Leur crinière a retenu toute l'attention cette semaine, mais qu'ils puisent leur puissance à la même source que Samson ou pas, Troy Polamalu et Clay Matthews sont les deux meilleurs joueurs défensifs de la NFL.

C'est l'avis des 50 membres des médias qui ont voté pour le joueur défensif par excellence en début de semaine, et celui de la plupart des gens qui ont une opinion sur le sujet. Polamalu a remporté le titre avec 17 votes, alors que Matthews en a reçus 15.

«C'est la vie! J'ai félicité Troy, il a connu une saison exceptionnelle, et il méritait cet honneur. C'est une personne de classe, un grand joueur, que j'adore regarder jouer et pour qui j'ai la plus haute estime. Je suis très heureux pour lui. La beauté, c'est qu'il y a encore un trophée à remporter, dimanche. Et si on l'obtient, les honneurs individuels auront peu d'importance», a commenté Matthews.

«Ce n'est jamais facile de terminer deuxième, mais c'est un peu plus facile parce que c'est un membre de la grande famille des Trojans», a ajouté le secondeur des Packers de Green Bay.

Deux joueurs explosifs, qui multiplient les jeux-clés, qui ne tiennent pas trop aux honneurs individuels, et qui proviennent de l'Université du Sud de la Californie (USC) - une grande source de fierté pour les deux hommes.

«Clay est un secondeur incroyable, sans contredit l'un des meilleurs de la NFL. Et en plus, il provient de la meilleure université qu'ait connue l'humanité», a d'ailleurs dit Polamalu, dans un rare élan promotionnel.

Le demi de sûreté des Steelers de Pittsburgh est une super-étoile comme on en retrouve très peu. Son maillot est le plus vendu de la NFL. Les enfants et les ados l'adorent, et la plupart des joueurs ont les yeux grands comme ceux d'un môme lorsqu'ils parlent de lui. Mais Polamalu ne comprend pas pourquoi il est adulé - ou ne veut pas le comprendre.

«J'achète des chandails aux membres de ma famille, alors c'est sûrement pour ça que le mien est le plus vendu. La marque des Steelers est mondiale, on a même déjà vu une Terrible Towel sur la lune», observe-t-il afin d'expliquer son succès commercial.

Et son titre du joueur défensif par excellence? «Je pense que c'est surtout un honneur pour mes coéquipiers. Bien honnêtement, je n'ai rien ressenti lorsque j'ai appris que je l'avais remporté. Notre système défensif nécessite la contribution de trop de joueurs afin de connaître du succès, alors c'est impossible d'en identifier un seul.»

De l'avis de tous ceux qui le côtoient, ce n'est pas un exemple de fausse modestie. Polamalu n'aime pas les réflecteurs - on ne dira pas qu'il les déteste, car détester ne fait sûrement pas partie de son vocabulaire.

J'étais à Pittsburgh dans le cadre de la finale de la Conférence américaine, il y a deux semaines. Le jeudi ou le vendredi, Polamalu n'a pas parlé aux médias, à leur grande déception. Mais quelques minutes plus tard, je l'ai aperçu qui discutait avec un groupe d'enfants, souriant, signant des autographes, loin de la caméra. Polamalu, c'est ça.

Ryan Clark, l'autre demi de sûreté régulier des Steelers, est l'un des meilleurs amis de Polamalu. Il est donc bien placé pour parler du joueur et de l'homme.

«Jouer à côté de Troy, c'est comme assister au cirque et avoir un siège dans la première rangée chaque semaine. Mais ce qui est encore plus incroyable, c'est son humilité. Il réussit tous ces jeux extraordinaires, mais vous ne l'entendrez jamais en parler. Il n'a aucun intérêt pour les honneurs individuels et l'attention, seuls les succès de l'équipe lui importent.»

Peu d'intérêt

Polamalu était déjà considéré un joueur de premier plan chez les Trojans. Ce n'était toutefois pas le cas de Matthews - pas au départ, du moins. Même si son père Clay et son oncle Bruce avaient joué dans la NFL pendant 19 saisons chacun, il a reçu très peu d'intérêt des grandes universités américaines. Il s'est amené à USC sans même avoir reçu une invitation formelle (un walk-on, comme on dit au football).

«Il n'a pas reçu d'invitation à USC, et il a conservé la mentalité d'un joueur qui a été ignoré, même en dépit du succès qu'il a connu cette saison. Il ne sera jamais satisfait», dit Kevin Greene, l'entraîneur des secondeurs des Packers.

«Il n'a pas d'ego. Il est attentif et il veut toujours apprendre. J'ai joué à la même position que lui pendant 15 ans dans la NFL, et il a accepté mes conseils et les connaissances que je lui ai transmis», raconte Greene.

Les enseignements de Greene semblent déjà avoir rapporté. Matthews était très bon à sa première saison, mais il a continué d'élever son niveau de jeu à sa deuxième.

«Je me suis amélioré contre la passe et mes connaissances de notre système défensif sont meilleures. C'est cependant au niveau du leadership que j'ai le plus progressé. Je comprends qu'on s'attend à ce que je prêche par l'exemple. Alors même si ce n'est que ma deuxième saison, je me considère un leader et un vétéran.»

L'ascension de Matthews est similaire à celle d'un autre joueur, selon Polamalu, qui a comparé le jeune secondeur des Packers à l'un de ses propres coéquipiers. «Son histoire rappelle un peu celle de James Harrison, qui a été ignoré, lui aussi.»

«Harrison n'a jamais été repêché, et regardez tout ce qu'il a accompli, entre autres sa fameuse interception au 43e Super Bowl et toutes ses nominations au Pro Bowl. C'est un athlète exceptionnel, qui cause toutes sortes d'ennuis pour l'attaque adverse. Il possède des habilités uniques et c'est un joueur spécial. Alors d'être comparé à lui est un énorme compliment», a estimé Matthews.

L'élite défensive de la NFL

Harrison a reçu le même titre que Polamalu, il y a deux ans. L'année dernière, l'honneur est allé au demi de coin Charles Woodson, des Packers. C'est donc dire que les trois derniers joueurs défensifs par excellence de la NFL seront sur le terrain, demain soir, une première dans l'histoire du Super Bowl.

Matthews y sera également. B.J. Raji, Tramon Williams, Nick Collins, Cullen Jenkins, LaMarr Woodley, Casey Hampton, Brett Keisel, Lawrence Timmons, James Farrior, aussi... Les défenses domineront-elles ce 45e Super Bowl? Farrior n'en est pas convaincu.

«C'est généralement lorsque les gens s'attendent à un match défensif et à peu de points qu'on assiste à des festivals offensifs. On verra bien.»