Eh bien, nous y voici enfin, mesdames et messieurs.

Quelle saison ç’aura été, tout de même. Ça commence avec Aaron Rodgers qui se blesse et qui affirme qu’il va guérir au son de dauphins qui copulent (on paraphrase), ça s’enchaîne avec des Eagles de Philadelphie qui avaient l’air imbattables jusqu’à ce qu’ils ne le soient plus, et à certains endroits, ça se termine de façon abrupte, notamment à Foxboro, là où Bill Belichick sort du terrain avec une dégaine de Jedi défait dans un tournoi d’épées en plastique sur le mont Royal.

Tout ça nous a menés à ceci, maintenant : le 58e Super Bowl, présenté dimanche soir à Las Vegas, capitale du vice et des équipes de hockey qui gagnent trop vite.

Une prédiction ? Bien sûr, mais pas tout de suite. Enfin oui, un peu quand même : c’est la défense des 49ers qui va décider du résultat. Personne d’autre. Ce n’est pas bien compliqué, le club de San Francisco ne peut même pas espérer rêver à la victoire si la défense est ordinaire, comme il y a deux semaines.

D’ailleurs, on raconte que les membres de cette défense ont reçu une pas pire rince de la part du coordonnateur défensif Steve Wilks dans la salle de vidéo, plus tôt cette semaine, au moment de revoir les images du match de finale de l’Association nationale face aux Lions de Detroit. On rappelle que les Lions avaient une avance de 24-7 avant que les 49ers ne s’en tirent avec une victoire de 34-31.

PHOTO TONY AVELAR, ASSOCIATED PRESS

Le coordonnateur défensif Steve Wilks (à l’arrière) supervise l’entraînement des 49ers de San Francisco en vue du match du Super Bowl de dimanche, contre les Chifs de Kansas City.

Wilks, qui a choisi les mots « inacceptable » et « embarrassant » pour décrire le jeu de ses hommes contre Detroit, selon les médias sur place, sait très bien la même chose que nous : si sa défense joue de manière aussi molle face à Patrick Mahomes, Travis Kelce et Taylor Swift dimanche soir, les Chiefs vont embrasser le trophée Lombardi pour la troisième fois en cinq ans.

Pendant ce temps, ce pauvre Brock Purdy doit encore répondre aux mêmes questions de la part de ceux qui avancent qu’il n’est qu’un type ordinaire sans véritable talent qui profite de circonstances favorables, un peu comme le gars de Wham qui n’était pas George Michael.

On ne souhaite ça à personne.

À part ça, est-ce que ce match pourrait être le dernier d’Andy Reid ? À bientôt 66 ans, après 25 saisons dans la NFL, le vénérable entraîneur des Chiefs en serait rendu à parler de retraite, selon certaines rumeurs. Brett Veach, son directeur général, affirme plutôt que le coach est encore bien loin de la fin.

Pourtant, les Chiefs pourraient rester au sommet pendant encore un bout, et Reid serait bien fou de partir alors que la flèche pointe vers le haut. Cela ne serait pas sans rappeler ce pauvre Tim Staffell, chanteur de son état, qui a quitté Queen au moment où le groupe s’apprêtait à lancer au moins 10 albums qui sont devenus des classiques.

Mais ça n’arrivera sans doute pas, et de toute façon, Patrick Mahomes a expliqué cette semaine que Reid ne saurait pas quoi faire de lui en cas de retraite. « Tout ce qui lui importe, c’est le football et les cheeseburgers », a expliqué le quart des Chiefs aux médias à Las Vegas.

On rappelle que Socrate a passé toute son existence à essayer de trouver le sens de la vie. Andy Reid y est parvenu en seulement 11 ans à Kansas City.

On va se le dire, les masses qui se délectent de cette chronique, de Rivière-du-Loup à la Riviera Maya, ne se peuvent plus en cette semaine du Super Bowl, et vous aurez compris que la boîte à courriels déborde.

Ainsi, Yves Lahaie nous informe que les Chiefs porteront leur chandail rouge, « comme Tiger Woods au dernier jour du Masters, comme lorsque les Flames ont gagné la Coupe Stanley lors de la saison 1988-1989, comme le rouge à lèvres très rouge de Taylor Swift, et comme le logo de La Presse », précise-t-il, et on comprend que de telles coïncidences ne peuvent que mener à l’excellence.

PHOTO ALEX BRANDON, ASSOCIATED PRESS

Les Chiefs porteront leur chandail rouge dimanche, contre les 49ers, comme le rouge à lèvres de Taylor Swift.

Ensuite, voici que Denis Rochefort pose une question très pertinente : « Qu’arrive-t-il aux vêtements promotionnels de l’équipe qui perd le match (Super Bowl) ? » Ce mystère comparable à celui des pyramides d’Égypte a déjà été élucidé, et on sait maintenant que les vêtements aux couleurs du club perdant sont ensuite envoyés dans des pays d’Afrique, d’Asie, d’Europe de l’Est ainsi qu’au Moyen-Orient. Tranche de vie : un jour, un ami a déjà affirmé avoir croisé un jeune avec un t-shirt « Buffalo Bills Super Bowl Champions » au Sénégal, mais cette information n’a pu être vérifiée.

Enfin, Philippe Martin de Saint-Lambert affirme « qu’on veut toujours plus de Taylor Swift », et puis franchement, qui sommes-nous pour le contredire ?

Alors voilà, nous sommes prêts. La bière est au frigo, les ailes aussi ainsi que le brocoli, seulement pour se donner bonne conscience. Il n’y a plus rien d’autre à ajouter, sinon ceci : Chiefs 38, 49ers 24.

C’est ça qui va arriver, parce que c’est ça qui va arriver.