Le décompte est amorcé. Dans un peu plus de 400 jours, le club de golf Royal Montréal sera l’hôte de la Coupe des Présidents. En réalité, le sablier s’écoule depuis quatre ans pour le comité organisateur et le véritable travail s’amorcera sous peu. Incursion dans l’un des clubs de golf les plus prestigieux d’Amérique du Nord.

La Presse a été invitée au Royal Montréal à un an de la tenue de l’un des évènements les plus attendus du PGA Tour, pour témoigner de l’avancement du travail amorcé en vue de la Coupe des Présidents 2024.

Dans le club-house, c’est comme si le temps s’était arrêté en 1873. À droite, dans une vitrine, les trophées et les plaques commémoratives des anciens présidents, professionnels et champions du club. À gauche, le salon, où le bois partage l’espace avec la brique, de grands tapis et du mobilier d’époque. L’environnement aurait pu servir de décor à une scène de la série The Crown.

Un temple qui sent l’histoire. Qui goûte le prestige. Et qui accueillera les meilleurs golfeurs au monde dans quelques mois.

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Le club-house du club de golf Royal Montréal

Dans l’une des salles de réception, Neil Macrae nous attendait en sirotant une boisson chaude dans une tasse de porcelaine. Sur la table reposait des couverts en argent, et Macrae, membre du club depuis 22 ans, portait un polo bleu au logo du Royal Montréal.

Ryan Hart, directeur général de la Coupe des Présidents, est arrivé un peu après avec le trophée du tournoi. Le même se retrouvant en plus petit sur son chandail.

C’est dans cette salle bordée de tableaux et de photos datant du siècle dernier que la discussion s’est entreprise.

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Ryan Hart, directeur général de la Coupe des Présidents, et Neil Macrae, membre du comité organisateur

« Nous entretenons une riche histoire, a d’abord précisé M. Macrae, membre du comité organisateur du tournoi. L’organisation d’un tel évènement est donc très importante pour nous. »

L’usage du « nous » a été employé pour désigner les membres. « Ils sont très impliqués, ils sont très fiers de voir leur terrain représenté ainsi. C’est bon pour la marque du club », poursuit Neil Macrae.

En 2020, la PGA a choisi le Royal Montréal pour accueillir cette compétition de type match play mettant aux prises les meilleurs joueurs américains et les meilleurs joueurs du reste du monde, sauf l’Europe.

Depuis, le comité organisateur travaille à faire honneur à l’importance du tournoi, mais aussi à la nature fondamentale du parcours.

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Le pont en pierres menant aux tertres de départ du 11e trou du Royal Montréal

Pour M. Hart, cela tient à quatre éléments centraux. D’abord, la fierté. « Est-ce qu’on met en place un évènement dont tout le monde pourra être fier ? », dit-il. Ensuite, l’histoire. « Comment construisons-nous le futur de la Coupe des Présidents en nous appuyant sur l’histoire du golf ? » Après, les amateurs. « Avons-nous assez de ressources autour du parcours pour divertir les amateurs ? » Puis le jeu. « Est-ce qu’on sert l’avancement du sport ? »

M. Macrae acquiesçait de la tête en entendant ces orientations. Comme les points cardinaux, elles allaient guider les organisateurs.

Au moins, ceux-ci savent sur quoi s’appuyer. « C’est une combinaison d’être l’un des clubs les plus iconiques en Amérique du Nord et de l’expérience de 2007 », ajoute le représentant de la PGA.

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Les États-Unis avaient remporté la Coupe des Présidents tenue au Royal Montréal en 2007.

Il y a 16 ans, la Coupe des Présidents avait été disputée sur les allées du Royal Montréal. Mike Weir avait notamment eu raison d’un Tiger Woods au sommet de son art. « C’était l’une des meilleures éditions que nous avons organisées », précise M. Hart.

Il y avait beaucoup de clubs candidats pour 2024, le nombre exact n’a pas été dévoilé, mais le Royal Montréal est « fait sur mesure pour le match play », maintient-il. En ce sens, le choisir aux dépens des autres candidats était un « no-brainer ».

