Trois arbres matures se sont effondrés au 17trou. Deux arrêts de jeu ont compliqué les plans des organisateurs. Brooks Koepka domine outrageusement après deux rondes. Le Tournoi des Maîtres « ne ressemble à aucun autre », si on en croit à sa devise. Il n’y a même pas deux rondes de terminées que déjà l’Augusta National fait des siennes.

Depuis le début de la semaine, les amateurs, les joueurs et surtout les organisateurs craignent dame Nature. Les radars météorologiques n’annonçaient rien de bon pour la 87e édition du tournoi le plus prestigieux au monde. Les experts prévoyaient beaucoup de pluie, de forts vents et de violents orages à partir de vendredi après-midi.

La journée de jeudi s’est déroulée sans accroc, dans une chaleur accablante. La deuxième ronde a offert aux golfeurs bénéficiant d’un départ hâtif des conditions semblables à celles de la veille. Le comeneur Brooks Koepka a profité de son entame peu après l’aube pour écraser toute concurrence. Il a remis une carte de 67 (- 5) pour grimper à - 12 et devancer Jon Rahm et Viktor Hovland de cinq coups.

Comme dans tout tournoi majeur, personne ne peut prévoir l’issue. Toutefois, si Koepka enfile le veston vert dimanche après-midi, il faudra repenser à ce coup de chance d’avoir été parmi les premiers à prendre le départ vendredi.

Le reste de la journée s’est déroulée sans perturbations, jusqu’en milieu d’après-midi. À 15 h 07, les surintendants ont fait retentir leurs klaxons bleus pour suspendre les activités. Le ciel s’était assombri, le vent s’était levé et quelques gouttes s’écrasaient sur les casquettes des joueurs.

À peine 21 minutes plus tard, le jeu a repris. Ç’a laissé le temps à Jon Rahm, le poursuivant de Koepka, de se fâcher au huitième trou et de se réjouir au neuvième.

PHOTO MIKE BLAKE, REUTERS

Jon Rahm s’est défoulé sur son club après son swing au huitième trou.

À 16 h 22, le vent était trop dérangeant. Les conditions étaient devenues presque impraticables et les nuages noirs étaient aussi menaçants que Popa lorsqu’un membre de la famille Paré avait la mauvaise idée de toucher à ses vidanges.

Au même moment, au 17trou, trois gigantesques arbres matures se sont effondrés à cause du vent. La scène, filmée par les caméras du tournoi, est spectaculaire. Personne n’a été blessé, ont confirmé les organisateurs.

Près de 90 minutes plus tard, on a suspendu les activités jusqu’à 8 h ce samedi. Le seul hic, c’est que selon les prévisions météorologiques, les risques de précipitations en matinée sont évalués à 100 %. L’hypothèse d’une ronde finale disputée lundi, comme on l’anticipait, est de plus en plus probable.

Cette interruption sera évidemment défavorable aux compétiteurs toujours en action au moment de l’arrêt de jeu.

Rahm, en deuxième position à trois coups de la tête, s’apprêtait à jouer le 10trou. Comme Cameron Young, sixième provisoirement. Quant à Viktor Hovland, en quatrième place, il amorçait le 11trou. Ces golfeurs pourraient donc devoir jouer 26 ou 27 trous, ce samedi, si la météo le permet.

Koepka marche sur les eaux

Brooks Koepka n’a pas perdu de temps avant de quitter le peloton de tête et de filer seul vers le sommet du classement. L’Américain est parvenu à se donner une avance extrêmement confortable, notamment grâce aux conditions.

L’homme aux souliers jaunes a réussi un oiselet au deuxième trou et un aigle au huitième. Deux normales 5. À vrai dire, Koepka s’est démarqué sur toutes les normales 5 du parcours. Sur les deux autres de l’Augusta National, le 13e et le 15e, il a aussi réussi deux oiselets. Son approche sur ce dernier était d’ailleurs un brillant coup de génie.

Son jeu de fers a justement fait la différence lors de cette deuxième ronde. Il aurait même pu accentuer son avance, comme au 10e, s’il avait capitalisé sur toutes ses approches avec le fer droit en main.

Le meneur a commis un seul boguey, mais hormis cette erreur, il a été presque parfait.

Le joueur du circuit LIV Golf est dans une classe à part. À constater la qualité de son jeu, on se croirait quelque part entre 2017 et 2019, lorsqu’il était le meilleur golfeur de la planète et qu’il a remporté quatre tournois majeurs.

Complètement remis de ses blessures successives au genou gauche, au genou droit et à la hanche, Koepka est aux commandes de ce tournoi.

Sam qui ?

Bennett. Sam Bennett représente à coup sûr la plus belle histoire des deux dernières journées. Le tenant du titre du championnat amateur américain tient le coup. Mieux encore, il fait passer Scottie Scheffler et Max Homa, respectivement premier et cinquième au classement mondial, pour des amateurs, alors que c’est lui, l’amateur.

Bennett évolue pour l’Université Texas A&M et il s’est qualifié pour le Tournoi des Maîtres grâce à sa victoire au championnat américain.

Pour la deuxième journée d’affilée, il a remis une carte de 68 (- 4) et il occupe le troisième rang provisoire. Il a commis un seul boguey en 36 trous.

Bennett fait aussi parler de lui non seulement pour la qualité de son jeu, sa puissance, sa dextérité, l’effet de ses balles et son mental d’acier, mais aussi grâce à son parcours. Sur son avant-bras gauche, il s’est fait faire un tatouage en l’honneur de son défunt père. Juste avant de mourir en 2020, le père de Bennett lui a écrit sur un bout de papier Don’t wait to do something (« N’attends pas avant de faire quelque chose »).

Bennett a donc conservé la note et se l’est fait tatouer en respectant la calligraphie exacte de son paternel. L’image a fait le tour du web.

PHOTO GOLF CHANNEL, TIRÉE DU SITE TODAY.COM

Le tatouage de Sam Bennett, en l’honneur de son père

Bennett est en train de se faire un nom depuis deux jours. Et si à travers toute cette controverse entre le PGA Tour et la série LIV Golf, c’est plutôt un joueur amateur, n’ayant pas le droit de toucher à un centime de sa récompense, qui enfilait le veston le plus prestigieux au monde… ?

Woods à la limite

Au moment de mettre un terme aux activités, vendredi, la coupure provisoire était située à + 2. Tiger Woods, lui, était aussi à + 2. Il serait le dernier joueur à éviter le couperet.

PHOTO MARK BAKER, ASSOCIATED PRESS

Tiger Woods, au neuvième trou

Le Tigre a semblé moins affecté que la veille par la météo et les difficultés à marcher le terrain accidenté de l’Augusta National.

Il avait une bonne erre d’aller, surtout depuis le tiers du parcours. Son coup de départ sur la normale 3 du sixième trou a fait bondir les spectateurs. Il a commis un boguey au septième trou, mais s’est repris avec un oiselet au trou suivant.

Il était rendu au 12e lorsque l’alarme s’est fait entendre. S’il veut rester dans le coup, il devra réaliser au moins un oiselet pour s’assurer une place pour les rondes du week-end.

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