Malgré une saison pendant laquelle le navire aurait pu chavirer et prendre l’eau à plusieurs reprises, les Chiefs de Kansas City ont obtenu leur place au Super Bowl, dimanche, pour la quatrième fois en cinq ans. Patrick Mahomes a pris les choses en main en enroulant la barre du gouvernail à bâbord pour envoyer son équipage en direction de Las Vegas.

Il y a de ces athlètes capables de se lever dans les grands moments. Des exemples comme Michael Jordan, Tiger Woods et Tom Brady sont évidents. Il faudra désormais ajouter le nom de Patrick Mahomes à cette liste prestigieuse. À sa sixième saison comme partant des Chiefs, le quart-arrière de 28 ans participera déjà à son quatrième match de championnat en vertu d’une victoire de 17-10 face aux Ravens de Baltimore.

Travis Kelce ne joue pas le même rôle que Mahomes, mais l’ailier rapproché est un autre élément essentiel de cette équipe habituée à jouer des matchs d’importance. Kelce, sous les yeux de sa douce, a été la bougie d’allumage des vainqueurs en début de match.

Il a converti le premier quatrième essai de la rencontre, inscrit le premier touché sur un attrapé de 21 verges et généré à lui seul presque la moitié des verges totales de son équipe en première demie. Grâce à ses 11 attrapés, Kelce a dépassé Jerry Rice au sommet de l’histoire de la NFL pour le nombre de réceptions en éliminatoires.

Pourtant, les Ravens avaient des chances légitimes de l’emporter. Leur défense avait été la meilleure de la saison, accordant seulement 16,5 points par rencontre. Mais les Chiefs ont marqué presque l’équivalent en une moitié de match. L’exécution de Baltimore a été brouillonne et, compte tenu des attentes, décevante. Au premier quart, notamment, Patrick Queen, Roquan Smith et compagnie paraissaient paralysés, ébahis et hypnotisés par la magie et la virtuosité de Mahomes. Comme le public pendant les années de gloire d’Arturo Brachetti.

Au bout de 30 minutes, Mahomes avait complété 20 de ses 25 passes pour 161 verges. Au stade M&T Bank et sur les réseaux sociaux, les partisans des Ravens étaient découragés et à bout d’optimisme. Les Chiefs sont dans une classe à part dans ce genre de match. La marque était de 17-7 à la mi-temps, mais dans les circonstances, Baltimore a limité les dégâts, car les Chiefs ont été en possession du ballon 11 minutes de plus que leurs rivaux.

Décevant Jackson

Difficile de croire qu’Andy Reid n’a pas imposé à ses joueurs de visionner des cassettes de l’attaque de Tom Brady et des Patriots de la Nouvelle-Angleterre.

Le plan de match et les schémas employés par les Chiefs, similaires à ceux de l’équipe la plus prolifique du football, ont été appliqués à la lettre. Garder le ballon le plus longtemps possible, jouer au sol sans forcer le jeu et cibler des valeurs sûres en troisième essai. Huit fois Mahomes a converti des troisièmes essais en relance offensive.

PHOTO MATT SLOCUM, ASSOCIATED PRESS

Patrick Mahomes (15)

Le quart-arrière a joué du football simple et intelligent. L’autre touché des Chiefs a été l’œuvre d’Isiah Pacheco, par la course, en début de deuxième quart.

Et si le quart-arrière et ses acolytes ont joué à la hauteur du moment, de leur expérience et de leur talent, la défense sous-estimée des Chiefs a été impériale pour le reste du match, protégeant leur courte avance.

Deuxième dans la NFL pour le nombre de points accordés, juste derrière ses adversaires du jour, l’unité défensive des visiteurs a fait paraître les Ravens pour une équipe novice.

Rien n’a fonctionné pour l’attaque de Baltimore. Surtout dans les moments de tension. Lamar Jackson et les siens ont converti seulement trois de leurs onze jeux en troisième essai.

Seul Zay Flowers a marqué en fin de premier quart sur une passe de 30 verges de Jackson. Pour le reste, les Chiefs ont assuré du début à la fin. Outre cette séquence, le joueur par excellence de la saison a été complètement muselé.

Les Ravens s’écrasent

D’ailleurs, ce même Flowers illustre à merveille ce pour quoi les Ravens devront attendre au moins une autre année avant de disputer le Super Bowl : l’inexpérience.

Après un très long attrapé en zone profonde des Chiefs en fin de troisième quart, le jeu le plus long et explosif du match pour les hommes en mauve, Flowers a poussé le demi de coin L’Jarius Sneed au sol et a fait tourner le ballon juste à côté dans son visage avant de le narguer.

PHOTO TOMMY GILLIGAN, USA TODAY SPORTS VIA REUTERS CON

Zay Flowers (4) et Trent McDuffie (22)

La recrue s’est vu imposer une pénalité pour mauvaise conduite, et les Ravens ont quitté la zone payante en reculant de 10 verges, limitant ainsi leurs chances de marquer un autre touché.

Mais comme le karma est bien réel, Sneed a fait échapper le ballon à Flowers, à la ligne d’une verge, alors que Flowers plongeait pour tenter d’entrer dans la zone des buts. C’était seulement 40 secondes après l’infraction.

Plus tard, passé la moitié du dernier quart, Deon Bush, un remplaçant, a intercepté une passe de Jackson destinée à Isaiah Likely dans la zone des buts. La première et seule interception de cette finale d’association.

Les Ravens ont senti la soupe chaude et ont commencé à être plus téméraires, plus fougueux et plus créatifs seulement au dernier quart. Ces trois qualités ont pourtant fait d’eux la meilleure équipe de la NFL en saison. Mais au pied du mur, et contre une équipe mieux rodée, Baltimore s’est dénaturé. Les Ravens ont joué comme l’équipe qu’ils n’ont jamais été.

Ils ont terminé le match avec 81 verges au sol, une donnée bien en deçà de la moyenne de 156 par rencontre qui leur avait permis de dominer la NFL à ce chapitre.

En l’emportant aussi aisément sur la route, qui plus est, les hommes d’Andy Reid ont prouvé à quel point jamais plus on ne devra douter d’eux.

Rien n’est encore joué pour les Chiefs. Reste que cette autre présence au Super Bowl témoigne de leur domination et de leur place dans l’histoire de la NFL. S’ils devaient gagner dans deux semaines, évoquer le mot « dynastie » pour décrire cette équipe que rien n’arrête serait tout à fait à propos.