Parfois, on se dit qu’il y a des équipes qui ne vont probablement jamais rien gagner de notre vivant.

Les Maple Leafs de Toronto, par exemple, n’ont rien gagné depuis l’invention de la télé couleur. Les Browns de Cleveland aussi. C’est sans oublier les Bills de Buffalo ou encore les Jets de New York qui, en plus, devront composer avec les délires d’Aaron Rodgers dans l’avenir immédiat.

On a longtemps cru que les Lions de Detroit allaient rester sur cette liste, mais non. Tel Rocky Balboa à la fin du troisième film (et du quatrième et du cinquième), les voici qui ressuscitent alors que l’on ne s’y attendait plus.

Depuis la création du Super Bowl, bien peu d’équipes ont incarné la médiocrité comme eux. Les Lions ont déjà conclu une saison de zéro victoire, ce qui est une sorte d’exploit.

Le meilleur entraîneur de leur histoire, Wayne Fontes, n’a pas une fiche gagnante, et leurs deux plus grands joueurs, Barry Sanders et Calvin Johnson, ont préféré se pousser à la retraite plutôt que de continuer à perdre à chaque dimanche.

Aussi, avant la présente saison, le club de Detroit avait gagné exactement un match éliminatoire depuis la création du Super Bowl. Personne d’autre que les Lions n’a subi autant d’échecs, à part peut-être le gars qui a essayé de remplacer Michael Hutchence dans INXS.

Mais bon, tout cela est du passé, et tel que Sartre l’a déjà écrit : c’est sur le gazon que ça se joue.

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Le quart-arrière des Lions de Detroit, Jared Goff, à l’entraînement vendredi, en prévision de la finale de conférence de dimanche contre les 49ers de San Francisco.

Cela nous mène au gros match de dimanche soir à Santa Clara, celui du championnat de la Conférence nationale, face aux 49ers de San Francisco. C’est exactement la deuxième fois depuis la création du Super Bowl que les Lions se rendent aussi loin.

Bien sûr que les 49ers sont favoris, mais il ne faudrait pas sous-estimer la formation du coach Dan Campbell, parfaitement capable de débarquer là-bas et de causer la surprise. Deux questions qui vont sans doute déterminer le résultat : les Lions peuvent-ils forcer le quart-arrière des 49ers, Brock Purdy, à être ce qu’il est, c’est-à-dire le tout dernier choix du repêchage de 2022 ? Ensuite, les Lions pourront-ils courir avec l’objet, eux qui ont récolté 114 verges au sol la semaine dernière face aux Buccaneers de Tampa Bay ?

C’est là que ça va se jouer, mesdames, messieurs. La logique envoie déjà les 49ers au Super Bowl, mais parfois, la logique fout le camp, et s’il y a une chose que l’on a apprise au fil du temps, c’est que n’importe quoi peut arriver lors de n’importe quel dimanche. Ça aussi, Sartre l’a déjà écrit.

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Bien sûr, il y aura un autre gros match, la finale de la Conférence américaine, qui va opposer les Chiefs de Kansas City aux Ravens à Baltimore. Un rappel que les Bills y seraient s’ils avaient pu trouver un botteur qui ne botte pas trop à droite, ce qui est un problème pour eux depuis 1991.

Alors, est-ce que les Chiefs ont des chances ? Bien sûr. Tout le monde a toujours des chances, et quand on y pense, la vie n’est-elle pas faite de chances, d’occasions fortuites, de petits bonheurs imprévus ? Bien sûr que oui.

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Le quart-arrière Lamar Jackson à l’entraînement jeudi

Mais on ne va pas à Baltimore sans un plan de match génial en attaque. On insiste : génial. C’est ici que l’on rappelle que cette saison, la défense des Ravens a étouffé tour à tour les machines offensives que sont les 49ers, les Dolphins de Miami et les Lions, qui ont marqué un total de 44 points combinés en trois matchs face aux Ravens.

On peut bien parler de Lamar Jackson tant qu’on veut, mais Baltimore gagne en défense, comme toujours.

Heureusement, les Chiefs ont Taylor Swift.

Par ailleurs, Bill Belichick s’est fait dire non merci par les Falcons d’Atlanta, qui lui ont préféré Raheem Morris. À moins d’un revirement inattendu, donc, le coach de la dynastie des Patriots de la Nouvelle-Angleterre va passer la prochaine saison chez lui, sur le divan, à manger des croquettes de poulet comme nous tous.

C’est quand même particulier. Est-ce que les récents résultats des Patriots, sans Tom Brady bien sûr, ont miné l’image de Belichick ? Est-ce que la réputation du bon Bill, celle d’un gars qui veut toujours tout contrôler, vient jouer contre lui ? Tout ça est possible.

Il est possible, aussi, que Belichick ait espéré un appel des Cowboys de Dallas, mais le Texas n’est probablement pas assez gros pour contenir en même temps son ego et celui de Jerry Jones.

Tel qu’on le sait, la popularité de cette chronique ne se dément guère, de Prévost à Kyoto, et les témoignages, questions et déclarations d’amour arrivent de tout partout dans la boîte à courriels.

Ainsi, Philippe Martin nous conseille de nous méfier des Texans de Houston et des Packers de Green Bay, dans un message qui a de toute évidence été écrit avant les matchs du week-end dernier. Meilleure chance la saison prochaine.

Sylvain Larouche, lui, se présente comme un fan du Canadien et des Cowboys. « Faut croire que j’aime les équipes qui ne gagnent pas souvent », ajoute-t-il, d’un ton qui hésite entre la tristesse et la résignation. On en profite pour rappeler à Sylvain que personne ne peut lui enlever ses souvenirs.

Enfin, une certaine Joycelyn affirme vouloir « ouvrir son cœur » et se dit à la recherche d’un homme avec « des vraies valeurs ». On lui souhaite bonne chance.

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C’est ça qui est ça. Un rappel : s’ils gagnent dimanche, les Chiefs prendront part à un quatrième Super Bowl en cinq ans.

Est-ce que ça ressemble à un début de dynastie ? Sans doute. Imaginez ce que les Chiefs auraient pu accomplir si Taylor Swift avait été là en partant.