(Québec) Le Parti québécois (PQ) a profité mardi d’un hommage aux Alouettes, champions de la Coupe Grey, pour remettre au célèbre joueur Marc-Antoine Dequoy un chandail sur lequel il est inscrit « gardez-le votre anglais ».

Le parti indépendantiste a tenu ainsi à souligner le coup d’éclat du numéro 24 qui, lors d’une entrevue après la victoire du 19 novembre, a livré un plaidoyer enflammé pour la place du français dans cette finale de la Ligue canadienne de football à Hamilton.

Les élus de l’Assemblée nationale ont d’ailleurs célébré mardi la victoire spectaculaire des Alouettes par une motion et une cérémonie au Salon rouge, en évoquant leur sentiment d’appartenance au Québec français.

« Ça va être correct, il n’y aura pas de cri du cœur aujourd’hui », a déclaré Marc-Antoine Dequoy, sourire en coin lors de son allocution durant la cérémonie, en présence de ses autres camarades, des chefs de partis, de plusieurs députés et du propriétaire de l’équipe, Pierre Karl Péladeau.

Le 19 novembre dernier, lors de leur victoire à l’arraché 28 à 24 contre les Blue Bombers de Winnipeg à Hamilton, il avait lancé : « Ils n’ont jamais cru en nous ! Tu regardes partout dans le stade, c’est écrit en anglais. Même sur le guide télé de TSN, c’était écrit Toronto contre Winnipeg. Mais tu sais quoi, gardez-le votre anglais ! »

« Tu avais raison de péter ta coche, tu as dit tout haut ce que les Québécois pensent tout bas », a dit le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon, dans son discours, en déposant la motion qui a été adoptée à l’unanimité en Chambre.

« Ce n’est pas pour rien qu’on a vécu un grand frisson collectif », a témoigné le chef parlementaire de Québec solidaire (QS), Gabriel Nadeau-Dubois.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, LA PRESSE

Marc-Antoine Dequoy

Le PQ, connu pour avoir fait adopter la loi 101 et pour ses positions en faveur du fait français, n’allait pas en rester là. Après la cérémonie, M. St-Pierre Plamondon a remis à Marc-Antoine Dequoy un chandail sur lequel il était écrit : « gardez-le votre anglais ».

« C’est une très, très grande fierté, pour le Québec, qu’une équipe bien de chez nous, que des gens bien de chez nous accomplissent un exploit comme le vôtre et pour plusieurs, en ayant le français tatoué sur le cœur », a déclaré la présidente de l’Assemblée nationale, Nathalie Roy.

Elle a rappelé qu’en début de saison, les pronostics plaçaient pourtant les Alouettes au dernier rang de la division Est.

Personne ne croyait aux chances de cette équipe, a souligné M. St-Pierre Plamondon dans son discours en Chambre.

« Votre appartenance à Montréal et à l’ensemble du Québec nous a touchés », a-t-il lancé.

« Nous, une équipe qui part avec peu de moyens, qui persévère et qui va jusqu’à la victoire, ça nous inspire », a poursuivi le chef péquiste, comme s’il faisait référence au destin de son parti qu’on donnait pour mort après les élections de 2022 et qui serait maintenant en tête selon les sondages.

« Cette histoire de remontée contre toute attente, c’est un peu la nôtre, au fond, au Québec », a affirmé M. Nadeau-Dubois.

« Cette lutte pour le respect, pour ce qu’on est, pour la langue qu’on parle, elle se fait aussi sur le terrain de football. »