(Rome) À seulement 23 ans, Ludvig Aberg a déjà marqué la longue histoire de la Coupe Ryder, dont l’édition 2023 débute vendredi près de Rome : le Suédois va disputer l’épreuve mythique de golf quelques semaines seulement après être passé professionnel, une précocité jamais vue jusque-là.

Il n’a pas encore disputé de tournoi du Grand Chelem et pointe au 80e rang mondial, mais Aberg est peut-être le joueur le plus attendu parmi les 24 qui participent à la 44e édition de la Coupe Ryder sur le parcours du Marco Simone Golf and Country Club.

« Si quelqu’un m’avait dit il y a seulement quelques mois que je serais ici pour jouer la Coupe Ryder, je ne l’aurais pas cru. C’est un rêve devenu réalité », a-t-il reconnu, encore incrédule, en conférence de presse mardi.

Le Suédois est un phénomène, « un talent comme on en trouve un par génération », a même assuré le capitaine de l’équipe européenne, Luke Donald.

L’Anglais, vétéran des campagnes 2004, 2006, 2010 et 2012, toutes remportées par l’Europe face aux États-Unis, n’a pas hésité à le sélectionner après avoir été alerté sur le potentiel d’Aberg dès janvier par l’Italien Edoardo Molinari.

Numéro 1 mondial amateur

« Il faut qu’on garde un œil sur lui », avait osé Molinari, l’un des vice-capitaines de l’équipe européenne, qui a joué les deux premiers tours du Hero Dubai Desert Classic à Dubaï dans la même partie que le Suédois.

Aberg est alors 3064e au classement mondial et de l’aveu même de Donald, « sa cote pour qu’il dispute la Coupe Ryder était vraiment très élevée ».

Mais le natif d’Eslov, dans le sud de la Suède, ne vient pas de nulle part.

PHOTO CARL RECINE, REUTERS

« Si quelqu’un m’avait dit il y a seulement quelques mois que je serais ici pour jouer la Coupe Ryder, je ne l’aurais pas cru. C’est un rêve devenu réalité », a reconnu le Suédois Ludvig Aberg, en conférence de presse mardi.

Parti aux États-Unis jouer sous les couleurs de Texas Tech, Aberg (1,91 m, 86 kg) a été élu meilleur joueur universitaire deux années de suite en 2022 et 2023 et a fini sa carrière amateur avec le statut de numéro 1 mondial, comme avant lui l’Espagnol Jon Rahm, l’un des atouts majeurs de l’équipe européenne à Rome.

Mais ce sont ses premiers pas sur les circuits professionnels nord-américain (PGA) et surtout européen (DP World Tour) qui lui ont valu sa sélection, notamment sa 4e place dans le Masters tchèque fin août et sa victoire dans le Masters européen début septembre, au détriment de joueurs plus établis comme le Français Victor Perez.

« J’ai juste essayé de bien jouer […] Ce que j’ai vécu ces derniers mois est très fort, mais aussi très cool, j’essaie d’en profiter au maximum », a insisté Aberg, passé pro en juin et aussitôt dragué, sans succès, par le circuit dissident LIV.

Une glace pour un parcours

Sa légende naissante veut qu’adolescent, le jeune Suédois n’était pas plus intéressé que cela par le golf et que son père devait lui promettre une glace pour le convaincre de finir ses parcours d’entraînement.

La passion d’Aberg a longtemps été le football et c’est sur le pittoresque parcours du Marco Simone, sans aucun rapport avec l’ancien attaquant italien de l’AC Milan et du Paris SG, dans une ambiance de stade de foot, qu’il va tenter d’offrir la Coupe Ryder à l’Europe, deux ans après la victoire sans appel des États-Unis (19 à 9) à Whistling Straits, dans le Wisconsin.

Il en faut plus pour perturber le phénomène qui sera entouré de 5000 spectateurs survoltés lorsqu’il se présentera sur le trou numéro 1 jeudi.

« J’aimerais dire que je ne suis jamais nerveux, mais toute personne qui joue au golf doit faire avec ce stress », a-t-il confié.

Mais ses coéquipiers, l’ex-numéro 1 mondial Rory McIlroy en tête (« Ses frappes de balle sont incroyables »), ne doutent pas une seconde qu’il répondra présent.

« Avec Ludvig, il n’y a jamais de trop hauts et de trop bas, il est très équilibré. Il va montrer cette semaine qu’il est avec ses clubs », a prévenu Luke Donald.