Plus de doute, les Ravens de Baltimore sont maintenant l’équipe à battre dans la NFL.

Les 49ers de San Francisco étaient considérés comme la meilleure équipe de la ligue, grâce à leur fiche de 11-3. Les Ravens les ont déclassés 33-19 le jour de Noël.

Les Dolphins de Miami étaient identifiés comme les plus grands rivaux de Baltimore dans l’Association américaine avec leur dossier de 11-4. Les Ravens les ont humiliés 56-19 le jour du réveillon.

La troupe de John Harbaugh (13-3) ne fait de cadeau à personne.

Nous entrons dans la dernière semaine de la saison régulière et, contre toute attente, les hommes en mauve doivent être considérés comme les favoris pour aller chercher les grands honneurs, malgré une formation décimée, incomplète et imprévisible. Là est le paradoxe le plus intéressant de la saison 2023.

Le roi Lamar

D’abord, réglons une chose. Lamar Jackson, même s’il sera en congé ce week-end, sera récompensé du trophée du joueur par excellence du circuit. Il le sera pour la seconde fois de sa carrière, après avoir remporté cet honneur en 2019. D’autant que la définition du « joueur le plus utile à son équipe » s’applique complètement au quart-arrière des Ravens.

Dans les deux derniers matchs mentionnés précédemment, Jackson a porté cette attaque sur ses épaules meurtries. Sept passes de touché, aucune interception, 573 verges par la passe, 73 % de passes réussies et 13 courses.

La capacité avec laquelle Jackson gère ses matchs est exceptionnelle. Le joueur de 26 ans est certainement arrivé à maturité. Sur le terrain, il agit comme un gagnant, mais surtout comme un joueur capable de s’économiser pour mieux régner.

Autrefois blessé plus souvent qu’à son tour à cause de sa témérité, Jackson s’est magnifiquement adapté depuis le début de la saison. Depuis son entrée dans la NFL, il n’a jamais aussi peu couru avec le ballon. Il court en moyenne 9,25 fois par match, le taux le plus bas de sa carrière. Il ne court pas moins efficacement pour autant. Mais il court mieux et à de meilleurs moments. Lorsque ça vaut réellement la peine. Il semble s’être débarrassé de l’empressement, de la naïveté et de l’urgence de ses débuts. Comme les plus grands, il a été capable de modifier sa manière de jouer sans se transformer complètement.

Après tout, Jackson est sans doute le dernier pilier capable de soutenir cette équipe offensivement. Sa perte serait fatale. Mais son apport est vital.

Faire beaucoup avec peu

Le rendement des Ravens est d’autant plus surprenant que cette équipe a été considérablement éprouvée depuis le début du calendrier.

Sur papier, cet été, lorsque la neige n’était ni grise ni brune, les Ravens avaient tout pour être compétitifs.

Mais c’était avant la blessure à un tendon d’Achille du porteur de ballon J.K. Dobbins, le 19 septembre. Avant la blessure à une cheville de l’ailier rapproché Mark Andrews, le 25 novembre. Avant la blessure au dos du receveur Devin Duvernay, le 13 décembre. Avant la blessure à un genou du porteur de ballon Keaton Mitchell, le 19 décembre.

Tous ces joueurs ont vidé leur casier après avoir subi des blessures suffisamment graves pour mettre un terme à leur saison.

Ces imprévus auront toutefois servi à mettre en valeur toute la profondeur offensive des Ravens et le génie de Jackson, capable de faire de l’or avec du sel.

Pendant que Brock Purdy peut compter sur Christian McCaffrey, que Dak Prescott peut se fier à CeeDee Lamb et que Tua Tagovailoa peut s’appuyer sur Tyreek Hill, Lamar Jackson doit miser sur… Lamar Jackson.

Le nouveau coordonnateur offensif Todd Monken, ayant permis à l’Université de Géorgie de gagner deux titres nationaux consécutifs, a néanmoins eu son mot à dire. En construisant notamment un système efficace et conçu sur mesure pour son quart-arrière. Lui donnant ainsi les options nécessaires pour pouvoir profiter d’un peu de répit.

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Todd Monken, coordonnateur offensif des Ravens de Baltimore

Ainsi, des joueurs de l’ombre comme le porteur de ballon Justice Hill et l’ailier rapproché Isaiah Likely ont été déterminants en remplacement des gros canons. Pendant ce temps, le demi offensif Gus Edwards et le receveur Zay Flowers ont trouvé leur rythme de croisière. Comme quoi tout arrive à point pour les Ravens.

Défense intraitable

L’identité de cette formation passe toutefois, en grande partie, par la défense. Même si Jackson et Monken font presque l’impossible.

Pourtant, le quart-arrière est au 14e rang de la NFL pour le nombre de verges par la passe. Le meneur de l’équipe pour le nombre de verges aériennes captées est Flowers, avec 858 verges, et il se retrouve au 37e rang de la ligue. Jackson est aussi le plus productif de l’équipe par la course, mais ses 821 verges au sol le placent seulement au 20e rang.

Pour pallier ces limitations, la défense doit être intraitable. Et elle fait des merveilles. Avec 263 points accordés, aucune équipe n’a alloué moins de points que les Ravens.

Les secondeurs Roquan Smith et Patrick Queen on bien du mérite. La paire est dominante comme celle composée de Devin White et de Lavonte David l’a été lors du plus récent championnat des Buccaneers de Tampa Bay.

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Les secondeurs Patrick Queen et Roquan Smith

Justin Madubuike est parmi les meilleurs chasseurs de quarts de cette ligue avec huit sacs. Geno Stone est deuxième au chapitre des interceptions, avec sept. Ces noms ne vous disent rien ? C’est possible. Mais ces deux joueurs sont névralgiques au succès de l’équipe. Comme les violonistes au sein d’un orchestre.

Il y a aussi l’apport non négligeable des vétérans Jadeveon Clowney et Kyle Van Noy. Fringants comme dans leur vingtaine, les deux joueurs sont de tous les combats. Ils sont immanquables.

Cette défense ne laisse rien au hasard. En fait, elle ne laisse rien, tout court.

Et si cette énumération de joueurs vous laisse indifférent par leur anonymat, cette liste pourrait refaire surface plus tôt que tard, au Super Bowl, lorsque les annonceurs présenteront les membres de l’équipe championne.