Depuis leur défaite crève-coeur devant leurs fans en finale de la Coupe Grey, l'hiver dernier, les Alouettes ont accompli du gros boulot, s'assurant notamment du retour de leur entraîneur-chef Marc Trestman, que des rumeurs envoyaient à Oakland. La Presse s'est entretenue avec Trestman, qui commente les rumeurs et sa nouvelle philosophie d'entraîneur.

Q Comment s'est déroulée votre saison morte?

R La première chose que m'a dite (le propriétaire) Robert Wetenhall lorsqu'il m'a embauché, c'est qu'il ne voulait pas me voir à Montréal pendant l'hiver. Il voulait que je sois d'abord et avant tout un père et un mari pendant la saison morte. C'est d'ailleurs la chance de pouvoir passer plus de temps avec ma famille qui m'a convaincu d'accepter le poste à Montréal. J'ai donc passé la majorité des six derniers mois à Raleigh, où j'ai travaillé sur des projets personnels. (Le directeur général) Jim (Popp) communiquait avec moi lorsqu'il en ressentait le besoin et j'ai discuté avec certains leaders de l'équipe au sujet des défis qui nous attendent cette saison.

 

Q Prenez-vous certaines décisions au niveau du personnel des joueurs?

Tout cet aspect relève de Jim. Il me téléphone lorsqu'il veut obtenir mon opinion à propos d'un joueur, et ce rôle me convient tout à fait. Son talent pour évaluer et trouver des joueurs est évident.

Q Il va sans dire que vous serez plus à l'aise avec le football canadien à votre deuxième tour de piste, mais jusqu'à quel point?

R Je ne suis pas certain que je serai vraiment plus à l'aise. J'aurai encore des insécurités à propos des différentes situations de jeu imprévues qui pourraient survenir. Par exemple, lors des trois dernières minutes de jeu... Heureusement, j'ai plus d'expérience, mais je n'avais jamais rien vu de tel avant l'année dernière. Je ne veux justement pas devenir trop à l'aise. Je veux garder les sens bien éveillés, et je veux continuer de profiter de toute l'expérience que possèdent les entraîneurs qui m'entourent.

Q On voit régulièrement de nouveaux entraîneurs connaître du succès à leur première saison, avant d'avoir des ennuis à la deuxième. Comment s'assurer que cela ne se produise pas?

R D'abord, le passé n'est jamais garant de l'avenir. Et dès qu'il y a un nouveau venu, que ce soit un entraîneur, un joueur, un préposé à l'équipement, il y aura toujours une nouvelle chimie qui s'installera. Ce sera donc la première chose qu'il faudra avoir à l'oeil. Pour le reste, on continuera d'enseigner une bonne technique, en espérant que les joueurs voudront bien en tirer profit. Le calendrier est exigeant en début de saison, alors que sept de nos 10 premiers matchs sont contre des équipes de l'Ouest. On affrontera deux excellents quarts-arrières (Ricky Ray et Henry Burris) dès nos deux premières rencontres. Et selon moi, c'est une très bonne chose. Ça nous permettra de trouver notre rythme dès le début de la saison.

Q Depuis quelques années, la division de l'Ouest semble nettement supérieure à celle de l'Est. C'est le cas, selon vous?

R C'est vrai, mais je pense que les changements qu'ont apportés les équipes de l'Est leur permettront de continuer à réduire l'écart qui les distance de celles de l'Ouest. Et je considère que l'écart entre l'équipe de première place et celle de huitième est très mince dans cette ligue.

Q Si vous pouviez compter sur un peu plus de profondeur à une position précise, cette saison, de laquelle s'agirait-il?

R Bien que nos secondeurs aient fait du bon boulot l'année dernière, je pense qu'il y aura un peu plus de compétition à cet endroit, notamment avec l'arrivée de Cam Hall. On a également obtenu quelques demis défensifs qui se distinguent en couverture homme à homme, et je pense que les ailiers défensifs Jermaine McElveen et Rodney Hardeway apporteront une plus grande contribution à leur deuxième saison - sans rien vouloir enlever à nos partants, John Bowman et Anwar Stewart.

