Puis, votre saison de golf ?

Mouillée, humide, trempée ? Le calvaire des golfeurs québécois a duré du début à la fin.

À Montréal et à Québec, l’été 2023 a battu des records de précipitations. Dans la métropole, il n’était pas tombé autant de pluie depuis 1980. Et jamais autant depuis 1992 dans la capitale.

Plusieurs joueurs ont dû faire un détour chez leurs manufacturiers traitants pour se procurer des chaussures imperméables. Même pour ceux voulant à tout prix éviter la rosée, l’été a pris tout le monde au dépourvu. Combien de fois la tête de votre bâton a-t-elle creusé le sol avant d’entrer en contact avec la balle même si vous aviez à peine frôlé la pelouse ?

Rassurez-vous, vous n’êtes pas seul.

Dans la plupart des clubs, toutefois, les employés et les responsables ont effectué un travail colossal pour maintenir les terrains en bon état. Mais parfois, il faut s’avouer vaincu devant dame Nature. Les quelques journées où la chaleur et le soleil se sont imposés de manière fortuite ont été un soulagement. Mais elles ont été trop peu nombreuses.

La première neige étant tombée, on peut maintenant parler de la saison 2023 au passé. Même si certains clubs ou champs de pratiques resteront ouverts jusqu’à ce que cette neige s’installe pour de bon.

Or, chez les professionnels, la roue continue de tourner.

La renaissance de Morikawa

Presque invisible depuis deux ans, Collin Morikawa a rappelé à ses détracteurs, et ils étaient nombreux, qu’il avait toujours la touche.

L’Américain de 26 ans a remporté il y a deux semaines le Championnat Zozo, au Japon. Celui-là même où Tiger Woods était parvenu à égaler le record de 82 victoires de Sam Snead, en 2020.

Morikawa est encore loin du compte, avec six gains en carrière. Mais il peut tout de même se réjouir, ou souffler quelque peu. Ce titre était son premier depuis celui acquis brillamment à l’Omnium britannique en 2021. Une disette de plusieurs mois impossible à prédire au moment de son sacre au Royal St. George.

PHOTO TOMOHIRO OHSUMI, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Collin Morikawa sur le vert du Narashino Country Club, près de Tokyo, au Japon

À ce moment, il était au sommet de son art. Et il était toujours dans sa lune de miel. Rarement dans les dernières années avait-on vu un jeune joueur aussi complet et aussi mature. Que ce soit dans sa touche de balle, son élan et sa manière de gérer ses rondes.

Morikawa épatait notamment grâce à son jeu de fers. Il donnait souvent l’impression de jouer aux fléchettes plus qu’au golf tellement ses coups d’approche étaient précis.

Il était considéré comme l’avenir du golf. Et en quelque sorte l’héritier de Tiger Woods.

Un temps deuxième joueur au classement mondial, Morikawa a ralenti. Mais son égarement s’explique aussi par l’essor de certains de ses rivaux. Scottie Scheffler, Viktor Hovland, Matt Fitzpatrick et Will Zalatoris, notamment, ont pris d’assaut le PGA Tour.

Pendant ce temps, Morikawa a été incapable de rester dans la lumière.

Toutefois, en s’attardant à son rendement des dernières années, et surtout celui de la présente saison, il est difficile de blâmer l’ancien étudiant de l’Université de la Californie.

Il a disputé huit tournois majeurs depuis son titre en Angleterre, et deux fois il a terminé cinquième, au Tournoi des Maîtres et à l’Omnium américain en 2022, et une fois dixième au Tournoi des Maîtres cette année.

Avant sa victoire au Championnat Zozo, il avait réussi à se faufiler sept fois dans le top 10 en 24 tournois en 2023, dont deux fois en terminant juste derrière le gagnant.

L’illusion

Le cas de Morikawa est particulier, car les attentes sont extrêmement élevées à son égard. Principalement parce qu’il est arrivé avec tellement d’aplomb pendant la pandémie. Peu de joueurs aussi jeunes étaient parvenus à établir des standards aussi élevés en début de carrière.

Mais comme au tennis, par exemple, il est normal et prévisible de voir certains athlètes connaître une baisse de régime, très tôt, après avoir atteint les plus hauts sommets de manière précoce.

Morikawa occupe le 12e rang mondial. Au sein du top 10, seul Viktor Hovland est son cadet de quelques mois seulement. Et la moitié des joueurs ont plus de 30 ans.

À 26 ans, Morikawa a le droit d’être patient. Il a aussi le droit d’apprendre et de se parfaire. Le golf est un sport dans lequel la renommée s’établit sur la durée.

Les apparences sont souvent trompeuses. Et elles le sont dans son cas.

La manière dont il est allé chercher son plus récent titre prouve largement qu’il est encore motivé à gagner.

En ramenant une carte de - 7 lors de la ronde finale, l’Américain a éclipsé toute concurence. Impossible de cerner une faille apparente dans son jeu lors de ces 18 trous.

Oui, il y a encore du golf en automne, et même si les feuilles tombent, Collin Morikawa s’élève. Et ce déblocage est de bon augure pour la prochaine saison.