La 151édition de l’Omnium britannique ne restera certainement pas dans les annales du golf. Toutefois, pour Brian Harman, elle restera mémorable. L’Américain a enlevé les grands honneurs du dernier tournoi majeur de la saison, dimanche, avec un écart de six coups.

Si le nom de Brian Harman évoquait bien peu de choses pour certains amateurs de golf, celui-ci sera désormais présenté comme un gagnant de tournoi majeur. Malheureusement pour ces mêmes amateurs, ce tournoi n’aura pas été le plus enlevant.

D’une part, car le jeu préconisé par le gaucher n’a rien de spectaculaire ou de particulièrement divertissant. En même temps, avec une avance de cinq coups au départ de la dernière ronde, à peu près tous les joueurs présents au club de golf Royal Liverpool auraient usé d’une stratégie aussi conservatrice que celle employée par l’Américain. Il a remis une carte honnête, mais suffisante de - 1 (70) lors de la ronde finale, pour un pointage cumulatif de - 13 pour l’ensemble du tournoi.

D’autre part, la météo a complètement bousillé toute chance pour ses poursuivants de se démarquer et ainsi rejoindre Harman, seul au sommet d’une montagne glissante et abîmée, impossible à surmonter.

En fait, c’est un peu l’histoire de cette saison 2023 en tournois majeurs. Chacun des tournois a été victime des caprices de dame Nature. Évidemment, ça fait partie du jeu. Mais ça nuit drôlement au déroulement et aux conditions de tournois d’une telle ampleur.

Harman, lui, n’a jamais été intimidé, et les mauvaises conditions auront certainement joué en sa faveur. Aucun de ses poursuivants n’a fait mieux qu’un 67, de loin insuffisant pour le faire trembler au minimum.

« Ce parcours était un véritable test », a-t-il indiqué sous la pluie, en tenant le trophée, devant la foule trempée du 18e trou.

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Brian Harman

Entre son dernier roulé et son entrée dans le bureau des officiels, il n’a jamais lâché son fer droit. Il a marché de nombreuses minutes avec son bâton de prédilection en main.

Harman n’a été rien de moins qu’impeccable sur les verts. Ceux-ci étaient immenses, trempés et intimidants, mais ça avait l’air si simple pour le joueur de 36 ans.

« Les verts étaient parfaits. La qualité du terrain était excellente », a-t-il souligné.

Après un boguey au cinquième trou, il est revenu en force avec deux très longs oiselets. Idem sur le neuf de retour. À la suite d’une faute au 13e, il a répliqué avec deux oiselets, dont un depuis la bordure au 14e. À ce moment, son nom pouvait commencer à être gravé sur la Claret Jug.

Toute la ronde s’est déroulée dans une ambiance plutôt polie. À sa présentation sur le premier tertre, il fallait augmenter le volume de son téléviseur pour entendre les applaudissements. Pendant sa marche vers le 18vert, la foule s’est également retenue, même si finalement, elle s’est fait entendre. Non pas parce qu’il s’agissait de Harman, mais parce qu’il s’agissait du champion.

Entre les deux, presque aucun spectateur ne suivait la paire qu’il formait avec Cameron Young. Tout le monde n’en avait que pour Rory McIlroy, Tommy Fleetwood et Jon Rahm.

Depuis le début de la semaine, les amateurs critiquent la lenteur et la manie de Harman de se replacer des dizaines de fois au-dessus de sa balle avant de frapper.

Cette édition ne marquera pas l’imaginaire, et même si tous les triomphes sont historiques, celui-ci le sera un peu moins.

Faire fi de la pression

Il faut toutefois reconnaître à quel point Harman a été solide, surtout compte tenu de la qualité des golfeurs figurant dans le groupe des poursuivants.

Harman n’avait jamais remporté de titre majeur. Il avait seulement deux victoires en 335 tournois sur le circuit PGA Tour et sa dernière victoire remontait à 2017.

Derrière lui, Jason Day, Jon Rahm et Rory McIlroy étaient tous en quête d’un autre titre majeur. Et Harman n’a pas flanché.

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Rory McIlroy

Sa ronde de vendredi aura sans doute été la plus déterminante. Avec un score de 65, il s’était donné une priorité exceptionnellement confortable.

Il a ensuite creusé cet écart un peu plus chaque jour. Alors même si cinq joueurs se partageaient la deuxième position à - 6 lorsque le meneur est arrivé au neuvième trou, celui-ci avait tout de même une avance épatante de six coups.

Ce triomphe sans suspense n’est pas sans rappeler celui de Dustin Johnson au Tournoi des Maîtres en 2020.

Loin derrière

Dans quelques années, en regardant à nouveau le classement final, on pourrait se demander comment le 26joueur au classement mondial a fait pour s’en tirer, considérant la horde de golfeurs talentueux ayant été incapables de le rejoindre.

Derrière lui, Tom Kim, Sepp Straka, Day et Rahm ont tous fini à égalité au deuxième rang à - 7. Sans parler de McIlroy (- 6), Cameron Young (- 5) et Max Homa (- 4), tous membres du top 10 final. La compétition était féroce et Harman n’a jamais cassé. Il n’a même pas plié.

Dans le cas de McIlroy, il a remis une carte de 68 dimanche, au deuxième rang pour la ronde finale. Celui ayant entamé le tournoi avec le statut de favori termine dans le top 10 d’un tournoi majeur pour la troisième fois de suite. En 54 participations en carrière, il s’agit de son 28top 10.

Cependant, son jeu sur les verts a encore été trop aléatoire. En ronde finale, dimanche, il a raté autant de roulés que de fois où il est passé près de gagner un tournoi majeur. C’est-à-dire beaucoup trop.