Q Vous êtes un spécialiste de l'attaque, mais touchez-vous au côté défensif?

R Il faut bien savoir jongler lorsqu'on est entraîneur-chef. J'y touche suffisamment pour savoir ce qui s'y déroule. Je pense que tous les entraîneurs de l'équipe connaissent l'essentiel du plan de match en entier. Souvent, le plan de match de la défense ou encore celui de l'attaque peut influencer ceux de nos autres unités. J'appelle ça du football de continuité, et on l'obtient grâce à une bonne communication.

Q L'attaque a la plupart du temps été brillante en 2008, tandis que la défense a connu des hauts et des bas. L'unité a connu ses meilleurs moments pendant les éliminatoires, mais recherchez-vous plus de stabilité?

R Il y a eu beaucoup de changements en raison de plusieurs facteurs l'année dernière. Je pense que Tim Burke (le coordonnateur défensif) a accompli de l'excellent travail. On aimerait que la défense soit un peu plus constante cette saison, mais elle a suffisamment bien joué afin de nous permettre de gagner en séries. (L'attaque) n'a pas élevé notre niveau de jeu lorsque cela s'imposait. Je pense que les choses augurent bien pour notre défense.

Q Des rumeurs comme quoi vous aviez été contacté par les Raiders d'Oakland ont circulé l'hiver dernier. Étaient-elles fondées?

R Je me fais un devoir de ne jamais commenter les rumeurs, parce que si j'en commente une, je devrai toutes les commenter. Je peux vous dire que je suis dévoué à mon équipe, que j'aime mes joueurs et que je leur suis entièrement consacré. Lorsqu'on gagne, il fait toujours bon être coach. Votre nom circule dans les rumeurs - et il y aura toujours des noms qui circuleront dans les rumeurs, car c'est le business. Et quelque part, tant mieux si mon nom continue de circuler, ça démontrera que notre organisation en entier fait du bon travail.

Q Où aimeriez-vous être dans cinq ans?

R La seule chose qui soit claire pour moi, c'est que je serai entraîneur quelque part. J'ai plus d'énergie et de passion pour le football qu'à n'importe quel autre moment de ma vie - et j'aime le football depuis que j'ai 8 ans. Mais je n'aborde plus le métier de la même façon qu'avant. Depuis quatre ou cinq ans, je me concentre moins sur mes objectifs professionnels et plus à aider le cheminement des gens autour de moi. Et j'ai plus de plaisir ainsi. Lorsqu'on est entraîneur, on a souvent propension à se fixer des objectifs fermes, on doit réaliser ceci ou cela afin de sentir qu'on connaît du succès. Aujourd'hui, je ne pense plus à ce que l'avenir me réserve, aux championnats, à telle ou telle catégorie de statistiques. J'ai une vision d'ensemble quant à la direction que doit prendre l'équipe, mais mon objectif est devenu de gagner le prochain match, tout simplement. Lorsqu'on a une vie de hauts et de bas derrière soi, on en vient à réaliser que c'est vraiment tout ce qui compte, de gagner le prochain.

Q À l'exception de la famille et du football, y a-t-il d'autres passions qui vous habitent?

R Ma femme me dit constamment que je ne pense pas suffisamment à moi, car je me suis conditionné à passer tout mon temps libre avec ma famille. La musique est l'une de mes passions; du rap jusqu'au classique, j'aime tout. Seal et James Taylor font partie de mes artistes préférés. J'aime beaucoup écrire, et je planche sur deux projets de livres depuis trois ans, un sur le métier de quart-arrière, l'autre sur les leçons de leadership que j'ai observées au cours de ma carrière. Je lis beaucoup, surtout des livres qui parlent de physique, par exemple The Fabric of the Cosmos, de Brian Greene. Des livres que je ne comprends pas trop, finalement...