Comme dans le Karaté Kid, mesdames, messieurs, nous en sommes au moment de vérité.

Qu’est-ce que ça signifie, au juste ? Ça signifie qu’on passe aux choses sérieuses, et puis d’ailleurs, il paraît que Nietzsche lui-même ne crachait jamais sur un bol de nachos par un dimanche après-midi de fin de saison, quand ça se corse, parce que ça l’aidait dans son travail. On rappelle qu’il a déjà écrit ceci : « Être vrai, peu le peuvent ! »

N’est-ce pas ?

Dans cette lignée, et puisqu’il le faut, on peut se demander qui est « vrai ». Si le bon Fred était encore parmi nous, il soulignerait, avec sa verve habituelle, qu’il y a bien trop d’imposteurs dans cette ligue, par exemple les Steelers de Pittsburgh ou les Packers de Green Bay, qui donnent espoir à leurs fidèles, mais qui s’effondrent dans la seconde. On peut bien accuser les Jets de New York de tous les maux, mais eux, au moins, ne donnent espoir à personne depuis 50 ans, et il faut souligner cette belle honnêteté.

De la même manière, les Dolphins de Miami s’affichent bien en haut du classement, d’un air un peu suffisant avec leur fiche de 10-4. Mais sont-ils « vrais » ? Avec des victoires contre les Chargers et les Panthers et les Raiders, on a un peu l’impression que leur fiche est gonflée comme les bras de Barry Bonds.

Ça tombe bien, ils vont accueillir les Cowboys de Dallas dimanche, et on devrait avoir quelques réponses.

Sur les Dolphins, bien sûr, mais aussi sur ces Cowboys qui s’écrasent toujours au même moment, un peu comme votre ami au karaoké qui pense pouvoir chanter Bohemian Rhapsody après deux ou trois bières, mais qui trouve ça plus compliqué quand ça vire en opéra.

Mais les Dolphins peuvent entrevoir des jours meilleurs avec le retour du receveur Tyreek Hill, qui semble remis de sa blessure à une cheville, et qui devrait être en mesure d’affronter les Cowboys. Hill a encore un œil sur l’exploit d’une saison de 2000 verges de gains – il en est à 1542 verges –, ce qu’aucun receveur n’a fait dans l’histoire du football américain.

PHOTO ROBERT DEUTSCH, ARCHIVES USA TODAY SPORTS

Le receveur des Dolphins Tyreek Hill (10)

En attendant, ce pauvre Tua Tagovailoa se fait encore dire qu’il n’est rien sans Hill, comme Hall n’était rien sans Oates, et quand on y pense, peut-on être quelqu’un sans quelqu’un d’autre ?

On vous laisse penser à tout ça.

Si c’est vraiment possible, Aaron Rodgers s’est encore surpassé. Après avoir suggéré qu’il était sur le bord d’un miracle et qu’il visait un retour au jeu cette saison, l’énigmatique quart-arrière des Jets a finalement admis que non, désolé, ça n’arrivera pas.

Sauf que monsieur tient quand même à avoir sa place avec le club, alors pour l’accommoder, les Jets ont dû retrancher un autre joueur, le centre-arrière Nick Bawden.

On s’entend que Bawden ne va jamais porter un veston jaune à Canton (au bout du compte, les Jets vont le garder avec leur équipe d’entraînement), mais ce simulacre de gestion vient nous rappeler qui, exactement, mène la barque chez les Jets, un club que l’on pourrait facilement confondre avec un cirque si seulement on y retrouvait des tigres ou des éléphants.

En tout cas, on y retrouve des clowns.

Pour des raisons de modestie, on ne va pas prétendre que cette chronique est lue d’un Atlantique à l’autre, pour citer Claude Ruel, mais bon, elle est lue par un nombre grandissant de lectrices et lecteurs, sans doute dans les milliards, et peut-être plus.

Ça donne un courrier abondant, notamment ce message d’Yves Gagné, un habitué, qui pose cette question au sujet du coach des Broncos de Denver : « Gageriez-vous contre Sean Payton ? » Une question à laquelle la réponse est non pour des raisons de sécurité, sachant que Sean a déjà donné son accord afin de mettre des têtes à prix dans ses jeunes années chez les Saints de La Nouvelle-Orléans.

Ensuite, il y a ce monsieur Perreault, qui reproche à cette chronique un mépris pour le soccer, ce qui relève de l’évidence, comme on pourrait reprocher au Canadien de ne pas gagner des coupes Stanley.

Enfin, Roberto estime que l’élan de Joe Flacco devrait se retrouver au musée, au même titre que celui de Ken Griffey Jr. et le revers de Denis Shapovalov. J’ajouterais à cette liste prestigieuse le coup roulé de Carl Carmoni.

Moment de vérité, disions-nous… On peut mettre ça au pluriel, parce qu’il y aura plusieurs moments de vérité en cette 16e semaine de jeu.

Cowboys et Dolphins, évidemment, mais on notera aussi des chocs de première importance, qui vont opposer les Lions aux Vikings, les Browns aux Texans, et bien sûr le gros match, lundi soir, avec les Ravens chez les 49ers.

C’est Noël. Soyez bons.