Non seulement le terrain se prête bien au type de tournoi disputé, mais sa beauté, son élégance et son design demeurent ses principaux attributs. Surtout en septembre, lorsque les feuilles seront près d’obtenir leur diplôme et qu’elles prendront leurs couleurs automnales avant de tomber.

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Le vert du 17e trou du Royal Montréal

En visite

Au terme de l’entretien, messieurs Macrae et Ryan se sont dirigés vers l’extérieur pour permettre à notre photographe Robert Skinner de prendre quelques clichés du trophée pendant son passage à Montréal. Posé sur un muret en brique, juste au-dessous des armoiries du club, le précieux objet reflétait les rayons de soleil de cette parfaite journée d’été, ni trop chaude ni trop sombre, comme on en a eu peu cette saison.

M. Macrae a ensuite insisté pour nous faire monter à bord d’une voiturette à quatre places, question d’aller épier les allées de ce sanctuaire habituellement fermé au public.

« Les infrastructures que ça nécessite n’ont rien à voir avec 2007. C’est un autre monde. On commencera les travaux cet automne, donc 10 mois d’avance », explique-t-il.

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Fanion du club de golf Royal Montréal

C’est bon d’avoir autant de temps pour se préparer. On aura eu quatre ans. En 2007, on avait eu deux ans. C’est excitant, ça implique beaucoup de choses, mais on est surtout très confiants.

Neil Macrae, membre du comité organisateur de la Coupe des Présidents au Royal Montréal

La tenue d’un tel évènement nécessite des changements assez considérables. D’une part, quatre à cinq trous devront être allongés et amincis pour « accommoder les gros cogneurs d’aujourd’hui ». D’autre part, comme 32 000 personnes sont attendues quotidiennement sur le site, les organisateurs ont dû préparer suffisamment d’espace pour les accueillir, notamment en ce qui concerne la construction des gradins.

De trou en trou

Au fur et à mesure de la visite, même s’il a marché sur le site des milliers de fois, M. Macrae ne peut s’empêcher de sourire en pointant certains endroits devenus mythiques grâce au tournoi de 2007.

« C’est là que Woody Austin est tombé à l’eau, lance-t-il en identifiant du doigt l’étang au 14e trou. Le 14e a dû être le trou le plus photographié de 2007. Grâce à Austin, c’est devenu un trou iconique. »

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L’étang du 14e trou du Royal Montréal

Quelques allées plus tard, au 18e trou : « C’est ici que Tiger a mis sa balle à l’eau contre Weir le dimanche ! »

Selon M. Macrae, le trou signature demeure le 16e, en raison de son pont en pierres, de son vert en élévation vers la gauche et de ses fosses de sable intelligemment placées. Néanmoins, « la plupart des membres vous diraient que le trou le plus embêtant est le 14e, qui est une très courte normale 4. C’est toujours celui que les membres ont le plus hâte de jouer ».

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Le 16e trou du Royal Montréal

À ce 14e trou, des gradins seront construits à droite de l’allée et derrière le vert.

Comme au 13e trou. Une normale 3 en plongée qui sera entourée de gens assis avec une vue imprenable sur un vert accessible.

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Le 13e trou du Royal Montréal

Avant de partir pour la visite, M. Hart expliquait à quel point « les allées du neuf de retour, c’est un théâtre naturel de beauté ». Et il a été possible de le confirmer.

La qualité du terrain est exceptionnelle. Chaque allée est un chef-d’œuvre. Chaque vert est d’une splendeur déconcertante. Rien ne dépasse.

Tout est à sa place. À tel point qu’il serait effrayant d’y jouer par peur d’abîmer cette pelouse précisément entretenue. Le premier à avoir dit que l’herbe était toujours plus verte chez le voisin devait certainement résider à L’Île-Bizard.

Certes, affirmer que le Royal Montréal se refait une beauté peut paraître absurde, voire paradoxal, mais c’est bel et bien le cas.

Quelque 400 jours séparent les meilleurs golfeurs au monde du plus vieux club de golf d’Amérique. Là où la magie opère. Là où l’histoire s’écrit. Là où il faut aller pour y croire.