » ont déjà commencé. Les bottes sont déjà souillées de neige mouillée. Et peut-être aussi d’un peu de bière renversée.

« C’est ce dont notre ville a besoin », nous dit Sandra, qu’on aborde à quelques mètres des autocars s’apprêtant à démarrer. Elle est vêtue du chandail et de la tuque bleu, blanc et rouge de ses favoris.

« Personne ne s’attendait à ça », dit-elle, avant de reprendre ses cris et ses chants à la gloire de ses Alouettes, sacrés champions de la Coupe Grey trois jours plus tôt.

Non loin de là, le quart-arrière Cody Fajardo signe des autographes. Il est confortablement assis sur le côté d’une voiture décapotable. Le joueur par excellence de la Coupe Grey offre sa signature sur un bout de papier à un partisan, que l’on interroge après coup.

« C’est l’un des plus beaux matchs que j’ai vus dans ma vie », nous souligne Luc Pelletier, qui doit hausser la voix alors que le cortège se met en marche sous les acclamations de la foule.

Non, Montréal n’a pas oublié comment célébrer ses champions, malgré 13 ans de disette sportive. Les partisans des Moineaux ont convergé par milliers au centre-ville de la métropole pour fêter avec leurs champions de la Coupe Grey, mercredi.

  • Le quart-arrière des Alouettes, Cody Fajardo, salue la foule dans une voiture décapotable.

    PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

    Le quart-arrière des Alouettes, Cody Fajardo, salue la foule dans une voiture décapotable.

  • Le défilé s’est déroulé sur le boulevard De Maisonneuve.

    PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

    Le défilé s’est déroulé sur le boulevard De Maisonneuve.

  • Keshunn Abram et Kristian Matte transportent la coupe Grey.

    PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

    Keshunn Abram et Kristian Matte transportent la coupe Grey.

  • Une foule enthousiaste a assisté au défilé.

    PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

    Une foule enthousiaste a assisté au défilé.

  • L’entraîneur-chef des Alouettes, Jason Maas

    PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

    L’entraîneur-chef des Alouettes, Jason Maas

  • L’atmosphère était à la fête chez les joueurs des Alouettes.

    PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

    L’atmosphère était à la fête chez les joueurs des Alouettes.

  • Marc-Antoine Dequoy durant le défilé

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    Marc-Antoine Dequoy durant le défilé

  • Les cheerleaders des Alouettes ont fait de la haute voltige durant le défilé.

    PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

    Les cheerleaders des Alouettes ont fait de la haute voltige durant le défilé.

  • Les joueurs des Alouettes ont fièrement brandi la coupe Grey.

    PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

    Les joueurs des Alouettes ont fièrement brandi la coupe Grey.

  • La mascotte des Alouettes, Touché, a salué ce partisan (et plusieurs autres).

    PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

    La mascotte des Alouettes, Touché, a salué ce partisan (et plusieurs autres).

  • Le propriétaire des Alouettes, Pierre Karl Péladeau

    PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

    Le propriétaire des Alouettes, Pierre Karl Péladeau

  • De nombreux partisans des Alouettes s’étaient massés le long du parcours.

    PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

    De nombreux partisans des Alouettes s’étaient massés le long du parcours.

  • Tyrell Richards a retiré son chandail pour célébrer.

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    Tyrell Richards a retiré son chandail pour célébrer.

  • Après le défilé, c’était la cohue pour une pause pipi.

    PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

    Après le défilé, c’était la cohue pour une pause pipi.

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Les autocars transportant les joueurs ont roulé pendant environ une heure sur De Maisonneuve, de Crescent à la place des Festivals.

Sur le congestionné plancher des vaches, une odeur de crottin – la police à cheval du SPVM suivait le cortège – et d’alcool émanait de la procession. Au-dessus des têtes des Montréalais, les Alouettes célébraient avec l’attirail traditionnel des champions : les lunettes de ski sur la tête, les canettes de bière à la main, le torse nu ou couvert de leurs chandails respectifs, avec un gigantesque collier bling-bling au cou de certains d’entre eux.

« Une équipe Cendrillon »

On aperçoit un groupe de partisans particulièrement colorés, à une dizaine de mètres. On s’en approche précautionneusement à travers la foule. Il est écrit « COUPE GREY CUP » sur le chandail de notre interlocuteur. Marc-Antoine Dequoy serait content.

« C’est une équipe Cendrillon, se réjouit Gerry Nadon devant La Presse. Ça n’a aucun bon sens. »

Gerry est un partisan depuis les années 1970. Son chandail, c’est celui de la Coupe Grey de 2008, que les Alouettes ont perdue aux mains des Stampeders de Calgary, au Stade olympique de Montréal.

Même à travers les années de vaches maigres de la dernière décennie, « on les a toujours soutenus », dit-il. « On les soutenait, mais on n’avait pas beaucoup d’attentes. Mais cette année, tout a fonctionné à merveille. C’est comme un film de Disney. »

Un groupe de jeunes hommes transportent leur baril de bière. Il n’est pas encore midi.

« C’est la fête, on en profite ! nous dit Alexis, entouré de ses comparses Antoine, Antoine, Mika et Nelson.

— Vous êtes fans des Alouettes depuis longtemps ?

— Oui, depuis qu’on joue au football ! 

— Ah oui ? Vous jouez au football ? Pour quelle équipe ?

— On joue à Saint-Hyacinthe, on a gagné le Bol d’Or ! »

Nous avons donc devant nous de fiers représentants des Lauréats du cégep de Saint-Hyacinthe. Ils ont gagné le titre de la deuxième division du football collégial, samedi dernier, à Trois-Rivières.

« C’est la célébration qui continue ! », lance Alexis avant de poursuivre sa route non loin des véhicules tout aussi en fête des Moineaux.

Un ouvrier de la construction, dans sa grue, salue les joueurs à leur hauteur. Les employés des restaurants sortent sur leur terrasse et photographient la scène. Quelqu’un, quelque part, fait jouer Sur mon épaule, des Cowboys Fringants.

Les Alouettes et leurs partisans ont trimé depuis « dix ans et des poussières ». Ils ont « fait face au vent d’hiver ».

Mais « ensemble », en ce mercredi de novembre, ils n’ont plus « peur de rien ».