Il y a des millions de gens qui regardent le Super Bowl, mais il y en a beaucoup moins qui y participent. Laurent Duvernay-Tardif fait partie du deuxième groupe.

À titre de membre des Chiefs de Kansas City, l’ex-joueur de ligne à l’attaque a pris part au 54e Super Bowl, présenté à Miami en février 2020, face aux 49ers de San Francisco. Un match qui s’est terminé par une victoire des Chiefs et du joueur québécois, qui n’a rien oublié de ce dimanche et des jours précédents.

Ça m’est arrivé souvent de penser à ça cette semaine. Cette frénésie, de savoir que le match s’en vient, ça me rappelle des souvenirs. Des bons souvenirs…

Laurent Duvernay-Tardif

Aucun doute, celui que l’on surnomme LDT a gardé d’excellents souvenirs du Super Bowl et de tout ce qui vient avec.

Un match comme un autre ?

« Les joueurs vont dire ça, mais c’est pas vrai ! En partant, tu as deux semaines pour te préparer, et le football, c’est un sport où la routine et les habitudes sont payantes. Normalement, tu joues chaque dimanche, et quand tu vas sur la route, tu prends un vol le samedi. Tu arrives à l’hôtel vers 17 h 30, heure locale, meeting à 19 h 30, on mange la même chose, on se couche, on se lève le lendemain, on arrive trois heures et demie avant le début de la partie. Après, tu fais ta routine de joueur dans le stade qui est vide… Mais là, tu arrives au Super Bowl, et le stade n’est jamais vide ! Tu as la sécurité, la musique, des fans qui sont déjà là, et tu dois trouver une façon de performer dans cet environnement-là. Alors non, ce n’est pas un match comme les autres ! Mais une fois le premier jeu effectué, ça devient un match comme les autres. Ce sont les heures et les jours avant qui peuvent te rendre fébrile, et c’est facile de se laisser emporter par tout ça. Nous autres, le match avait lieu à Miami, où il y a des distractions… Là, c’est à Vegas, où il y a encore plus de distractions ! Il faut que tu trouves tes repères dans tout ça. »

À la recherche de la normalité

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Laurent Duvernay-Tardif lors d’une conférence de presse, quelques jours avant le Super Bowl de 2020

« Dans une semaine normale, d’habitude, le lundi et le mardi, c’est des journées qui sont beaucoup plus légères au chapitre de la préparation ; on va avoir un congé, on va faire un retour sur le match précédent. Mais tu arrives au Super Bowl, et les deux premiers jours, c’est les médias, des entrevues, il n’y a pas beaucoup d’activités en équipe. Je me souviens que des gars voulaient aller au resto parce que c’est ça qu’ils faisaient d’habitude… tu ne veux pas trop dévier de la préparation habituelle. En arrivant à Miami, on était laissés à nous-mêmes, mais le mercredi, les journées normales ont pu reprendre, de 7 h ou 7 h 30 jusqu’à 16 h ou 17 h. Là, c’était les mêmes meetings, la même préparation, les mêmes entraînements, et je me souviens que ça m’avait beaucoup aidé. Le mercredi, j’avais retrouvé mes repères. »

Le matin du gros match

« En me levant ce matin-là, j’étais en mission. On avait pu retrouver nos habitudes, et là-bas, on avait configuré le vestiaire comme le nôtre à la maison. En arrivant au stade, j’ai trouvé que ça ressemblait pas mal à un jour de match, tout en sachant que celui-là était plus gros, évidemment. Chaque jour, quand on sortait de l’hôtel pour aller s’entraîner, il y avait des fans qui attendaient avec des posters et des pancartes, et partout où on allait en équipe, c’était avec une escorte policière. Il y a un petit quelque chose de très surréel dans tout ça… »

Le spectacle de la mi-temps ? Pas de temps pour ça

« Coach [Andy] Reid, étant un fin stratège et un grand leader avec beaucoup d’expérience, nous avait préparés à ça. On savait exactement combien de minutes de plus on allait devoir attendre avant le début du match, et aussi pendant la pause de la mi-temps. On avait même simulé la mi-temps lors de nos entraînements… Normalement, ça dure environ 10 minutes, mais là, on savait que ça allait prendre environ 25 minutes. C’est une grosse différence. D’habitude, tu retournes au vestiaire, tu prends une orange, tu vas aux toilettes, il y a le meeting de la ligne offensive, le meeting de l’attaque, tu te mets en ligne avec les autres et puis tu retournes sur le terrain. Mais là, avec quelque chose comme 10 minutes de plus à attendre, il a fallu s’échauffer pour ne pas avoir de courbatures. On s’était préparés à ça lors des deux semaines précédentes, ça ne nous a pas pris par surprise. On n’a rien vu du spectacle de la mi-temps… »

Les confettis

PHOTO TIRÉE DU COMPTE INSTAGRAM DE LAURENT DUVERNAY-TARDIF

Laurent Duvernay-Tardif et sa conjointe Florence-Agathe Dubé-Moreau après la victoire des Chiefs au Super Bowl

« Je me souviens surtout des derniers jeux, quand on a su qu’on allait gagner. On a marqué un touché par la course pour ajouter à notre avance, et un peu après, il nous restait du temps à écouler, alors on a dû exécuter une dérobade du quart sur le côté droit pour écouler les dernières secondes et mettre fin au match. C’est une situation qui ne survient pas souvent, et il a fallu ressortir ce jeu-là, qu’on n’avait pas répété depuis le camp d’entraînement. J’ai trouvé ça beau de voir que tout le monde dans l’équipe s’en souvenait, et on a été capables de l’exécuter. J’ai vu Pat [Mahomes] lancer le ballon au loin dans les gradins, et c’est là que ça m’a frappé, on venait de gagner… Ensuite, mes parents et ma copine Florence sont arrivés sur le terrain pendant que j’étais interviewé à RDS, ça a donné un beau moment. Ça ne pouvait pas être plus à chaud comme réaction. C’était pur, c’était beau… c’est ça, le sport. »